بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, rien n’est tel que Lui et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent. Que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle soient accordées à notre maître Mouḥammad Al-’Amîn, l’Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l’islam la religion de tous les Prophètes du premier ‘Adam au dernier Mouḥammad.
Les fondateurs des 4 écoles (madh-hab) de jurisprudence islamique, à savoir ‘Abôu Hanîfah, Mâlik, Ach-Châfi`iyy et AHmad Ibnou Hanbal sont tous sur la même croyance: celle du Prophète et de ses compagnons. Ils croient tous les quatre en l’existence de Dieu sans endroit sans comment et sans direction. Ainsi ils sont unanimes sur le fait qu’attribuer une direction à Dieu est de la mécréance. Et ce, tout comme l’a rapporté Ibnou Hajar Al-Haytamiyy dans son livre “al-Minhâjou l-Qawîm” p.224:
« واعلم أنّ القرافيّ وغيره حكوا عن الشّافعيّ ومالكٍ وأحمد وأبي حنيفة رضي الله عنهم القول بكفر القائلين بالجهة والتّجسيم وهم حقيقون بذلك »
(wa`lam ‘anna l-Qarâfiyya wa ghayrouhou Hakaw `ani ch-Châfi`iyyi wa Mâlik wa ‘AHmad wa Abî Hanîfata raDia l-Lâhou `anhoum ‘al-qawla bikoufri l-qâ’ilîna bi l-jihati wa t-tajsîmi wa houm Haqîqôuna bidhâlik)
ce qui signifie: « Sachez que Al-Qarâfiyy et d’autres ont rapporté de Ach-Châfi`iyy, Mâlik, ‘AHmad et ‘Abôu Hanîfah, que Dieu les agrée, que ceux qui disent [à propos de Dieu] qu’Il est dans une direction ou qu’Il est un corps ont commis de la mécréance, et ils [ces savants] avaient raison de le dire. »
Quant aux définitions de la croyance et de la mécréance, il n’y a pas de divergence entre eux. En effet, ces quatre Imams étaient musulmans et tous les musulmans ont la même croyance, ils ne divergent pas en cela.
Les madh-hab sont des écoles de jurisprudence. Les divergences concernent donc les lois d’application comme l’obligation du tachahhoud dans la prière, les conditions de la purification des impuretés canines… Il y avait beaucoup plus d’écoles à la base mais seules quatre sont encore pratiquées de nos jours.
Les moujtahid fondateurs de madh-hab ne se sont pas critiqués mutuellement, au contraire l’imam Ach-Châfi`iyy était un élève de l’imam Mâlik et il a fait son éloge. Ainsi l’Imam Ach-Châfi`iyy, que Allāh l’agrée, a dit de lui: « Lorsque les savants sont cités, Mâlik est comme une étoile parmi eux » et l’Imam ‘AHmad Ibnou Hanbal était un élève de l’Imam Ach-Châfi`iyy et il a dit de lui: « C’est une grâce que Allāh nous a accordée. J’ai pu profiter de son assemblée durant des jours et des nuits ; je n’ai remarqué en lui que du bien, que Allāh lui fasse miséricorde ! »
Par ailleurs, les divergences dans la jurisprudence représentent une facilité pour les croyants. C’est un bienfait pour nous. Ainsi, le musulman du commun, n’étant pas moujtahid lui même peut suivre n’importe quelle école.
Les savants de l’Islam ont plusieurs degrés.
Le moujtahid a la qualification pour déduire des lois à partir du Qour’ân et du ḥadīth.
C’était le degré de Ach-Châfi`iyy, Mâlik, ‘AHmad Ibnou Hanbal, ‘Abôu Hanîfah et d’autres encore ; ils étaient moujtahid absolus (mouTlaq).
Il y a aussi des moujtahid restreints au madh-hab (mouqayyad), comme l’imam des deux Haram (La Mecque et Médine), Al-Jouwayniyy, Al-KhaTTâbiyy, ‘Ibnou Daqîqî l-`Id et Al-Halîmiyy parmi d’autres. Le moujtahid restreint au madh-hab est quelqu’un qui a atteint le degré de ‘al-ijtihâd ‘al-mouTlaq, mais son ‘ijtihâd étant conforme à celui d’un Imam fondateur d’école, il s’est limité à son école.
En dessous du degré du Moujtahid, il y a celui des savants appelés ‘aS-Hâbou l-woujôuh, tel que Al-Boulqîniyy de l’école chafiite, mort en 805 de l’Hégire. ‘aS-Hâbou l-woujôuh sont ceux qui déduisent des avis de jurisprudence dans une école à partir des textes de l’Imam qui a fondé l’école.
Le degré en dessous est ‘ahlou t-tarjîH, tel que An-Nawawiyy de l’école chafiite. Leur rôle est de faire prévaloir un des avis de ‘aS-Habou l-woujôuh dans l’école sur un autre, en précisant que cet avis a plus d’arguments (preuves textuelles du Qour’ân et du ḥadīth) que l’autre.
Et le dernier degré est celui de ‘an-naqalah tel que AHmad Ibnou Hajar Al-Haytamiyy de l’école chafiite. Leur rôle est de transmettre les différents avis présents dans l’école.
L’Imam moujtahid ‘Abôu Hanîfah est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite. Il était moujtahid absolu (mouTlaq) apte à déduire les lois à partir du Qour’ân et de la Sounnah (ḥadīth). Il a énormément insisté sur la propagation de la croyance en l’existence de Dieu sans endroit et sans comment auprès des gens. Il a dit entre autres: « Dieu existait et il n’y avait pas d’endroit, Il existait avant de créer les créatures, Il existait il n’y avait pas d’endroit ni créatures ni aucune chose et Il est le créateur de toute chose. »
Il est ‘Abôu Hanîfah An-Nou`mân fils de Thâbit. Le grand savant historien Ibnou Khillikân a dit: « ‘Abôu Hanîfah An-Nou`mân est le fils de Thâbit fils de ZôuTâ fils de Mâh, il est le spécialiste de jurisprudence originaire de la ville de Kôufa [en Irak]. » Il a été dit dans sa lignée également qu’il est An-Nou`mân fils de Thâbit fils de An-Nou`mân fils de Al-Mourzoubân. Il est né en l’an 80 de l’Hégire et il est mort en l’an 150 de l’Hégire.
Il a pu rencontrer six hommes parmi les compagnons et a rapporté d’eux les ḥadīths. Ce sont:
Il a appris la science de la jurisprudence auprès de Hammâd Ibnou ‘Abî Soulaymân. Il a également entendu de `ATâ’ Ibnou ‘Abî RabâH, ‘Abôu Is-Hâq As-Sabî`iyy, MouHârib Ibnou Dathâr et Al-Haytham Ibnou Habîb AS-Sawwâf ainsi que Mouḥammad Ibnou l-Mounkadir et Nâfi`. Il a aussi rapporté de ‘Abôu Ja`far Mouḥammad Ibnou `Aliyy Ibnou l-Houçayn Ibnou `Aliyy Ibnou ‘Abî Tâlib, de Abou l-Haçan Zayd Ibnou l-Houçayn que Allāh les agrée et de ‘Abôu Bakr AZ-Zouhriyy.
Quant à ses chaykh parmi les tâbi`îyy (les successeurs des compagnons) qui lui ont transmis le ḥadīth, ils sont de l’ordre de 200.
L’Imam moujtahid ‘Abôu Hanîfah a appris la science de la religion très jeune. Ensuite, il s’est occupé d’enseigner et de donner des avis de jurisprudence. Il a atteint le degré de moujtahid, il est donc devenu apte à extraire des lois à partir du Qour’ân et du ḥadīth. ‘Abôu Hanîfah est l’un des savants du Salaf (trois premiers siècles) les plus réputés, et il est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite (ou hanéfite). Cette école est aujourd’hui majoritairement suivie en Turquie et en Asie centrale (Pakistan, Afghanistan, Ouzbékistan, …). Toutefois, les Ottomans ayant veillé à diffuser cette école, on la retrouve également en Syrie, au Liban, en Égypte, en Palestine, en Jordanie et même en Tunisie.
‘Abôu Hanîfah a eu de nombreux élèves. Les plus réputés d’entre eux étaient ‘Abôu Yôuçouf Al-QâDî et Mouḥammad Ibnou l-Haçan Ach-Chaybâniyy. Ont aussi été ses élèves `Oubaydou l-Lâh Ibnou l-Moubârak, Wakî` et beaucoup d’autres encore.
Les spécialistes de l’histoire des biographies attribuent à l’Imam ‘Abôu Hanîfah de nombreux évènements indiquant son intelligence et sa grande perspicacité.
L’Imam moujtahid ‘Abôu Hanîfah que Allāh l’agrée, n’aurait pas eu tant de science ni cette formidable capacité de donner des arguments s’il n’avait pas été extrêmement perspicace et s’il n’avait pas une capacité de mémorisation exceptionnelle. En effet, il a été confirmé à son sujet une multitude de choses étonnantes et surprenantes aussi bien dans le QaDâ’ c’est-à-dire lorsqu’il prononçait les sentences entre les parties adverses, que dans la jurisprudence, ce qui témoigne de son haut degré et de son intelligence.
Parmi cela, il a été rapporté qu’un homme était venu à lui. Il lui a dit: « Imam, j’ai enterré de l’argent il y a longtemps mais j’ai oublié l’endroit où je l’ai enterré. »
C’est alors que l’Imam lui a dit « Va et passe toute la nuit en prières jusqu’au matin, tu te rappelleras si Allāh le veut où tu as enterré cet argent. » L’homme a fait ce qu’il lui avait dit et avant même que ne s’écoule le premier quart de la nuit, il s’est souvenu de l’endroit où il avait enterré son argent. Il est alors parti voir l’Imam ‘Abôu Hanîfah et lui a raconté cela. ‘Abôu Hanîfah lui a dit: « Je savais que le chayṭān (le diable) ne te laisserait pas passer toute la nuit à faire des prières. Maintenant, passe le restant de la nuit en prières pour remercier Allāh. »
L’Imam ‘Abôu Hanîfah, que Allāh l’agrée, était un homme ascète qui avait la crainte de Allāh, qui était pieux, qui faisait preuve de beaucoup d’humilité à l’égard de Allāh et qui invoquait souvent Allāh ta`ālā. Ibnou Khillikân a rapporté dans son livre “Wafayâtou l-‘A`yân” d’après ‘Asad fils de `Amr qu’il a dit: « ‘Abôu Hanîfah a accompli la prière de al-fajr avec les petites ablutions (al-wouḍoū’) de la prière de al-`ichâ’ pendant 40 ans et la plupart des nuits, il récitait tout le Qour’ân dans un seul cycle de prière (rak`ah). Et ses voisins l’entendaient pleurer pendant la nuit au point de compatir avec lui. On a rapporté qu’il a récité 7000 fois le Qour’ân du début jusqu’à la fin dans l’endroit où il est mort. »
Yazîd Ibnou l-Koumayt a dit: « ‘Abôu Hanîfah était de ceux qui avait la crainte de Allāh dans leur cœur. » Il raconte « Un soir, `Aliyy Ibnou l-Houçayn, a récité durant la prière de al-`ichâ’ sôurat AZ-ZalZalah alors qu’Abôu Hanîfah était derrière lui dans l’assemblée de prière. Lorsqu’il termina la prière et que les gens étaient partis, j’ai dirigé mon regard vers ‘Abôu Hanîfah et il était encore assis, il méditait et il soupirait. Lorsque je suis sorti, j’ai laissé la chandelle contenant un tout petit peu d’huile. Elle était proche de l’extinction. Je suis revenu après la levée de l’aube et ‘Abôu Hanîfah était debout. Il tenait sa barbe et disait: “Ô Toi Qui rétribue pour un grain de bien par du bien, et Toi Qui rétribue pour un grain de mal par du mal, évite à ton esclave An-Nou`mân le feu de l’enfer et le mal qui rapproche du feu de l’enfer et accorde lui une part dans Ta large miséricorde.” Yazîd a dit: “J’ai fait l’appel à la prière et la chandelle était toujours allumée.” [C’est-à-dire que la veille il l’avait laissée proche de l’extinction et le lendemain, elle brillait plus intensément.] Lorsque je suis entré, il m’a dit: “garde pour toi ce que tu as vu ! ” [En effet, ceci était un prodige que Allāh a accordé à l’imam ‘Abôu Hanîfah et il ne voulait pas être dévoilé.] Et il a accompli 2 rak`ah [c’est-à-dire une prière surérogatoire de 2 cycles], puis il s’est assis jusqu’à ce que je fasse l’appel à la prière. Il s’est levé et a fait la prière avec nous, la prière du matin avec le wouḍoū’ du début de la nuit. »
‘Abôu Yôuçouf al-QâDî, que Allāh lui fasse miséricorde, a grandi orphelin [dans la loi de l’Islam, l’orphelin est l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de la puberté et dont le père est décédé] et il a été le compagnon de ‘Abôu Hanîfah, il a appris auprès de lui. Il a demeuré longtemps auprès d’Abôu Hanîfah. Et il ne s’était pas occupé d’apprendre un métier grâce auquel il pourrait vivre.
C’est alors que la mère de ‘Abôu Yôuçouf est venue auprès de ‘Abôu Hanîfah et s’est plainte de cela en le blâmant. Elle a dit: « Il est la prunelle de mes yeux. »
‘Abôu Hanîfah a répondu à la mère de ‘Abôu Yôuçouf: « Réjouis ton cœur, il est en train d’apprendre comment manger al-fâlôudhaj [c’est une sorte de plat sucré très raffiné] avec l’huile de pistache. »
En effet, lorsqu’il a grandi, il est devenu le QâDî des QâDî et il mangeait auprès de Hârôun Ar-Rachîd qui était l’Émir des musulmans.
On avait rapporté à Ar-Rachid cet événement, il a alors dit: « ‘Abôu Hanîfah voit grâce à une lumière que Allāh lui accorde », c’est-à-dire qu’il a eu un kachf, un dévoilement de la part de Allāh.
‘Abôu Hanîfah était la référence des savants sunnites (les savants de ‘Ahlou s-Sounnah), le plus réputé d’entre eux pour répliquer aux gens égarés et aux sectes se réclamant de l’Islam et plus particulièrement les mou`tazilah.
L’Imam ‘Abôu Hanîfah, que Dieu (Allāh) l’agrée, était un moujtahid absolu, qui avait une forte capacité de riposte et d’argumentation. A son époque, il était le défenseur de la sounnah contre l’égarement des mou`tazilah. Il s’agit d’une secte se réclamant de l’Islam, qui ont contredit la croyance du prophète. Une à une, il avait recherché leurs assemblées dans le pays pour débattre avec eux et leur répliquer. A chaque rencontre, il leur donnait l’argument décisif qui les faisait taire. Son haut degré dans la science de Al-Kalâm (la science du tawḥīd: l’unicité de Dieu) était tel qu’il était la référence auprès des gens.
La science de Al-Kalâm est la science du tawḥīd à savoir la science de la croyance de l’unicité. Cette science qui se rapporte à la connaissance de ce qui est obligatoire parmi les Attributs au sujet de Allāh, de ce qui est impossible à Son sujet parmi les attributs, est une science louable. L’imam ‘Abôu Hanîfah était parmi les gens de son époque, celui qui s’en préoccupait le plus. Sa maîtrise de cette science était son arme réputée contre les gens égarés et les sectes se réclamant de l’Islam, et plus particulièrement les mou`tazilah. En effet, il les avait suivis pour les dénoncer à travers le pays. Il avait montré l’infondé de leur prétention et révélé leurs supercheries. En plus de tout cela, ses deux livres “Al-Fiqhou l-‘Akbar” et “Al-Fiqhou l-‘AbsaT” sont une preuve claire qu’il maîtrisait la science de Al-Kalâm par le biais des preuves selon la raison et selon les textes qu’il avait réunis sur des questions concernant la science de Al-Kalâm (la science du tawḥīd: l’unicité de Dieu) conformément à la voie sunnite, la voie de ‘Ahlou s-Sounnah wa l-jamâ`ah.
L’auteur du livre At-TabSiratou l-Baghdâdiyyah a rapporté de l’imam ‘Abôu `Abdi l-Lâh AS-Saymariyy que l’imam ‘Abôu Hanîfah était le spécialiste de la science de Al-Kalâm (la science du tawḥīd: l’unicité de Dieu) de cette communauté dans son époque ainsi que le spécialiste de référence dans la jurisprudence, c’est-à-dire dans le licite et l’interdit.
Al-KhaTîb al-baghdâdiyy a rapporté dans son livre sur l’Histoire de Bagdad “Târîkh Baghdâd” d’après Harmalah Ibnou Yaḥyâ d’après Ach-Châfi`iyy qu’il a dit: « Celui qui veut approfondir ses connaissances dans la jurisprudence sera comme un enfant par rapport à ‘Abôu Hanîfah. »
Il a été rapporté également de Ach-Châfi`iyy qu’il a dit à Mâlik que Allah l’agrée : « Est-ce que tu as rencontré l’Imam ‘Abôu Hanîfah ? » Il a dit : « Oui, j’ai vu un homme, s’il te disait qu’il transformerait ce pilier en or, par la puissance de ses arguments, il saurait t’en convaincre alors que ce n’est qu’un pilier en pierre. » C’est une métaphore en arabe qui montre la force de ses démonstrations et cela ne veut pas dire qu’il mentirait.
Al-KhaTîb al-baghdâdiyy a également dit dans “Târîkh Baghdâd” que ‘Abôu Hanîfah a vu dans le rêve comme s’il creusait la tombe du Messager de Allāh. Il a fait interroger Ibnou Sîrîn au sujet de ce rêve. Ibnou Sîrîn est un savant et saint à qui Dieu a donné la science de l’interprétation des rêves. Il a dit: « Celui qui a vu ce rêve va faire jaillir une science dans laquelle personne ne l’a précédée. »
‘Abôu Hanîfah qui a fondé une grande école de jurisprudence, était sur la même croyance que le Prophète. Il croyait en l’existence de Dieu (Allāh) sans endroit, sans comment, sans aucune ressemblance aux créatures. Et il a œuvré pour propager et défendre cette croyance.
‘Abôu Hanîfah était sur la croyance du Prophète et de ses compagnons honorables, que Allāh les agrée. Il a en effet rencontré certains d’entre eux et ils lui ont transmis la science. Il était comme les autres Imams du Salaf qui étaient sur la croyance du tawḥīd de l’exemption de Allāh de tout ressemblant, du corps et de l’endroit.
Pour preuve, ce qui a été rapporté dans son livre “Al-Fiqhou l-‘AbsaT” lorsqu’il a dit:
« كانَ اللهُ ولا مكان، كانَ قبلَ أن يَخْلُقَ الخلق كانَ ولم يكن أينٌ ولا خَلقٌ ولا شئ وهو خالقُ كل شىء »
(kâna l-Lâhou wa lâ makân, kâna qabla ‘an yakhlouqa l-khalq, kâna wa lam yakoun ‘aynoun wa lâ khalqoun wa lâ chay’, wa houwa khâliqou koulli chay’)
ce qui signifie: « Allāh est de toute éternité et il n’y a pas d’endroit de toute éternité. Allāh existe de toute éternité et il n’y a pas de créature de toute éternité. Il existe de toute éternité et il n’y a pas de “où” [c’est-à-dire d’endroit] de toute éternité ni de créatures, ni quoi que ce soit d’autre et Il est le Créateur de toute chose. »
L’Imam ‘Abôu Hanîfah a composé 5 livres concernant la science du tawḥīd qui constituent encore une référence de nos jours: “al-Fiqhou l-‘Akbar”, “al-Fiqhou l-‘AbsaT”, “ar-Risâlah”, “al-`âlim wa l-Mouta`allim” et “al-WaSiyyah”.
Parmi les paroles précieuses que l’imam ‘Abôu Hanîfah a dites au sujet de l’exemption de Allāh ta`ālā de toutes caractéristiques des corps, il y a sa parole dans son livre “Al-Fiqhou l-‘Akbar”:
« وهو شىءٌ لا كالأشياءِ، ومعنى الشىءِ إثباتُهُ بلا جسمٍ ولا جوهرٍ ولا عَرَضٍ، ولا حدَّ لهُ، ولا ضدَّ لهُ، ولا ندَّ له، ولا مِثلَ لهُ »
(wa houwa chay’oun lâ kal-‘achyâ’ wa ma`na ch-chay’ ‘ithbâtouhou bilâ jismin wa lâ jawharin wa lâ `araDin wa lâ Hadda lah wa lâ Didda lah wa lâ nidda lah wa lâ mithla lah)
ce qui signifie: « Il [Dieu] existe mais pas comme tout ce qui existe. C’est-à-dire qu’Il n’est pas un corps, ni une caractéristique d’un corps. Il est exempt de la limite. Il est exempt de l’opposé. Il est exempt du semblable et du ressemblant. »
Il a également dit:
« أنىَّ يشبه الخالق مخلوقه »
(‘annâ youchbihou l-khâliqou makhlôuqah)
ce qui signifie: « Il est impossible que le Créateur ait une ressemblance avec ce qu’Il crée. »
Il a dit également, que Allāh l’agrée, dans son livre “Al-Fiqhou l-‘AbsaT”:
« من قال لا أعرف ربي في السماء أو في الأرض فقد كفر »
(man qâla lâ ‘a`rifou rabbî fi s-samâ’i ‘aw fi-l-‘arḍ faqad kafar)
ce qui signifie: « Celui qui dit : “Je ne sais pas si mon Seigneur est au ciel ou sur terre est devenu non-croyant.” » Ainsi, celui qui attribue à Allāh la localisation et l’endroit en disant: « Je ne sais pas si Son endroit est le ciel ou la terre » n’est pas musulman.
L’imam ‘Abôu Hanîfah a dit:
« وَالله وَاحِدٌ لاَ مِنْ طَرِيقِ الْعَدَدِ وَلَكِنْ مِنْ طَرِيقِ أَنَّهُ لا شَرِيك لَهُ »
(wa l-Lâhou wâHidoun lâ min Tarîqi l-`adad wa lâkin min Tarîqi ‘annahou lâ charîka lah)
ce qui signifie: « Dieu est unique, non pas dans le sens numérique mais dans le sens qu’Il n’a pas d’associé. »
‘Abôu Hanîfah était de ceux qui exemptaient Allāh de la voix, des lettres et de la langue. Il a en effet précisé que la parole de Allāh qui est Son attribut propre de toute éternité exempt de début et de fin n’est pas composée de lettres, et ce n’est pas une voix. Il a dit dans son livre “Al-Fiqhou l-‘absaT” ce qui suit:
« وَالله يَتَكَلَّمُ بِكَلاَمٍ لاَ يُشْبِهُ كَلاَمَنَا نَحْنُ نَتَكَلَّمُ بِالآلاَتِ مِنَ المخَارِجِ وَالحُرُوفِ وَالله مُتَكَلِّمٌ بِلاَ آلَةٍ وَلاَ حَرْفٍ »
(wa l-Lâhou yatakallamou bikalâmin lâ youchbihou kalâmanâ naḥnou natakallamou bil-‘âlâti mina makhâriji wa l-Hourôufi wa l-Lâhou moutakallimoun bilâ ‘âlatin wa la Harf )
Cela signifie: « Dieu parle d’une parole qui n’est pas comme la nôtre, nous parlons par le moyen d’organes à partir de points de prononciation et de lettres mais Dieu parle sans organe ni lettre. » Ses attributs ne sont pas crées, ni entrés en existence. Le changement et la modification des états ont lieu pour les créatures et celui qui prétend que les attributs de Allāh sont entrés en existence, qu’ils sont crées ou qui s’abstient, qui ne veut pas se prononcer ou qui doute, n’est pas musulman.
L’imam de l’école hanafite qui est l’un des savants du Salaf les plus réputés a dit:
« والله تعالى يُرى في الآخرة، ويراه الـمؤمنون وهم في الجنة بأعين رُؤُوسهم بلا تشبيه ولا كميّة ولا يكون بينه وبين خلقه مسافة »
(wa l-Lâhou ta`ālā yourâ fi l-‘âkhirah, wa yarâhou l-mou’minôuna wa houm fi l-jannah bi ’a`youni rou’ôucihim bilâ tachbîhin wa lâ kammiyyah wa lâ yakôunou baynahou wa bayna khalqihi maçâfah)
ce qui signifie: « Allāh ta`ālā sera vu dans l’au-delà, les croyants le verront alors qu’ils seront eux au Paradis, avec les yeux de leur tête, sans aucune ressemblance ni aucune forme, et il n’y aura pas de distance entre Lui et Ses créatures. » Il a cité cela dans son livre “Al-Fiqhou l-‘Akbar”.
Il a dit également dans son livre “Al-WaSiyyah” p 4:
« ولقاء الله تعالى لأهل الجنة بلا كيف ولا تشبيه ولا جهة حق »
(wa liqâ’ou l-Lâhi ta`âla li’ahli l-jannati bilâ kayfin wa lâ tachbîhin wa lâ jihatin Haqq)
ce qui signifie: « La vue de Allāh par les gens du Paradis sans comment, sans ressemblance et sans direction est une vérité. »
On trouve dans le Qour’ân des versets explicites et des versets équivoques. Certains savants tels que ‘Abôu Hanîfah ont interprété les versets équivoques, ils leur ont donné un sens conforme à la Sounnah et aux versets clairs.
L’imam ‘Abôu Hanîfah fait partie des successeurs, né en 80 il est mort en 150 de l’Hégire et fait donc partie du Salaf dont le Prophète a fait l’éloge. Il a eu l’immense honneur de voir les compagnons, des gens qui avaient vu et vécu avec notre Prophète bien-aimé, Mouḥammad fils de `Abdou l-Lâh.
Dans le Qour’ân honoré figurent :
– des versets explicites: ce sont les versets qui n’admettent qu’un seul sens du point de vue de la langue, ou encore ceux dont le sens qui est visé a été clairement connu. C’est le cas de la parole de Dieu:
« لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْء »
(layça kamithlihî chay’)
ce qui signifie: « absolument rien ne ressemble à Allāh » [sôurat Ach-Chôurâ / 11]
– et des versets équivoques: ce qui n’est pas explicite, c’est ce dont le sens n’a pas été clairement connu ou ce qui admet plusieurs sens du point de vue de la langue arabe, et qui nécessite donc une exégèse pour lui donner le sens qui est en conformité avec les ‘âyah explicites. C’est le cas de la parole de Dieu:
« الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى »
(Ar-Raḥmānou `ala l-`archi stawâ) [sôurat Tâhâ / 5]
Les savants sunnites ont dit que istawâ ici veut dire dominer et maintenir en existence, c’est-à-dire que Dieu domine le trône et le maintient en existence. Il n’est pas permis de dire que Dieu s’assoit ou s’établit, ceci n’est pas digne de Dieu et celui qui attribut cela à Dieu n’est pas musulman.
Les savants tels que ‘Abôu Hanîfah ont interprété les versets équivoques, ils leur ont donné un sens conforme à la Sounnah et aux versets clairs.
Ainsi, l’imam ‘Abôu Hanîfah est dans la lignée des savants du Salaf, qui, comme l’ont dit an-Nawawiyy et d’autres préféraient ne pas interpréter en détail mais ils interprétaient globalement, en disant « sans comment » et c’est exactement ce que ‘Abôu Hanîfah a fait. Il a dit clairement que les attributs de Dieu sont « sans comment » ce qui est totalement différent du fait de dire « on ne sait pas comment. »
L’imam ‘Abôu Hanîfah a dit dans le livre “Al-WaSiyyah”:
« نُقِرُّ بأنَّ اللهَ على العرشِ استوى من غيرِ أن يكونَ له حاجةٌ إليه واستقرار عليه وهو الحافظُ للعرش وغيرِ العرش منْ غيرِ احتياج، فلو كان محتاجا لما قَدَرَ على إيجادِ العالم وتدبيرِه كالمخلوق ولو كان محتاجا إلى الجلوس والقرار فقبل خلقِ العرشِ أين كان الله تعالى ! تعالى الله عن ذلك علوًا كبيرا »
(Nouqirrou bi’anna l-Lâha `ala l-`archi stawâ min ghayri ‘an yakôuna lâhou Hâjatoun ‘ilayhi wa stiqrâroun `alayhi wa houwa l-ḥâfiḍhou lil-`archi wa ghayri l-`archi min ghayri Htiyâjin falaw kâna mouHtâjan lamâ qadara `alâ ‘îjâdi l-`âlami wa tadbîrihi kal-makhlôuqi wa law kâna mouHtâjan ‘ila l-joulôuci wa l-qarâr faqabla khalqi l-`archi ‘ayna kâna l-Lâhou ta`âla, ta`âla l-Lâhou `an dhâlika `oulouwan kabîrâ)
ce qui signifie: « Nous reconnaissons [tout comme il a été rapporté dans le Qour’ân] que Dieu “istawâ `ala l-`arch” sans qu’Il ait besoin du trône ni de s’installer ou de s’établir dessus et Il est al-ḥâfiḍhou li l-`arch [Celui Qui préserve le trône] et autre que cela sans aucun besoin. Car s’Il avait un quelconque besoin, Il ne serait pas tout puissant à faire exister le monde et à prédestiner tout ce qui lui arrive, Il serait comme les créatures. Et s’Il avait le besoin de s’asseoir [al-joulôus] et de s’établir [al-qarâr], alors avant de créer le trône, où donc aurait-Il été ?! Dieu est exempt de ce que lui attribuent les injustes. »
Ainsi al-’istiwâ’ de Allāh cité dans le Qour’ân dans le verset 5 de sôurat Tâhâ n’a pas le sens de la position assise qui vient communément à l’esprit ; c’est un istiwâ’ sans comment.
Cette parole est citée dans le livre “Al-WaSiyyah” de ‘Abôu Hanîfah authentifié par Al-Kawthariyy p 2 et Moullâ `Aliyy Al-Qârî l’a citée dans le commentaire du livre “al-Fiqhou l-‘Akbar” p70 au sujet de la parole de l’imam:
« Son yad est un attribut qui est sans comment. »
Parmi les précieuses paroles que l’imam ‘Abôu Hanîfah a dites au sujet de l’exemption de Dieu (Allāh) de toute caractéristique des corps, il y a sa parole dans son livre “Al-Fiqhou l-‘Akbar”:
« يدُهُ صفتُهُ بلا كيف »
(Yadouhou Sifatouhou bilâ kayf)
ce qui signifie: « Son yad est un attribut sans comment. »
Al-yad est un attribut de Allāh sans que ce soit une main c’est-à-dire sans que ce soit un organe. En effet, al-yad est un attribut de Dieu cité à plusieurs reprises dans le Qour’ân. Ce qui est visé par l’attribut de Dieu al-yad n’est pas le sens qui vient communément à l’esprit en arabe pour le mot yad: la main (l’organe, le membre). Mais son sens est tel que l’a dit l’imam ‘Abôu Hanîfah, c’est un attribut sans comment, qu’il est impossible de s’imaginer ou se représenter. Le Yad au sujet de Dieu peut signifier la puissance.
L’Imam ‘Abôu Hanîfah est décédé en 150 de l’hégire, l’année de la naissance de l’imam Ach-Châfi`iyy. L’imam Mâlik a été contemporain des Imams ‘Abôu Hanîfah et Ach-Châfi`iyy. Ces trois savants fondèrent 3 écoles de jurisprudence encore largement enseignées et pratiquées de nos jours.
Il est décédé en l’an 150 de l’Hégire, l’année même de la naissance de l’Imam Ach-Châfi`iyy. Il a été dit une lune est morte et une lune est née, c’est-à-dire que ‘Abôu Hanîfah était comparé à une lune dans son éclat de la science et Ach-Châfi`iyy également. Environ 50 000 personnes ont suivi son convoi funéraire.
Il a été enterré dans le cimetière de Al-KhayZâran à Bagdad, en Irak, que Dieu (Allāh) lui accorde de larges miséricordes.
Le ḥâfiḍh ‘AHmad Ibnou `Aliyy Abôu Bakr Al-KhaTîb Al-Baghdâdiyy (mort en l’an 462 de l’hégire) dans son livre sur l’histoire de Bagdad “Tarikh Baghdâd” (tome 1 / page 123) avec une bonne chaîne de transmission a dit ce qui suit, d’après ce qu’a rapporté `Aliyy Ibnou Maymoun: « J’ai entendu Ach-Châfi`iyy dire: “je fais certes le tabbarouk par ‘Abôu Hanîfah et je me rends à sa tombe chaque jour. Si j’ai un besoin, j’accomplis 2 cycles de prière (rak`ah) puis je me rends à sa tombe et je demande à Allāh ta`ālā qu’Il m’accorde la chose dont j’ai besoin et ce, auprès de sa tombe. Après cela mon affaire est rapidement réglée.” »
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.