1. Le miracle

    Sache que le moyen de connaître le prophète, c’est le miracle. C’est une chose contraire à l’ordinaire, qui vient en accord avec les dires de celui qui dit être prophète et qui est sauf de l’opposition par quoi que ce soit de semblable.

    Ce qui fait partie des choses étonnantes mais qui ne sort pas de l’ordinaire n’est donc pas un miracle.

    De même, tout ce qui est contraire à l’ordinaire mais qui n’est pas accompagné de la prétention à la prophétie, comme les choses extraordinaires qui apparaissent aux mains des saints [1], eux qui suivent les prophètes, ce n’est pas un miracle mais on appelle cela prodige [2].

    De même, la chose à laquelle on peut opposer une chose sem­blable, comme la magie, n’est pas un miracle. En effet, il est possible que soit opposée à la magie une magie qui lui est équivalente.

    De plus, il y a deux sortes de miracles :

    Il y a le miracle qui a lieu à la demande des gens, demande faite à celui qui dit être prophète.

    Il y a aussi le miracle qui a lieu sans demande des gens.

    De la première sorte, il y a par exemple le miracle de la chamelle de Salih qui est sortie du rocher. Son peuple le lui avait demandé en lui disant : si tu es vraiment un prophète envoyé à nous pour que nous croyions en toi, alors fais nous sortir une chamelle et son petit de ce rocher. Il avait alors fait sortir pour eux une chamelle avec son petit. Ils en furent stupéfaits et ils crurent en lui.

    Certes, s’il avait été menteur dans son affirmation que Allah l’a envoyé en tant que messager, il n’aurait pas pu produire cette chose étonnante et extraordinaire, à laquelle personne parmi les gens ne peut opposer quoi que ce soit de semblable. La preuve leur a ainsi été donnée.

    Ils ne pouvaient faire autrement que se soumettre et en reconnaître la véracité car la raison oblige à croire celui qui vient avec une telle chose, à laquelle ne peut être opposé quoi que ce soit de semblable de la part des opposants.

    Par conséquent, quelqu’un qui ne se soumet pas et s’entête est considéré comme méprisant la valeur de l’argumentation rationnelle.

    [1] waliyy de Allah

    [2] Le miracle s’appelle mou^jizah et le prodige s’appelle karamah.