بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent, et que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle soient accordées à notre Maître Mouḥammad Al-‘Amîn, l’Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l’Islam la religion de tous les Prophètes du premier ‘Adam `alayhi s-salâm au dernier Mouḥammad ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam
Allāh ta`ālā a fait descendre la révélation du Qour’ân au Prophète Mouḥammad ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam dans une langue arabe. Le Qour’ân est un livre révélé, et c’est le meilleur des livres. Il ne comporte aucune contradiction. Allāh a fait de la compréhension de ce livre une épreuve pour les gens. Certaines personnes réussissent cette épreuve et se maintiennent sur la vérité et sur la croyance en l’unicité de Allāh, et d’autres échouent dans cette épreuve et s’égarent en tombant dans l’assimilation de Allāh à ses créatures.
Certains des versets du Qour’ân [les versets non explicites] peuvent admettre du point de vue de la langue plusieurs sens. Ceux pour qui Allāh a voulu la bonne guidée, Il leur accorde la compréhension correcte des sens de ces versets (par le fait que Allāh leur facilite une personne de confiance qui leur enseigne le sens correcte).
Et la sagesse des versets non explicites, c’est que Allāh éprouve Ses esclaves pour que celui qui les interprète de la bonne façon obtienne une immense récompense et ceci est conforme à Sa parole ta`ālā :
يُضِلُّ بِهِ كَثِيرًا وَيَهْدِي بِهِ كَثِيرًا
(youḍillou bihî kathîran wa yahdî bihî kathîrâ)
qui signifie : « Allāh égare par le Qour’ân beaucoup de gens et Il guide par le Qour’ân beaucoup de gens » [sourat Al-Baqarah / ‘ayah 26]. Ainsi, ceux dont Allāh a voulu qu’ils soient guidés par le Qour’ân seront bien guidés. Le Qour’ân n’est donc pas une cause de bonne guidée pour la totalité des gens. Ces versets sont à l’exemple d’autres miracles du Prophète, certains les ont vu et y ont cru, et d’autres les ont vu mais ont refusé la foi et se sont égarés.
Le Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallâm a dit:
الْقُرْءانُ حُجَّةٌ لكَ أَوْ عَلَيكَ
(al-qour’ânou ḥoujjatoun laka ‘aw `alayka)
ce qui signifie: « Le Qour’ân est soit une preuve en ta faveur, soit une preuve contre toi » [rapporté par Mouslim]. Ainsi, si quelqu’un donne une mauvaise interprétation des versets du Qour’ân, cela se retournera contre lui.
Et Allāh dit au sujet du Qour’ân :
وَهَذَا لِسَانٌ عَرَبِيٌّ مُّبِينٌ
(wa hâdha liçânoun `arabiyyoun moubîn)
ce qui signifie : « Et ceci (la révélation) est une langue arabe claire » [sourat An-Naḥl / ‘ayah 103].
On comprend de cette ‘âyah qu’une des bases essentielles pour la bonne compréhension du Qour’ân, c’est bien sûr la connaissance de la langue arabe. En effet, sans la maîtrise de cette langue, il n’est pas possible à la personne de connaître et de comprendre tous les sens valables du point de vue de la langue pour les expressions qui ont été mentionnées dans la révélation.
Nous allons donc à travers ce cours mentionner un certain nombre de textes qui sont sujets à interprétation, et en donner le sens correct du point de vue de la langue arabe et du point de vue de la Loi, en nous référant aux explications données par les savants spécialistes de l’exégèse.
Nous parlerons dans un premier temps des preuves du Qour’ân indiquant qu’il existe des versets explicites et des versets non explicites, ainsi que les preuves du ḥadīth concernant leur interprétation (at-ta’wîl).
Allāh ta`ālā dit :
هُوَ الَّذِيَ أَنزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ ءايَاتٌ مُّحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ الْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ
(houwa l-ladhî ‘anzala `alayka l-kitâba minhou ‘âyâtoun mouḥkamâtoun hounna ‘oummou l-kitâbi wa ‘oukharou moutachâbihât)
ce qui signifie : « C’est Lui Qui a fait descendre sur toi le Livre qui comporte des verset explicites (mouḥkamah) qui sont la base du Livre (qui constituent la majeur partie des versets du Qour’ân) et d’autres [versets qui sont] non explicites (moutachâbihah) » [sourat ‘Ali `Imrân / ‘ayah 7].
Les ‘âyah explicites (mouḥkamah) sont celles qui n’admettent qu’un seul sens du point de vue de la langue arabe, ou [autre définition] celles dont le sens qui est visé a été clairement connu [comme dans le cas où tous les compagnons se sont réunis sur une même explication]. Ces versets ont été appelés (‘oummou l-kitâb) c’est à dire la base du Livre, car c’est à partir de ces versets qu’on se réfère pour l’explication des versets non explicites.
Les ‘ayah non explicites (moutachâbihah) sont celles qui peuvent admettre du point de vue de la langue arabe plusieurs sens. Elles nécessitent donc de considérer leur sens ou leur explication ou interprétation, en fonction de la concordance avec les versets explicites [qui eux n’admettent qu’un seul sens ], car les interpréter dans un sens qui contredirait les versets explicites amènerait alors une contradiction dans les textes et ceci est impossible. Cette règle fondamentale et extrêmement importante de l’exégèse a été citée par le Chaykh Fakhrou d-Dīn Ar-Râzi dans son livre Al-Maḥsôul.
Ainsi, les savants spécialistes de l’exégèse ont indiqué qu’on ne donne un autre sens que le sens apparent pour les ‘âyah moutachâbihah que lorsqu’il y a une justification selon la Loi [c’est à dire selon les textes de la charî`ah] ou une justification selon la raison [car la croyance musulmane n’est pas en contradiction avec le jugement rationnel]. C’est donc une preuve provenant d’un texte qui nous amène à nous détourner du sens apparent, ou bien une preuve selon la raison qui nous amène à nous détourner du sens apparent.
Dans la suite du verset précédemment cité, Allāh ta`ālā dit :
فَأَمَّا الَّذِينَ في قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاء الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاء تَأْوِيلِهِ
(fa ‘amma l-ladhîna fî qoulôubihim zayghoun fayattabi`ôuna mâ tachâbaha minhou b-tighâ’a l-fitnati wa b-tighâ’a ta’wîlih)
ce qui signifie : « Quant à ceux qui ont leurs cœurs déviés, ils suivent ce qui n’en est pas explicite pour faire tomber les gens dans l’égarement et faire de mauvaises interprétations ».
Allāh a décrit dans la suite du verset l’état de ceux qui se sont égarés en s’attachant à donner aux versets non explicites des sens qui contredisent les versets explicites. Tel est le cas de ceux qui attribuent à Allāh le corps, le mouvement, les organes, les changements d’humeur, tout ceci en raison du fait qu’ils ont interprété des versets non explicites par un sens qu’il n’est pas digne d’attribuer à Allāh. Nous verrons par la suite plusieurs exemples appuyés par des preuves indiquant l’interprétation correcte de ces versets.
Le messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit :
إِذَا رَأَيْتُمُ الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ فَأُولَئِكَ الَّذِينَ سَمَّى اللَّهُ فَاحْذَرُوهُمْ
(‘idhâ ra’aytoumou l-ladhîna yattabi`ôuna ma tachâbaha minhou fa ‘oulâ’ika l-ladhîna samma l-Lâhou faḥdharôuhoum)
ce qui signifie : « Si vous voyez ceux qui suivent ce qui en est moutachâbih (c’est-à-dire ceux qui s’attachent au sens apparent des versets non explicites), ce sont ceux-là que Allāh a mentionné [et qu’Il a blâmé dans ce qui a été cité dans sourat ‘Ali `Imran, verset 7], prenez garde à eux ! » [ḥadīth rapporté par Mouslim dans son ṣaḥīḥ].
Dans le suite du verset 7 de sourat ‘Āli `Imrān, Allāh ta`ālā dit :
وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ ءامَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا
(wa mâ ya`lamou ta’wîlahou ‘il-la l-Lâhou wa r-râçikhôuna fi l-`ilmi yaqôulôuna ‘âmannâ bihi koulloun min `indi rabbinâ)
ce qui signifie : « et ne sait son interprétation que Allāh ainsi que ceux qui sont versés dans la science, ceux-là disent : nous avons foi en lui, tout est de la part de notre Seigneur ».
Ainsi, ceux qui ont été appelé (ar-râçikhôuna fi l-`ilm), c’est-à-dire, ceux qui sont versés dans la science, connaissent l’interprétation correcte des versets non explicites. Parmi ceux qui sont versés dans cette science, il y a le compagnon et cousin du Prophète, `Abdou lLâh Ibnou `Abbâs, que Allāh l’agrée. Nous verrons par la suite certaines des interprétations qu’il a donné.
Le Prophète ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam avait fait une invocation en faveur d’Ibnou `Abbâs, pour que Allāh lui accorde la science de l’interprétation (at-ta’wîl) par sa parole :
اللهُمَّ عَلِّمْهُ الحِكْمَةَ وَتَأوِيلَ الكِتَاب
(Allāhoumma `allimhou l-ḥikmata wa ta’wîla l-kitâb)
qui signifie : « Ô Allāh enseigne lui la sagesse et l’interprétation du Livre » [ḥadīth rapporté par Al-Boukhāriyy, Ibnou Mâjah et le ḥâfiḍh Ibnou l-Jawziyy].
Pour faire une comparaison du niveau de compréhension dans la langue arabe, de la part des assimilateurs, ceux qui font ressembler Allāh à ses créatures, leur niveau ressemble au niveau de compréhension dans la langue française d’une personne qui, après avoir entendu les expressions suivantes, les comprendraient uniquement dans le sens apparent, en rejetant tout autre sens, voyez le résultat : parmi les expressions que nous pouvons citer, il y a « Jeter un œil » qui signifie : surveiller, ou protéger, ou l’expression : « Avoir le dessus sur son adversaire » qui signifie : vaincre son adversaire, ou l’expression « Il a la main mise sur les décisions de ces dirigeants » qui signifie qu’il a influencé et contrôlé les décisions de ces dirigeants, ou encore l’expression « Prêter l’oreille » qui signifie : écouter avec attention ou enfin l’expression « Je garde cet enfant sous mon aile » qui signifie : je garde cet enfant sous ma protection et mon soutien.
Imaginez maintenant ce que comprendrait une personne qui ne retiendrait que le sens apparent de ces expressions … et bien malheureusement, c’est ce que font ces assimilateurs ignorants de la langue arabe, lorsqu’ils prétendent que Allāh aurait des mains, un visage, des pieds, qu’Il serait au dessus de ses créatures physiquement dans la direction du haut, qu’Il serait à la fois installé sur un trône et en même temps continuellement en mouvement entre le trône et le ciel. Ce sont ces croyances là que les égarés anthropomorphistes propagent de nos jours.
La plupart des textes de la révélation du Qour’ân et du ḥadîth sont des textes explicites. Nous allons citer les principaux versets explicites qui concernent la croyance au sujet de Allāh.
Allāh ta`ālā dit :
فَلاَ تَضْرِبُواْ للهِ الأَمْثَالَ
(falâ taḍribôu li l-Lâhi l-‘amthâl)
ce qui signifie : « N’attribuez pas d’équivalents (ou des semblables) à Allāh » [sôurat An-Naḥl / ‘âyah 74].
Les savants spécialistes des fondements de la croyance ont dit que la plus explicite des ‘âyah du Qour’ân au sujet de la non ressemblance absolue entre Allāh et ses créatures, c’est le verset 11 de sôurat Ach-Chôurâ :
لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْءٌ
(layça kamithlihi chay’)
qui signifie : « Rien (dans l’absolu) n’a de ressemblance avec Lui ».
Ainsi, ces versets sont explicites dans la croyance sur le fait de ne pas attribuer de ressemblants à Allāh, c’est-à-dire de ne pas Le faire ressembler à ce qu’Il a créé, de quelque point de vue que ce soit. C’est pour cela que nous sommes catégoriques à nier au sujet de Allāh toute ressemblance avec les corps, car les corps, qu’ils soit palpables ou impalpables sont tous créés, et Allāh existe avant l’existence des créatures, avant l’existence des corps, Il n’a donc aucune ressemblance avec les corps.
Allāh ta`ālā dit :
وَلاَ يُحِيطُونَ بِهِ عِلْمًا
ce qui signifie : « Et ils ne cernent pas Sa Réalité » [sôurat Ṭâhâ, ‘âyah 110]. Ce verset nous fait comprendre que notre connaissance au sujet de Allāh n’est pas par notre imagination. Mais notre raison, elle, confirme bien Son existence, et confirme bien également les attributs qui Lui sont obligatoires, comme la science de toute chose, la toute puissance, la volonté ou la non ressemblance avec ce qui entre en existence.
Ainsi, tout verset ou toute parole prophétique dont le sens apparent pourrait contredire les versets précédemment mentionnés, nécessiteront une interprétation, car il n’y a pas de contradiction dans le Qour’ân ou le ḥadīth du Messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam.
Le Moufassir (spécialiste de l’exégèse du Qour’ân) Aḥmad Ar-Rifâ`iyy, que Allāh l’agrée, a expliqué cette règle importante dans son livre Al-Bourhânou l-Mou’ayyad lorsqu’il a dit :
صونو عقائدكم من التّمسّك بظاهر ما تشابه من الكتاب والسّنّة فإنّ ذالك من أصول الكفر
Ce qui signifie : « Préservez vos croyances de l’attachement au sens apparent de ce qui n’est pas explicite parmi les expressions du Livre (du Qour’ân) et de la Sounnah, car c’est une des sources de mécréance » .
Nous allons donc maintenant mentionner certains textes non explicites en donnant le sens qu’il convient de retenir et les sens qu’il est impossible d’attribuer à Allāh.
Dans la langue arabe, il y a de grandes possibilités d’utilisation des sens figurés et beaucoup de richesse dans le langage. De plus, les compagnons du Prophète ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam connaissaient les racines des mots et comprenaient leurs diverses significations. Celui donc qui ne s’autorise jamais à expliquer les textes par un autre sens que le sens apparent, c’est en raison de son peu de compréhension de la langue arabe. Quant à celui qui a de vastes connaissances dans la langue arabe d’origine [la langue dans laquelle a été révélé le Qour’ân], il lui est facile de comprendre les sens réels.
Nous allons citer certains versets non explicites tirés du Qour’ân.
Allāh ta`ālā dit:
كُلُّ شَىْءٍ هَالِكٌ إِلاَّ وَجْهَهُ
(koullou chay’in hâlikoun ‘il-lâ wajhah)
ce qui signifie : « Tout sera anéantie (à la surface de la terre) sauf Sa souveraineté » [sourat Al-Qaṣaṣ / ‘ayah 88].
L’Imam Al-Boukhāriyy [qui fait partie des savants du Salaf] a dit dans son ṣaḥīḥ, dans le chapitre sur l’exégèse du Qour’ân : « La signification de (‘il-lā wajhah) est (‘il-lā moulkah) », c’est-à-dire tout sera anéanti sauf Sa souveraineté (Moulkah). Il n’a pas expliqué le terme (wajh) par « le visage », comme le font à tort les assimilateurs, ceux qui font ressembler Allāh à ses créatures. Ces assimilateurs s’imaginent qu’au Jour du Jugement, tout sera anéantie, et ils interprètent cette ‘âyah en disant qu’il ne restera que le « visage de Dieu », que Allāh nous préserve d’une telle croyance.
Allāh ta`ālā dit:
تَجْرِي بِأَعْيُنِنَا
(tajrī bi ‘a`youninâ)
ce qui signifie: « Et l’arche [de Noé – Noūḥ -] vogue sous Notre protection » [sôurat Al-Qamar / ‘âyah 14].
Il n’est pas visé dans ce verset que Allāh aurait des yeux et que l’arche de Noé Noūḥ aurait vogué sous les « yeux de Dieu » comme le prétendent les assimilateurs, seulement (al-`ayn) ici vient dans le sens de la protection tout comme l’ont dit les spécialistes de l’exégèse.
Allāh ta`ālā dit dans sourat Ṣâd, verset 75 : مَا مَنَعَكَ أَنْ تَسْجُدَ لِمَا خَلَقْتُ بِيَدَيَّ (mâ mana`aka ‘an tasjouda limâ khalaqtou biyadayy) ce qui signifie : « Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner pour ce que J’ai créé biyadayy ». Le sens correct, qui est conforme à la langue arabe, et que les savants ont indiqué pour ce verset, c’est qu’il est valable de dire que ce qui est visé par le terme biyadayy c’est al-`inâyah [le fait de créer en accordant un honneur] et al-ḥifḍh [la protection]. Dans ce verset, le terme (biyadayy) ne signifie pas le sens qui vient communément à l’esprit et qui est : « avec mes deux mains ». Ceci est la prétention des assimilateurs qui s’imaginent que Allāh aurait des organes, et que parmi eux, Il aurait deux mains, un visage, un pied, des doigts. Ces gens ont plongé tête baissée dans l’assimilation (at-tachbīh).
Pour la signification de Sa parole ta`ālā dans sourat Adh-Dhâriyât, verset 47 : وَالسَّمَاء بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ (wa s-samâ’a banaynâhâ bi’aydin wa ‘innâ lamôuci`ôun), Ibnou `Abbâs a dit : « (bi ‘aydin) c’est-à-dire par une puissance (bi qoudrah). Ce n’est pas la main qui est visée ici car Allāh est exempt d’une telle chose » [fin de citation].
Allāh ta`ālā dit : يَدُ اللهِ فَوْقَ أَيْدِيهِمْ (yadou l-Lâhi fawqa ‘aydîhim) ce qui signifie : « Allāh a accordé un soutien et une bénédiction à ceux qui s’étaient engagés par un pacte à ne pas désobéir ».
Il n’est pas visé ici le sens de l’organe, comme se l’imaginent les assimilateurs, qui prétendent que : « la main de Dieu serait au dessus de la main de ces compagnons qui avait conclu cet engagement avec le prophète ». Seulement (al-yad) ici c’est dans le sens de al-`ahd [du témoignage de soutien et de bénédictions], tout comme les gens de science l’ont mentionné.
Quant à Sa parole ta`ālā : وَمَكَرُوا وَمَكَرَ اللهُ وَاللهُ خَيْرُ الْمَاكِرِينَ (wa makarôu wa makara l-Lâhou wa l-Lâhou khayrou l-mâkirîn) ce qui signifie : « Ils rusent et Allāh rétribue leur ruse d’un châtiment venant d’où ils ne s’y attendent pas » [sourat ‘Ali `Imrân / ‘ayah 54].
Al-makr de la part des créatures est une perfidie et une tromperie pour faire parvenir la nuisance à autrui en utilisant une ruse. Al-makr de la part de Allāh, c’est la rétribution des perfides par le châtiment, d’une manière à laquelle ils ne s’y attendaient pas. Ainsi, Al-makr dans le sens de la perfidie est impossible s’agissant de Allāh, car il s’agit d’un attribut d’imperfection et Allāh dit à Son sujet :
وَلِلَّهِ الْمَثَلُ الأَعْلَى
(wa li l-Lâhi l-mathalou l-‘a`lâ)
ce qui signifie: « Allāh a les attributs de perfection qui ne sont pas tels que les attributs d’autres que Lui » [sourat An-Naḥl / ‘âyah 60].
Il en est de même pour Sa parole ta`ālā : اللهُ يَسْتَهْزِئُ بِهِمْ (Allāhou yastahzi’ou bihim) qui signifie : « Allāh les rétribue pour leur moquerie » [sourat Al-Baqarah / ‘ayah 15]. Le sens qui vient communément à l’esprit de la ‘âyah et qu’il ne faut pas retenir est que Allāh se moquerait d’eux, ce qui signifierait une humeur au sujet de Allāh et ceci est impossible car Il est exempt des changements d’humeur, et le changement est impossible au sujet de Allāh.
Les musulmans disent cette parole très répandue au sujet de Allāh:
سبحان الذي يُغَيِّر و لا يَتَغَيَّر
(soubḥâna l-Ladhi youghayyir wa lâ yataghayyar)
ce qui signifie: « Allāh est exempt d’imperfection, Il fait changer les créatures alors que Lui ne change pas ».
Les savants ont dit: « Nous croyons en la confirmation de ce qui nous est parvenu dans le Qour’ân et les ḥadīth saḥīḥ, par exemple al-wajh, al-yad, al-`ayn, ar-riḍā, al-ghaḍab et autres, comme étant des attributs que Allāh sait et sans considérer que ce sont des organes de sens ou des humeurs (al-‘infi`âl) ».
Allāh ta`ālā dit: يَوْمَ يُكْشَفُ عَنْ سَاقٍ (yawma youkchafou `an sâq) ce qui signifie : « Allāh fera apparaître des épreuves terribles au Jour du Jugement » [sourat Al-Qalam / ‘ayah 42].
Le sens apparent du terme sâq, c’est le sens du membre inférieur (jambe) qui est constitué de la peau, de la chair, des os, des ligaments et de la moelle. Bien sûr, on ne peut pas attribuer à Allāh ce sens, qui correspond à un organe.
Le terme (as-sâq) peut avoir dans la langue arabe le sens de la très grande difficulté. Quant aux assimilateurs, eux, ils expliquent (`an sâq), en disant que Allāh ta`ālā dévoilera sa jambe au Jour du Jugement, que Allāh nous préserve d’un tel égarement. Quelle compréhension erronnée ! L’Imam Al-Bayhaqiyy a rapporté dans son livre Al-‘Asmâ’ou wa ṣ-ṣifāt que le compagnon `Abdou l-Lâh Ibnou `Abbâs a interprété (as-sâq) cité dans cette ‘ayâh par « une grande difficulté et une forte angoisse », et ce, en raison des évènements terribles qui auront lieu au Jour du Jugement.
Quant à Sa parole ta`ālā : يَخَافُونَ رَبَّهمْ مِن فَوْقِهِمْ (yakhâfôuna rabbahoum min fawqihim) qui signifie : « Ils craignent Allāh Lui Qui les domine par Sa toute-puissance » [sourat An-Naḥl / ‘ayah 50]. Ainsi (min fawqihim) signifie la domination par la toute puissance (al-qahr) et non l’élévation par l’endroit.
Allāh a ainsi pour attribut l’élévation par le mérite (al-`oulouww) et la supériorité (fawqiyyah) du degré et de l’éminence et Il est exempt du fait d’être dans un endroit et Il est exempt de la proximité par la distance.
Pour la signification de Sa parole ta`ālā dans sourat Al-Moulk, verset 16 : أَأَمِنتُم مَّن فِي السَّمَاء أَن يَخْسِفَ بِكُمُ الأَرْضَ (‘a’amintoum man fi s-samâ’i ‘an yakhsifa bikoumou l-‘arḍ) , le Moufassir [spécialiste de l’exégèse] Al-Fakhr Ar-Râzî dans son Tafsîr, ainsi que Abôu Ḥayyân Al-‘Andalouciyy dans son livre Al-Baḥrou l-Mouḥīṭ ont dit : « Ce qui est visé par (man fi s-samâ’) « qui est au ciel », ce sont les anges. Il n’est pas visé par-là que Allāh habiterait le ciel ». Le terme “man” en arabe peut se référer au singulier ou au pluriel.
Par ailleurs, que dirait celui qui empêche de faire le ta’wīl [c’est à dire l’interprétation par un autre sens que le sens apparent] au sujet de la parole de Allāh concernant notre maître Ibrâhîm `alayhi s-salâm lorsqu’il a dit : إِنِّي ذَاهِبٌ إِلَى رَبِّي (‘innî dhâhiboun ‘ilâ rabbî) ce qui signifie : « Je vais là où mon Seigneur m’a ordonné d’aller ! » [sôurat Aṣ-Ṣâffât / ‘ayah 99]. Ibrâhîm `alayhi s-salâm se dirigeait vers la Palestine. Est-ce que, selon la prétention des assimilateurs, ceux-ci iraient jusqu’à dire que Allāh habiterait la Palestine ou bien vont-il ici faire un ta’wīl (une interprétation) pour considérer le sens ce verset de manière conforme avec les versets explicites ?!
Dans la langue arabe, le terme « istawā » peut admettre quinze sens différents dont :
ichtadda : devenir vigoureux et fort [sens du mot istawā dans sourat Al-Qaṣaṣ / ‘ayah 14]
achbaha : ressembler [sens du mot istawā dans sourat Fāṭir ‘āyah 19 et dans sourat Az-Zoumar / ‘ayah 9]
qahara : dominer [sens du mot istawā dans sourat Ṭāhā / ‘āyah 5]
Le mot istawā peut s’interprèter dans le sens de la domination (al-qahr). Dans la langue arabe, on dit :
إِسْتَوَى فُلاَنٌ عَلَى الْمَمَالِكِ
(istawā foulânoun `ala l-mamâlik)
ce qui signifie : « Untel a dominé les royaumes » . Le poète a également dit :
قَدِ اسْتَوَى بِشْرٌ عَلَى الْعِرَاقِ مِنْ غَيْرِ سَيْفٍ وَدَمٍ مُهْرَاقٍ
(qadi stawâ bichroun `ala l-`Irâqi ; min ghayri sayfin wa damin mouhrâq)
ce qui signifie : « Certes, Bichr a dominé l’Irak sans utiliser d’épée et sans faire couler de sang » .
Allāh ta`ālā dit dans le Qour’ân : الرَّحْمَـنُ عَلَى العَرْشِ اسْتَوَى (ar-Raḥmânou `ala l-`archi stawâ) [sourat Ṭâhâ / ‘ayah 5]. Les savants ont dit que le terme « istawā » cité dans cette ‘âyah peut admettre différents sens comme « la domination » ou « la préservation » qui sont des sens du mot « istawā » dans la langue arabe. Ainsi, cette ‘âyah peut avoir le sens que Allāh domine le Trône par Sa puissance et qu’Il le préserve. Ce qui est visé dans cette ‘âyah est que nous sachions que Allāh est tout puissant sur toutes les créatures. Le Trône étant le plus grand de tous les corps, cela indique que si Allāh domine le Trône, Il domine à plus forte raison le reste des créatures.
Les savants sont unanimes sur l’interdiction d’interpréter un verset non explicite (moutachābih) dans un sens qui ne convient pas d’être attribué à Allāh, comme la position assise ou la localisation qui n’est pas digne d’être attribué au Créateur.
Ainsi il n’est pas permis de dire que « istawā » signifie « s’assoir » ou « s’établir » au sujet de Allāh, car le fait de s’asseoir n’a lieu que pour celui qui est un corps et ceci est impossible au sujet de Allāh comme nous l’avons précédemment prouvé.
L’Imam `Aliyy Ibnou ‘Abī Ṭālib, que Allāh l’agrée, a dit :
إن الله تعالى خلق العرش إظهاراً لقدرته لا مكاناً لذاته
ce qui signifie : « Certes Allāh a créé le Trône comme manifestation de Sa toute puissance et ne l’a pas pris comme endroit pour Lui-même ». [Rapporté par Abôu Manṣôur Al-Baghdâdiyy dans son livre Al-Farqou bayna l-Firaq page 333]. En effet, les anges qui tournent autour du Trône, lorsqu’ils voient le Trône, ils augmentent en certitude et en foi en la toute puissance de Allāh.
Le Moufassir spécialiste de l’exégèse `Aliyy Ibnou Mouḥammad connu sous le nom de Al-Khâzin, mort en 741 de l’Hégire a dit : « Le Chaykh Fakhrou d-Dîn Ar-Râzî a cité les preuves selon la raison et selon les textes qu’il n’est pas possible de donner à la parole de Allāh ta`ālā : ثُمَّ اسْتَوَى عَلَى العَرْشِ (thoumma stawâ `ala l-`arch) le sens de la position assise, de l’établissement, de l’occupation d’un endroit ni de la localisation ». [Dans son livre Tafsirou l-Khāzin tome 2 p 238].
L’Imam Abou Manṣoūr Al-Mātoūridiyy a dit dans ses Ta’wilāt au sujet cette ‘ayah (thoumma stawa `ala l-`arch) [sourat Al-‘A`rāf / ‘ayah 54], il a dit : (‘ay : wa qad ‘istawā `ala l-`arch) cela signifie : « Et Allāh dominait le Trône [avant même l’existence des cieux et de la terre] ». Certaines personnes se donnent pour illusion que la parole (thoumma) vient toujours dans le sens de quelque chose qui va suivre, mais cette parole vient aussi dans pour autre que ce sens, tout comme l’a dit le poète :
إنَّ مَنْ سَادَ ثُمَّ سَادَ أَبُوهُ ثُمَّ قَدْ سَادَ قَبْلَ ذَلِكَ جَدُّهُ
(‘inna man sâda thoumma sâda ‘abôuhou thoumma qad sâda qabla dhâlika jaddouhou)
ce qui signifie : « Celui qui a gouverné thoumma [c’est à dire « et par ailleurs »] son père a gouverné thoumma [et avant cela], son grand père avait gouverné » .
L’Imam Ibnou l-Mou`allim Al-Qourachiyy [qui fait partie des savants du 8ème siècle de l’Hégire] a rapporté dans son livre Najmou l-mouhtadî wa rajmou l-mou`tadî que l’Imam Ach-Châfi`iyy a dit : « celui qui croit que Allāh est assis sur le trône est un mécréant ».
Sa parole ta`ālā:
﴿اللهُ نُورُ السَّمَوَاتِ وَالأَرْض﴾
(Allāhou nôurou s-samâwâti wa l-‘arḍ)
[sôurat n-Nôur, ‘âyah 35] signifie que Allāh ta`ālā est Celui Qui guide les gens des cieux et de la terre vers la lumière de la foi , rapporté par Al-Bayhaqiyy de `Abdou l-Lâh Ibnou `Abbâs, que Allāh les agrée tous deux. C’est-à-dire que Allāh donne la foi aux habitants du ciel qui sont les anges et à qui Il veut parmi les habitants de la terre qui sont les humains et les jinn.
Allāh ta`ālā n’est pas (nôur) dans le sens de « lumière ». En effet, c’est Lui Qui a créé la lumière.
Allāh ta`ālā dit :
﴿وَجَعَلَ الظُّلُمَاتِ وَالنُّور﴾
(wa ja`ala dh-dhouloumâti wa n-nôur)
[sôurat L-‘An`âm, ‘âyah 1] c’est-à-dire: « Il a créé les obscurités et la lumière ». Donc il est impossible qu’Il soit une lumière comme Ses créatures. Allāh est exempt de toute ressemblance aux créatures.
De plus, cette ‘âyah :
﴿الْحَمْدُ لِلّهِ الَّذِي خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضَ وَجَعَلَ الظُّلُمَاتِ وَالنُّورَ﴾
(Al-ḥamdou li l-Lâhi l-ladhî khalaqa s-samâwâti wa l-‘arḍa wa ja`ala ḍh-ḍhouloumâti wa n-nôur)
[sôurat L-‘An`âm, ‘âyah 1] qui signifie : « La louange est à Allāh, Celui Qui a créé les cieux et la terre et Qui a créé les obscurités et la lumière » est la preuve la plus explicite que Allāh n’est ni un corps palpable comme les cieux et la terre, ni un corps impalpable comme les obscurités et la lumière. Par conséquent, si quelqu’un croit que Allāh est un corps palpable ou impalpable, il a assimilé Allāh à Sa créature et la ‘âyah en témoigne. Ainsi c’est de la mécréance de croire que Allāh ta`ālā est (nôur) dans le sens « lumière ».
Al-Boukhāriyy a rapporté que le Messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit: سَبْعَةٌ يُظِلُّهُمُ اللَّهُ فِي ظِلِّهِ يَوْمَ لاَ ظِلَّ إِلاَّ ظِلُّهُ (sab`atoun youḍhil-louhoumou l-Lâhou fī ḍhil-lih yawma lâ ḍhilla ‘il-lâ ḍhillouh) ce qui signifie : « Il y a sept catégories de personnes que Allāh protègera à l’ombre du Trône, le Jour où il n’y aura pas d’autres ombres que l’ombre du Trône ».
Dans ce ḥadīth, il s’agit d’une indication que l’ombre en question correspond à l’ombre d’une chose honorée (at-tachrîf) selon le jugement de Allāh, et il s’agit du Trône. Ce ḥadīth ne signifie donc pas comme le prétendent faussement les moujassimah [ceux qui attribuent à Allāh le corps], que ces sept catégories de personnes seront sous l’ombre de Dieu au Jour du Jugement. Ces égarés ont clairement affichés leur croyance anthropomorphiste en donnant à ce ḥadīth une telle signification.
Al-Bayhaqiyy a rapporté dans son livre Al-‘I`tiqâd que le Prophète ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit: ما مِنْ قَلْبٍ إِلا بَيْنَ إِصْبِعَيْنِ مِنْ أصَابِعِ الرَّحْمن إنْ شَاءَ أقَامَهُ وَإنْ شَاءَ أزَاغَهُ (mā min qalbin ‘il-lâ bayna ‘iṣbi`ayni min ‘aṣābi`i r-raḥmân ‘in châ’a ‘aqâmahou wa ‘in châ’a ‘azâghahou) ce qui signifie: « Il n’y a pas un seul cœur sans qu’il ne soit sous la domination de Allāh, s’Il veut Il le met sur la droiture et s’Il veut Il l’égare ».
Bien sûr, le sens correct qui est conforme avec les expressions utilisées par les arabes, c’est ici le sens de la domination, du fait que les cœurs des gens sont sous la domination de Allāh. Là encore, ce ḥadīth n’est pas à prendre selon le sens apparent. Ceux qui le prennent dans le sens apparent s’imaginent que Allāh aurait deux doigts avec lesquels Il ferait changer le cœur des gens.
Al-Boukhâriyy a rapporté que le Prophète ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit: إِذَا كَانَ أَحَدُكُم فِي صَلاَتِهِ فَإِنَّهُ يُنَاجِي رَبَّهُ فَلاَ يَبْصُقَنَّ فِي قِبْلَتِهِ وَلاَ عَنْ يَمِينِهِ فَأِنَّ رَبَّهُ بَيْنَهُ وَ بَيْنَ قِبْلَتِهِ (‘idhâ kâna ‘aḥadoukoum fî ṣalātihi fa ‘innahou younâjî rabbahou falâ yabṣouqanna fî qiblatihi wa lâ `an yamînihi fa ‘inna rabbahou baynahou wa bayna qiblatihi) ce qui signifie: « Lorsque l’un de vous est dans la prière, certes il implore et invoque son Seigneur, qu’il ne crache pas en direction de la qiblah ni à droite, certes les manifestations de la miséricorde de Allāh sont entre lui et la qiblah ».
Ici encore, ce ḥadīth n’est pas à prendre dans le sens apparent, car le sens apparent ferait croire que Allāh serait localisé entre celui qui prie et la qiblah [la direction pour la prière]. Le sens apparent de ce ḥadīth signifierait que Allāh serait localisé en face de chaque croyant faisant la prière, et ce sens contredit la croyance en l’unicité de Allāh. C’est pourquoi, il est impératif de l’interpréter. Le sens correct, c’est qu’il s’agit ici de manifestations de la miséricorde de Allāh qui sont particulières à ceux qui font la prière.
Al-Boukhāriyy a rapporté également de Abôu Môuçâ Al-‘Ach`ariyy que le Messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit: إِرْبَعُوا عَلَى أَنْفُسِكُم فَأِنَّكُمْ لاَ تَدُعُونَ أَصَمَّ وَلاَ غَائِبَا إِنَّكُمْ تَدْعُونَ سَمِيعًا قَرِيبَا، وَالَّذِي تَدْعُونَهُ أَقْرَبُ إِلَى أَحَدِكُمْ مِنْ عُنُقِ رَاحِلَةِ أَحَدِكُمْ (‘irba`ôu `alâ ‘anfoucikoum fa ‘innakoum lâ tad`ôuna ‘aṣamma wa lâ ghâ’ibâ, ‘innakoum tad`ôuna samî`an qarîbâ, wa l-ladhî tad`ôunahou ‘aqrabou ‘ilâ ‘aḥadikoum min `ounouqi râḥilati ‘aḥadikoum) ce qui signifie : « Ménagez vos efforts, vous n’invoquez ni un sourd ni un être à qui des choses échappent. Certes, Celui que vous invoquez, entend et rien n’échappe à Sa science, et Celui que vous invoquez sait tout de vous » .
Le terme (qarîb) au sujet de Allāh ne signifie pas une proximité par la distance, mais il signifie que Allāh sait à notre sujet plus que ce que nous-même savons à notre sujet [Il sait notre réalité, nos intentions, nos actes apparents et cachés, et Il sait notre avenir et notre destinée].
Par ailleurs, le sens apparent de la parole (wa l-ladhî tad`ôunahou ‘aqrabou ‘ilâ ‘aḥadikoum min `ounouqi râḥilati ‘aḥadikoum) serait que Allāh serait plus proche de nous que le coup de la monture de l’un d’entre nous. Mais ce sens apparent est impossible selon la raison au sujet de Allāh et il contredit plusieurs textes. C’est pourquoi il est interprété par le fait que Allāh sait parfaitement toute chose.
Pour ce qui est du ḥadīth rapporté par At-Tirmidhiyy qui est: الرَّاحِمُونَ يَرْحَمُهُمْ الرَّحْمَنً أِرْحَمُوا مَنْ فِي اْلأَرْضِ يَرْحَمْكُمْ مَنْ فِي السَّمَاءِ (ar-râḥimôuna yarḥamouhoum ar-raḥmânou ‘irḥamôu man fi l-‘arḍi yarḥamkoum man fi s-samâ’) ce qui signifie : « Ceux qui sont miséricordieux ar-Raḥmān leur fait miséricorde, faites miséricorde à ceux qui sont sur terre alors, ceux qui sont au ciel vous feront miséricorde ».
Et dans une autre version de ce ḥadīth : يَرْحَمْكُمْ أَهْلُ السَّمَاءِ (yarḥamkoum ‘ahlou s-samâ’) ce qui signifie: « Les habitants du ciel vous feront miséricorde ».
Cette deuxième version du ḥadīth explique la première car la meilleure façon d’expliquer un ḥadīth c’est par une autre version de ce ḥadīth tout comme l’a dit le Hâfiḍh Al-`Irâqiyy.
Donc le terme (man fi s-samâ’) qui peut désigner aussi bien un pluriel qu’un singulier est ici expliqué par un pluriel : « ceux qui sont au ciel », c’est-à-dire les anges, conformément à ce qui est rapporté dans la deuxième version du ḥadīth. Les égarés assimilateurs prétendent que ce ḥadīth serait une preuve que Allāh habiterait le ciel, car ils disent que (man fi s-samâ’) désignerait Allāh.
Par ailleurs, Al-Boukhāriyy a fait l’interprétation de aḍ-ḍaḥik au sujet de Allāh par (ar-raḥmah), c’est-à-dire la miséricorde [ceci a été rapporté par l’Imam Al-Bayhaqiyy dans son livre Al-‘Asmâ’ou wa ṣ-Ṣifât]. Le ḥâfiḍh Ibnou Ḥajar dans le commentaire du ṣaḥīḥ de Al-Boukhâriyy a dit ce qui suit : « Al-Khaṭṭâbiyy a dit: Al-Boukhâriyy a fait l’interprétation de aḍ-ḍaḥik à une autre occasion dans le sens de ar-raḥmah, la Miséricorde, ce sont des sens proches et s’il interprétait dans le sens de l’agrément ce serait encore mieux ». Quant aux assimilateurs, ils prétendent que aḍ-ḍaḥik signifierait que Allāh sourit, ils auront encore une fois de plus fait ressembler les attributs de Allāh aux attributs des créatures.
Allāh ta`ālā dit :
﴿ أَفَلاَ يَتَدَبَّرُونَ الْقُرْءانَ وَلَوْ كَانَ مِنْ عِندِ غَيْرِ اللهِ لَوَجَدُواْ فِيهِ اخْتِلاَفًا كَثِيرًا ﴾
(‘afalâ yatadabbarôuna l-Qour’ân wa law kâna min `indi ghayri l-Lâhi lawajadôu fîhi ikhtilâfan kathîrâ)
ce qui signifie: « Ne méditent-ils pas au sujet du Qour’ân ? S’il était parvenu de la part d’un d’autre que Allāh, ils auraient relevé beaucoup de divergences et de contradictions » [sourat An-Niçâ’ / ‘ayah 73].
C’est ainsi que l’on comprend l’importance de la science du Tawḥîd et l’importance de la parole énoncée par l’Imam Abou Ja`far aṭ-Ṭaḥāwiyy lorsqu’il a dit :
وَمَنْ وَصَفَ اللهَ بِمَعْنًى مِنْ مَعَانِي البَشَر فَقَدْ كَفَر
(wa man waṣafa l-Lâha bi ma`nan min ma`âni l-bachar faqad kafar)
ce qui signifie : « Et celui qui attribue à Allāh un des attributs des humains il devient mécréant ». Parmi les attributs des humains, il y a les organes, les mouvements, les changements d’humeurs, la localisation, la forme, la couleur. Allāh est exempt d’une totale exemption de toute ressemblance avec les attributs des humains.
Après ces quelques rappels, notre conseil pour vous, si vous lisez une ‘āyah dans le Qour’ân ou un ḥadīth, dont le sens apparent serait contraire aux ‘âyah explicites, ne vous précipitez pas si vous n’avez jamais entendu l’explication de la part de ceux qui sont qualifiés pour le faire, dites : « ce texte a un sens qui est digne de Allāh » et référez-vous aux ‘āyah explicites. Ne retenez pas le sens apparent, un sens qui conduirait à penser que Allāh aurait des similitudes avec les choses qu’Il a créées.
Suivez la parole de l’Imam Aḥmad Ar-Rifa`iyy, lui qui a vécu dans le sixième siècle de l’Hégire et qui était le savant de son époque, il était Mouḥaddith [spécialiste du ḥadīth] et Moufassir [spécialiste de l’exégèse du Qour’ân], il a dit dans son livre Al-Bourhânou l-Mou’ayyad au sujet des termes suivants qui font partie de ce qui n’est pas explicite dans la langue arabe : fawq, yad, `ayn, sāq, nouzôul : « Tout ceci est bien parvenu dans le Livre et la Sounnah avec un sens apparent indiquant ce qui a été cité, mais il est également parvenu dans le Livre et la Sounnah ce qui est semblable et qui en explique le sens visé ».
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.