jeudi octobre 3, 2024

L’interrogation rhétorique dans la langue arabe et dans le Qour’ân

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم

La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent. Et que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle soient accordées à notre Maître Mouḥammad Al-‘Amîn, l’Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l’Islam la religion de tous les Prophètes du premier ‘Adam `alayhi s-salâm au dernier Mouḥammad ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam.

Chapitre sur l’interrogation (al-istifhâm)

Tiré du livre de l’Imam As-SouyouTiyy al-‘Itqânou fi Ma`rifati `Oulôumi l-Qour’ân:

As-Souyoutiyy a dit dans le livre Al-‘Itqan fi Ma`rifat `Ouloum al-Qour’an : « Parmi les différentes sortes d’énoncés, il y a l’interrogation –istifhâm– qui est la demande de compréhension, et elle a le sens de la demande d’information –istikhbâr–. Et il a été dit que la demande d’information –istikhbâr–, c’est la première demande d’information à propos d’un sujet. Si la réponse n’a pas été comprise parfaitement et qu’on repose la question à ce sujet, cela devient alors une interrogation –istifhâm–. Ceci a été rapporté par Ibn Faris dans Fiqh al-Loughah.

Les particules interrogatives –‘adawât al-istifhâm–

  • أ (al-hamzah)  ?, est-ce que
  • هل (hal) ?, est-ce que
  • ما (ma) que, qu’est-ce que
  • من (man) qui
  • أيّ (‘ayy) quel
  • كم (kam) combien
  • كيف (kayf) comment
  • أين (‘ayn) où
  • أنّى (‘annâ) d’où, quand, comment
  • متى (matâ) quand
  • أيّان (‘ayyân) quand (pour le futur)

Ces termes ont déjà été cités au chapitre des particules.

D’autre part, Ibn Mâlik a dit dans Al-MiSbâH que tout terme en dehors de la hamzah la remplace dans sa fonction.

Du fait que l’interrogation consiste à chercher à avoir à l’esprit une compréhension d’une chose « extérieure » [c’est à dire une chose à propos de laquelle on n’a pas d’idée dans l’esprit et sur laquelle on ne peut donc pas porter de jugement], elle n’est prise au sens propre que si elle émane de quelqu’un qui n’a pas une connaissance catégorique et qui croit en la possibilité d’obtenir cette information. En effet, de la part de quelqu’un qui n’a aucun doute, l’interrogation reviendrait à chercher à obtenir ce qui est déjà acquis [ce qui serait absurde]. Et s’il ne croyait pas en la possibilité d’obtenir l’information, l’interrogation serait alors pour lui dénuée d’intérêt.

Certains Imams ont dit : « Ce qui est parvenu dans le Qour’ân sur le mode interrogatif, cela n’advient, dans la parole que Allāh adresse à Ses créatures, que dans un sens où l’allocutaire –celui à qui la parole est adressée– a déjà connaissance de ce qui est confirmé ou nié par cette forme interrogative. »

L’interrogation rhétorique

Il se peut que la tournure interrogative soit utilisée dans un autre sens que la demande de compréhension ou d’information, au sens figuré –majâz–. Il s’agit alors d’une interrogation oratoire ou rhétorique.

Le grand savant Chams ad-Din fils de As–Sâi’gh a composé un ouvrage qu’il a appelé RawD al-’Afhâm fi ‘Aqsâm al-Istifhâm, dans lequel il a mentionné les différentes sortes d’interrogation rhétorique. Il a dit: « Les arabes ont étendu leurs possibilités de langage et ont fait sortir l’interrogation de son sens propre –qui est la demande de compréhension– pour lui donner d’autres sens, ils l’ont alors imprégnée de ces différents sens. Et ce dépassement –au-delà du sens propre– n’est pas spécifique à la hamzah, contrairement à ce qu’a dit As–Saffâr. » Fin de citation

Nous citerons ci-après un exemple de chacune des trente-deux sortes d’interrogation rhétorique, tiré de ce qu’a cité As-SouyouTiyy dans son livre Al-‘Itqân, en mentionnant également une ou plusieurs autres sources parmi les livres de tafsir, de ḥadīth ou de langue arabe concernant l’explication du verset cité par As-SouyôuTiyy.

1- Le sens de la négation (al-‘inkar) dans le verset:   

﴿ أَشَهِدُواْ خَلۡقَهُمۡۚ ﴾

(‘achahidôu khalqahoum)

Signification littérale: « Ont-ils été témoins de leur création !? »

Fahkr ad-Din Ar-Raziyy, dans At-Tafsir al-Kabir, a dit : « C’est une forme interrogative à titre de négation. » Cela signifie donc qu’ils n’ont pas été témoins de leur création.

2- Le sens du blâme (at-tawbîkh) dans le verset:   

﴿ أَتَعۡبُدُونَ مَا تَنۡحِتُونَ ﴾

(‘ata`boudôuna mâ tanHitôun)

Signification littérale: « Adorez-vous ce que vous sculptez !? »

Abou Hayyân Al-‘Andalouciyy, dans Al-Baḥr al-MouHît, a dit: « C’est une interrogation de blâme et de désaveu envers eux. » Fin de citation C’est-à-dire comment vénèrent-ils des images qu’ils ont façonnées de leurs mains et auxquelles ils ont donné les formes qu’ils souhaitent !

3- Le sens de la confirmation (at-taqrîr) dans le verset:

﴿ أَلَمۡ نَشۡرَحۡ لَكَ صَدۡرَكَ ﴾

(‘alam nachraḥ laka Sadrak)

Signification littérale: « N’avons-nous pas épanoui ton cœur [en l’éclairant de sagesse et de connaissance, et en l’élargissant pour recevoir ce qui t’est révélé] !? »

Abou Hayyân a cité ce verset dans le commentaire de sourat Al-Baqarah dans Al-Baḥr al-MouHîT comme exemple de l’interrogation de confirmation. An-Naçafiyy a dit dans son livre d’exégèse de Qour’an intitulé Madârik at-Tafsîr wa Haqâ’iq at-Ta’wîl pour expliquer cette ‘âyah : « C’est une tournure interrogative sur l’absence d’épanouissement du cœur, à titre de négation. Ce qui revient justement à confirmer l’épanouissement du cœur. Comme s’il avait été dit : Nous avons certes épanoui ton cœur. » Fin de citation.

4- Le sens de l’étonnement ou le fait d’étonner (at-ta`ajjoub wa t-ta`jib)

﴿ مَا لِيَ لَآ أَرَى ٱلۡهُدۡهُدَ ﴾

(mâ liya lâ ‘ara l-houd-houd)

Signification littérale: « Qu’ai-je donc !?  Je ne vois pas la huppe »

Il est mentionné par Al-Qounawiyy dans ses annotations sur le Tafsir de Al-BayDawiyy, et dans les annotations de As–Sabbân sur le commentaire de Al-‘Achmouniyy sur la ‘Alfiyyah de Ibn Mâlik, que l’interrogation dans ce verset indique l’étonnement [du Prophète Soulaymân de ne pas voir la huppe].

5- Le sens du reproche (al-`itâb)
    

﴿ أَلَمۡ يَأۡنِ لِلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ أَن تَخۡشَعَ قُلُوبُهُمۡ لِذِكۡرِ ٱللَّهِ ﴾

(‘alam ya’ni lil-ladhîna ‘âmanou ‘an takhcha`a qoulôubouhoum lidhikri l-Lâh)

Signification littérale: « Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui sont croyants, que leurs cœurs s’attendrissent à l’évocation de Allāh ?! »

Dans le ṣaḥīḥ de Mouslim d’après Ibn Mas`ôud, il a dit: « Il ne s’est écoulé entre le moment de notre entrée en Islam et le reproche que Dieu nous a adressé dans ce verset que quatre ans. »

6- Le sens du rappel (at-tadhkîr)
    

﴿ هَلۡ عَلِمۡتُم مَّا فَعَلۡتُم بِيُوسُفَ وَأَخِيهِ ﴾

(hal `alimtoum mâ fa`altoum biyôuçoufa wa ’akhîh)  

Signification littérale: « Savez-vous ce que vous avez fait de Yôuçouf et de son frère !? »

Al-Qourtoubiyy a dit dans Al-Jâmi` li-‘Ahkâm al-Qour’ân : « C’est une forme interrogative dans le sens du rappel et du blâme. »
    

7- Sens du fait de s’enorgueillir (al-iftikhâr)

﴿ أَلَيۡسَ لِي مُلۡكُ مِصۡرَ ﴾

(‘alayça lî moulkou miSra)   

Signification littérale: « N’ai-je pas la souveraineté sur l’Égypte !? »

Ar-Râziyy a cité dans l’exégèse de sourat Maryam que la forme interrogative ici est pour exprimer la vanité. C’est ce qu’a dit Al-‘Alouciyy dans RôuH al-Ma`ânî fî tafsîr al-Qour’ân al-Karîm wa s-sab` al-Mathânî.

8- Sens de l’affliction (at-tafajjou`)

﴿ مَالِ هَٰذَا ٱلۡكِتَٰبِ لَا يُغَادِرُ صَغِيرَةً وَلَا كَبِيرَةً ﴾

(mâli hâdha l-kitâbi lâ youghâdirou Saghîratan wa lâ kabîrah)   

Signification littérale: « Qu’a donc ce livre à n’omettre de mentionner aucun péché, petit ou grand !? »

Ibn Fâris a dit dans As–Sahibiyy, à propos de la langue arabe, de ses questions et des usages des Arabes dans leur langage : « Le terme peut être [formellement] une demande d’information, mais le sens est d’exprimer l’affliction » et il a donné ce verset à titre d’exemple.

9- Sens de l’intimidation et le fait de susciter la peur (at-tahwîl wa t-takhwîf)

ٱلۡحَآقَّةُ ﴿١﴾ مَا ٱلۡحَآقَّةُ ﴿٢﴾

(al-Hâqqatou ma l-Hâqqah)

Signification littérale: « L’Heure inéluctable ! Qu’est-ce que l’Heure inéluctable !? »

Cela a été cité par Al-Baydawiyy dans l’exégèse de sourat Al-Hâqqah.

10- Sens du fait de faciliter et d’alléger (At-tas-hîl wa t-takhfîf)

﴿ وَمَاذَا عَلَيۡهِمۡ لَوۡ ءَامَنُواْ ﴾

(wa mâdhâ `alayhim law ‘âmanôu)   

Signification littérale: « Qu’auront-ils à subir s’ils deviennent croyants !? »

Cela a été rapporté par Al-Qounawiyy dans ses annotations sur le tafsîr de Al-BayDawiyy.

11- Le sens de la menace et la promesse de châtiment (At-tahdîd wa l-wa`îd

﴿ أَلَمۡ نُهۡلِكِ ٱلۡأَوَّلِينَ ﴾

(‘alam nouhliki l-‘awwalîn)

Signification littérale: « N’avons-Nous pas anéanti les peuples précédents [qui ont démenti les Prophètes] !? »

Cela est rapporté par Al-Qounawiyy dans ses annotations sur le tafsîr de Al-BayDawiyy.

12- Le sens du grand nombre (At-takthîr)

﴿وَكَم مِّن قَرۡيَةٍ أَهۡلَكۡنَٰهَا﴾

(wakam min qaryatin ‘ahlaknâhâ)
    

Signification littérale: « Combien de villages avons-Nous fait périr !? »

Al-QourToubiyy a dit dans Al-Jâmi` li-‘Ahkâm al-Qour’ân à propos de ce verset que كم (kam) –exprimé par combien, ici– veut dire qu’il y en a beaucoup.

13- Sens de l’équivalence (at-taswiyah)

﴿ سَوَآءٌ عَلَيۡهِمۡ ءَأَنذَرۡتَهُمۡ أَمۡ لَمۡ تُنذِرۡهُمۡ ﴾

(sawâ’oun `alayhim ‘a’andhartahoum ‘am lam toundhirhoum)

Signification littérale: « Les auras-tu avertis ou ne les auras-tu pas avertis !? C’est égal ! [concernant ceux qui ont mécru]. »

C’est rapporté par At–Tabariyy dans Jâmi` al-Bayân `an Ta’wîl ‘Âyi al-Qour’ân.

14- Sens de l’ordre (al-‘amr)

﴿ فَهَلۡ أَنتُم مُّنتَهُونَ ﴾

(fahal ‘antoum mountahôun)

Signification littérale: « Allez-vous vous en abstenir !? »

C’est rapporté par Abou Hayyân dans Al-Baḥr al-MouHît

15- Sens de l’avertissement (at-tanbîh)

﴿ فَأَيۡنَ تَذۡهَبُونَ ﴾

(fa’ayna tadhhabôun)

Signification littérale: « Où allez-vous donc !? »

C’est rapporté par Al-Qazwîniyy dans talkhîS al-MiftâH.

16- Sens du fait de rendre désirable (at-targhîb)

﴿ هَلۡ أَدُلُّكُمۡ عَلَىٰ تِجَٰرَةٍ تُنجِيكُم ﴾

(hal ‘adoulloukoum `alâ tijâratin tounjîkoum)   

Signification littérale: « Voulez-vous que je vous indique un commerce qui vous sauvera !? »

C’est rapporté par Al-Mawardiyy dans An-Noukat wal-`Ouyôun.

17- Sens de l’interdiction (An-nahy)

﴿ مَا غَرَّكَ بِرَبِّكَ ٱلۡكَرِيمِ ﴾

(mâ gharraka bi-Rabbika l-Karîm)

Signification littérale: « Qu’est-ce donc qui t’a trompé au sujet de ton Seigneur, Celui Qui accorde beaucoup de bienfaits !? »

As-SouyouTiyy a dit dans Al-‘Itqân : « C’est-à-dire : ne te laisse pas tromper à Son sujet. »

18- Sens de l’invocation (Ad-dou`â’)

﴿ أَتُهۡلِكُنَا بِمَا فَعَلَ ٱلسُّفَهَآءُ ﴾

(‘atouhlikounâ bimâ fa`ala s-soufahâ’)

Signification littérale: « Nous anéantiras-Tu pour ce que les impudents ont fait !? »

Al-QourToubiyy dans Al-Jâmi` li-‘AHkâm al-Qour’ân a dit que le sens ici c’est l’invocation et la demande, c’est-à-dire : « Ne nous anéantis pas. »

19- Sens de la demande d’être guidé vers la vérité (Al-istirchâd)

﴿ أَتَجۡعَلُ فِيهَا مَن يُفۡسِدُ فِيهَا ﴾

(‘ataj`alou fîhâ man youfsidou fîhâ)

Signification littérale: « Y mettras-Tu des gens qui y sèmeront la corruption !? »

At–Tabariyy dans Jami` al-Bayân `an Ta’wîl ‘Âyi al-Qour’ân a dit : « Ceci est, de la part des anges, une demande d’être guidés vers la vérité concernant ce qu’ils ne savaient pas à ce sujet. C’est comme s’ils avaient dit : « Ô notre Seigneur, informe-nous » à titre de demande d’information qu’ils adressent à Allāh. »

20- Sens du souhait (At-tamannî)   

﴿ فَهَل لَّنَا مِن شُفَعَآءَ ﴾

(fahal lanâ min choufa`â’)

Signification littérale: « Aurons-nous des intercesseurs !? »

Al-QourToubiyy a dit dans son tafsîr « C’est une interrogation –istifhâm– qui comporte ici le sens du souhait. »

21- Sens de la demande qu’une chose arrive rapidement (Al-istibTâ’)

﴿ مَتَىٰ نَصۡرُ ٱللَّهِۗ ﴾

(matâ naSrou l-Lâh)

Signification littérale: « Quand viendra enfin la victoire de la part de Allāh !? »

Al-Qounawiyy a dit dans ses annotations sur le tafsîr de Al-BayDawiyy à propos de ce verset : « Le terme متى –traduit par quand– est interrogatif, mais il n’est pas possible, ici, de lui donner son sens propre. On lui donne donc un sens figuré qui est le fait de trouver le temps long, ce qui revient à demander que la chose visée arrive. »

22- Sens de l’offre (Al-`arḍ)  

﴿ أَلَا تُحِبُّونَ أَن يَغۡفِرَ ٱللَّهُ لَكُمۡۚ ﴾

(‘alâ touHibbôuna ‘an yaghfira l-Lâhou lakoum)

Signification littérale: « Ne souhaitez-vous pas que Allāh vous pardonne !? »

Cela a été cité par Ad-Douçouqiyy dans ses annotations sur le livre intitulé Moughni al-Labîb `an Koutoub al-‘A`ârîb.

23- Sens de l’incitation (At-tahdîd)

﴿ أَلَا تُقَٰتِلُونَ قَوۡمًا نَّكَثُوٓاْ أَيۡمَٰنَهُمۡ ﴾

(‘alâ touqâtilôuna qawman nakathôu ‘aymânahoum)

Signification littérale: « N’allez-vous pas combattre des peuples qui ont trahi leur engagement !? »

Al-QourToubiyy a dit : « C’est un blâme qui comporte aussi le sens de l’incitation. Abou Hayyân a dit dans Al-Baḥr al-MouHîT : « ‘alâ est une particule qui revient à faire une proposition, et ici, elle veut dire l’incitation. »

24- Sens de l’ignorance feinte (At-tajâhoul)

﴿ أَءُنزِلَ عَلَيۡهِ ٱلذِّكۡرُ مِنۢ بَيۡنِنَاۚ ﴾

(‘a’ounzila `alayhi dh-dhikrou min bayninâ)

Signification littérale: « Est-ce que la révélation serait descendue sur lui au lieu de descendre sur quelqu’un d’entre nous !? »

Abou Hayyan a dit dans Al-Bahr al-MouHîT : « Ils ont renié qu’il soit distingué par l’honneur, lui, plutôt que leurs nobles, et qu’il reçoive le Livre alors qu’eux ne l’ont pas reçu. C’est un reniement qui provient de la grande jalousie que recelaient leurs cœurs, de sorte que leurs langues l’ont exprimée. »

25- Sens de la glorification (At-ta`DHîm)

﴿ مَن ذَا ٱلَّذِي يَشۡفَعُ عِندَهُۥٓ إِلَّا بِإِذۡنِهِۦۚ ﴾

(man dha l-ladhî yachfa`ou `indahôu ‘il-la bi’idhnih)

Signification littérale: « Qui donc intercèdera, sinon avec Son autorisation !? »

Abou Hayyan a dit dans Al-Bahr al-Mouhit : « Dans ce verset, il y a la plus grande preuve de l’éminence de la souveraineté de Dieu et de l’éminence de Sa gloire, car personne ne pourra s’avancer pour intercéder sauf avec Son autorisation ta`ālā. »

26- Sens du rabaissement (At-taḥqîr)

﴿ أَهَٰذَا ٱلَّذِي بَعَثَ ٱللَّهُ رَسُولًا ﴾

(‘ahâdha l-ladhî ba`atha l-Lâhou raçôulâ)

Signification littérale: « Est-ce celui-là que Allāh a envoyé en tant que messager !? »

Al-Baydawiyy a dit dans son Tafsir que l’emploi du démonstratif « hâdhâ » –qui est traduit par « celui-là »– indique le mépris [de la part des mécréants].

27- Sens de la suffisance (Al-iktifâ’)

﴿ أَلَيۡسَ فِي جَهَنَّمَ مَثۡوًى لِّلۡمُتَكَبِّرِينَ ﴾

(‘alayça fi jahannama mathwan lil-moutakabbirîn)

Signification littérale: « N’est-ce pas qu’il y a en enfer une résidence pour ceux qui ont fait preuve d’orgueil à l’égard de Dieu !? »

At–Tabariyy a dit dans l’exégèse de cette ‘ayah : « N’est-ce pas qu’il y a en enfer une résidence et une demeure pour ceux qui ont fait preuve d’orgueil à l’égard de Dieu, qui se sont abstenus de croire en Son unicité, et d’en venir à Lui obéir en ce qu’Il leur a ordonné et interdit de faire ? »

28- Sens du fait de considérer improbable (Al-istib`âd)

﴿ وَأَنَّىٰ لَهُ ٱلذِّكۡرَىٰ ﴾

(wa ’annâ lahou dh-dhikrâ)

Signification littérale: « Comment, alors, bénéficierait-il du rappel !? »

Abou Hayyan a dit dans Al-Bahr al-Mouhit : « c’est-à-dire [comment aurait-il] le bénéfice du rappel ? En effet, ce sera un temps dans lequel les remords ne seront plus utiles. S’il avait accepté l’exhortation dans le bas monde, cela lui aurait été utile dans l’au-delà. »

29- Sens du réconfort (Al-‘inâs)

﴿ وَمَا تِلۡكَ بِيَمِينِكَ يَٰمُوسَىٰ ﴾

(wa mâ tilka biyamînika yâ Môuçâ)

Signification littérale: « Et qu’as-tu dans ta main droite, ô Môuçâ !? »

C’est rapporté par An-Naçafiyy dans son tafsîr.

30- Le rabaissement (At-tahakkoum wal-‘istihzâ’)

﴿مَا لَكُمۡ لَا تَنطِقُونَ﴾

(ma lakoum la tantiqoun)

Signification littérale: « Qu’avez-vous !? Vous ne parlez pas !? »

C’est rapporté par At–Tabariyy dans Jami` al-Bayan `an Ta’wil ‘Ay al-Qour’an.

31- Sens de l’insistance sur le sens compris d’une interrogation précédente (At-ta’kîd limâ sabaqa min ma`n al-istifhâm)

﴿ أَفَمَنۡ حَقَّ عَلَيۡهِ كَلِمَةُ ٱلۡعَذَابِ أَفَأَنتَ تُنقِذُ مَن فِي ٱلنَّارِ ﴾

(‘afaman haqqa `alayhi kalimatou l-`adhâbi ‘afa’anta tounqidhou man fi n-nâr)

Signification littérale: « Est-ce que ceux à qui le châtiment est prédestiné [seront guidés] ?!  Est-ce que tu peux sauver quelqu’un qui est dans le feu !? »

C’est cité par Al-QourToubiyy dans al-Jami` li’AHkâm al-Qour’ân.

32- Sens de l’information (Al-‘ikhbâr)

﴿ أَفِي قُلُوبِهِم مَّرَضٌ أَمِ ٱرۡتَابُوٓاْ ﴾

(‘afî qoulôubihim maraDoun ‘amirtâbôu)

Signification littérale: « Y a-t-il une maladie dans leurs cœurs ?! Ou bien doutent-ils !? »

C’est rapporté par Fakhr ad-Din Ar-Râziyy dans son Tafsir al-Kabîr : « La tournure est interrogative, mais le sens est informatif, comme l’a dit Jarîr: « N’êtes-vous pas les meilleurs cavaliers, et les gens les plus généreux !?  » »

Parmi les exemples d’interrogation rhétorique, il y a la parole de Ibrahîm qu’il a adressée à son peuple :

﴿ مَا تَعۡبُدُونَ ﴾

(mâ ta`boudôun)

citée dans sourat Ach-Chou`arâ’ :

﴿ وَٱتۡلُ عَلَيۡهِمۡ نَبَأَ إِبۡرَٰهِيمَ إِذۡ قَالَ لِأَبِيهِ وَقَوۡمِهِۦ مَا تَعۡبُدُونَ قَالُواْ نَعۡبُدُ أَصۡنَامًا فَنَظَلُّ لَهَا عَٰكِفِينَ ﴾

(watlou `alayhim naba’a ‘Ibrahîma ‘idh qâla li’abihi wa qawmihi mâ ta`boudôun qâlôu na`boudou ‘aSnâman fanaDHallou lahâ `âkifîn)

[sourat Ach-Chou`arâ’ / 69-70-71] qui signifie : « Et cite-leur le récit de Ibrahîm lorsqu’il a dit à son père et à son peuple : « Qu’est-ce que vous adorez !? » Ils ont dit : « Nous adorons des idoles et nous leur vouons un culte toute la journée. » »

En effet, ‘Ibrahim `alayhi s–Salâtou wa s-salâm n’a pas demandé à son peuple, lorsqu’il les a questionnés, de répondre qu’ils sont des mécréants qui adorent les idoles ! Il ne les a questionnés que sur la nature même des idoles qu’ils adoraient, afin de leur montrer l’invalidité de l’adoration qu’ils leur vouaient. C’est-à-dire qu’il les a questionnés : « N’est-ce pas que ce que vous adorez, ce sont des pierres, du bois et des métaux, que vous avez-vous-mêmes façonnés de vos mains, que vous avez taillés vous-mêmes, et sur lesquelles vous avez agi ? Comment pouvez-vous les adorer !? »

Ce style de parole n’est pas étrange pour les gens de science. En effet, les savants de la langue arabe ont étendu l’usage de l’interrogation à beaucoup de significations, dont la confirmation, l’étonnement ou le fait d’étonner, le reproche, le rappel, le fait de s’enorgueillir, l’affliction, l’intimidation et le fait de susciter la peur, le fait de faciliter et d’alléger, la menace et la promesse de châtiment, le grand nombre, l’équivalence, l’ordre, l’avertissement, le fait de rendre désirable, l’interdiction, l’invocation, la demande d’être guidé vers la vérité, le souhait, la demande qu’une chose arrive rapidement, l’offre, l’incitation, l’ignorance feinte, la glorification, le rabaissement, la suffisance, le fait de considérer improbable , le réconfort, le sarcasme et la moquerie, l’insistance sur le sens compris d’une interrogation précédente et l’information.

Et c’est pour cela que Ibnou `Atiyyah a dit dans son Tafsir à propos de ce verset : « C’est une forme interrogative dans le sens de la confirmation –taqrir– » Fin de citation C’est-à-dire qu’il savait ce qu’il adoraient, mais il n’a posé la question que pour confirmer la preuve. Abou Hayyan a dit dans Al-Bahr al-Mouhit : « C’est une forme interrogative dans le sens du rabaissement et de la confirmation –taqrîr. » Et ce qui est visé par le mot taqrîr, chez les savants de la rhétorique, c’est l’affirmation et la confirmation, et non pas la demande d’information.

Al-BayDâwiyy a dit dans son tafsîr : « Il les a interrogés pour leur montrer que ce qu’ils adoraient ne mérite pas l’adoration. »

Al-Qounâwiyy a dit dans ses annotations sur le Tafsir de Al-BayDâwiyy : « En somme, la forme interrogative ici est pour renier [leur croyance] et non pour se renseigner [à ce propos]. »

Al-‘Îjiyy le chaféite a dit dans son tafsîr appelé Jâmi` al-Bayân : « Il a renié ainsi leur adoration des idoles. »

Al-Baghawiyy a dit dans son tafsîr : « C’est une forme interrogative dans le sens du blâme. »

Et dans les annotations de MouHyi d-dîn chaykh Zâdah sur le tafsîr de Al-BayDâwiyy : « C’est une forme interrogative pour les blâmer et les réprimander de suivre cette voie. »

Ar-Râziyy a dit : « Ibrahîm leur a dit :  مَا تَعۡبُدُونَ « Qu’est-ce que vous adorez ? » alors qu’ Ibrahîm `alayhi s-salâm savait qu’ils étaient des adorateurs d’idoles, mais il les a interrogés pour leur montrer que ce qu’ils adoraient ne mérite aucunement l’adoration. » Cela a été dit aussi par An-Naçafiyy dans son tafsîr bien connu.

La règle de base en Islam est la suivante : aider au bien est un bien et aider au péché est un péché donc aider à la mécréance est de la mécréance et approuver la mécréance est de la mécréance, c’est à dire être d’accord et accepter la mécréance est de la mécréance. Allāh Ta`âlâ dit :

﴿ وَتَعَاوَنُوا عَلَى الْبِرِّ‌ وَالتَّقْوَىٰ ۖ وَلَا تَعَاوَنُوا عَلَى الْإِثْمِ وَالْعُدْوَانِ ۚ وَاتَّقُوا اللَّـهَ ۖ إِنَّ اللَّـهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ ﴾

ce qui signifie: « Aidez vous pour le bien et la piété et ne vous aider pas pour le péché et l’injustice » [sôurat al-Mâ’idah / 2].