jeudi octobre 3, 2024

Ne pas Donner des avis de religion (fatwa) sans science

بِسمِ اللهِ الرَّحمـنِ الرَّحِيم

Je commence en citant le nom de Allāh, Ar-Raḥmān, Celui Qui accorde beaucoup de miséricordes aux croyants et aux non croyants dans le bas monde mais uniquement aux croyants dans l’au-delà, Ar-Raḥîm, Celui Qui accorde beaucoup de miséricordes aux croyants

La louange est à Allāh le Seigneur des mondes, que davantage d’honneur et d’élévation en degrés soient accordés à notre maître Mouḥammad ainsi que la préservation de sa communauté de ce que le Messager de Allāh craint pour elle.

Discours du Vendredi: Mise en garde contre le fait de donner des avis de religion (fatwa) sans science

La louange est à Allāh Qui a enseigné à l’être humain ce qu’il ne savait pas, Qui a fait que cette religion ait des hommes qui donnent des avis de jurisprudence avec science et qui, lorsqu’ils ne savent pas, ne passent pas à côté de la parole « je ne sais pas ». Nous demandons que Allāh nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres; celui que Allāh guide nul ne peut l’égarer, et celui qu’Il égare nul ne peut le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allāh, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, qu’Il n’a pas de semblable et que rien ne Le rend impuissant, que les imaginations ne L’atteignent pas et que les compréhensions ne Le cernent pas, qu’Il n’a pas de ressemblance avec les gens.

Je témoigne que notre maître Mouḥammad est Son esclave élu, Son Prophète agréé et Son Messager élevé en degré, qu’il est le dernier des prophètes et l’Imâm des pieux, le maître des envoyés et le bien aimé du Seigneur des mondes. Que Allāh honore et élève davantage en degré Mouḥammad, ainsi que sa pure famille et ses bons compagnons, et que Allāh préserve sa communauté de ce qu’il craint pour elle.

Après cette introduction, je vous recommande ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allāh Al-`Aliyy, Al-`Adhîm, faites preuve de piété à Son égard, craignez-Le, ordonnez-vous les uns les autres d’accomplir ce qu’Il nous ordonne, et abstenez-vous de ce qu’Il a interdit, persévérez sur la bonne guidée du Prophète Mouḥammad, que lui soit accordée la plus grande élévation en degré et l’apaisement le plus complet quant au sort de sa communauté.

Sachez que Allāh soubḥânahou wa ta`ālā interroge Son esclave au Jour du jugement sur l’usage qu’il aura fait de sa parole, de son ouïe, de sa vue et de son cœur et sur le fait d’avoir dit dans le bas monde : telle chose est permise et telle chose n’est pas permise.

Notre Seigneur tabâraka wa ta`ālā dit dans le Qour’ân Honoré :

﴿ وَلَا تَقْفُ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ إِنَّ السَّمْعَ وَالْبَصَرَ وَالْفُؤَادَ كُلُّ أُوْلَئِكَ كَانَ عَنْهُ مَسْئُولًا ﴾

(wa lâ taqfou mâ layça laka bihi `ilmoun inna s-sam`a wal-baSara wal-fou’âda koullou ôula’ika kâna `anhou mas’ôulâ) [sôurat Al-Isrâ’ / 36]

ce qui signifie: « Ne dis pas des choses dont tu n’as pas connaissance; certes l’ouïe, la vue et le cœur, sur chacun d’eux l’esclave sera interrogé à ce sujet » c’est-à-dire: ne dis pas des paroles sans science. Ainsi, donner des avis, des fatwa, sans science, fait partie des grands péchés.

Le Hâfidh Ibnou `Açâkir, dans Mou`jam chouyoukh Ibnou `Açâkir, a rapporté que le Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit:

« من أفتى بغيرِ علمٍ لعَنَتْهُ ملائِكةُ السماءِ والأرضِ »

(man aftâ bighayri `ilmin la`anathou malâ’ikatou s-samâ’i wa l-‘arḍ)

ce qui signifie: « Celui qui donne un avis sans science, les anges du ciel et de la Terre le maudissent. »

Si tel est le cas, alors, que veut dire donner un avis avec science ? Soyez bien attentifs ; celui qui donne un avis, une fatwa, soit il est un savant du plus haut degré capable de déduire les jugements à partir des textes et c’est donc un moujtahid, soit il ne l’est pas et c’est donc un mouqallid qui doit se limiter aux fatwa d’un moujtahid, soit c’est quelqu’un qui ose donner des jugements sans science.

Un moujtahid, c’est quelqu’un qui a l’aptitude à faire l’ijtihad, c’est-à-dire qu’il lui est permis de le faire en fonction de qualités bien précises et de conditions qu’il est indispensable qu’elles soient réunies en lui. Ce sont des qualités et des conditions qui ne sont pas présentes chez la majorité des gens de cette époque.

L’Imâm Ach-Châfi`iyy a dit que quelqu’un ne sera apte à faire l’ijtihad qu’après avoir connu ce qui l’a précédé comme traditions rapportées, paroles des salâf, unanimité des gens et divergences des savants – afin de ne pas aller à l’encontre de l’unanimité – et de la langue des arabes et des significations de ce qui est parvenu dans les textes de la Loi conformément avec la parole des arabes. Il est une condition que le moujtahid connaisse par cœur les versets portant sur les jugements pratiques et les ḥadīth portant sur les jugements pratiques ; en connaissant leurs chaînes de transmission ainsi que l’état des gens qui composent ces chaînes de transmission ; en connaissant aussi les textes qui abrogent et ceux qui sont abrogés ; ce qui a une portée générale et ce qui est particulier ; ce qui est absolu et ce qui est restreint à conditions, sans compter une capacité intellectuelle exceptionnelle c’est-à-dire une très forte compréhension et une grande sagesse, avec la rectitude, c’est-à-dire qu’il soit digne de confiance.

Un tel homme, quand il donne une fatwa, il donne un avis en fonction de son effort de déduction, de son ijtihad.

Où va-t-on trouver quelqu’un qui réunit toutes ces caractéristiques dans cette époque ? Et si quelqu’un ne présente pas ces caractéristiques, il doit donc se baser sur les avis d’un imâm moujtahid, c’est-à-dire qu’il rapporte la parole d’un moujtahid sur la question.

Quant à celui qui prétend avoir un degré qu’il n’a jamais atteint, et qui se met à donner aux gens des jugements sans science, il se met à donner des jugements qui concordent avec son avis personnel et ses passions, c’est quelqu’un qui est allé à sa perte, un traître que Allāh tabâraka wa ta`ālā dévoilera dans le bas monde avant l’au-delà, tout comme notre Imâm Ach-Châfi`iyy, que Allāh l’agrée, a dit: « Celui qui se place lui-même au-dessus de sa propre valeur, Allāh ta`ālā le ramènera à sa juste valeur » [Voir le Majmôu`, Commentaire du Mouhadhdhab, tome 1 page 13.].

Alors gardez-vous bien de donner des jugements sans science, que vous soyez homme ou femme. Ne passez pas à côté de la parole « je ne sais pas », car cette parole « je ne sais pas » représente la moitié de la science.

Vous avez en la personne du Messager de Allāh un excellent modèle, puisque dans le ḥadīth, un homme avait interrogé le Prophète à propos du meilleur des endroits et du pire des endroits. Le Messager a dit :

« لا أَدْرِي حتّى أسأَلَ جِبريل »

(lâ adrî Hattâ as’ala Jibrîl) [rapporté par Al-Bayhaqiyy dans As-Sounanou l-Koubrâ]

ce qui signifie: « Je ne sais pas, je demanderai à Jibrîl. » Puis la révélation est parvenue au Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam que les meilleurs des endroits sur Terre sont les mosquées et que parmi les pires des endroits sur Terre il y a les marchés.

Parmi les causes majeures de la diffusion de l’ignorance et des mauvaises compréhensions chez les gens, il y a justement le fait de donner des fatwa sans science et de demander des fatwa aux ignorants et à ceux qui prétendent la science.

Dans le ḥadīth SaḥiH, authentifié du Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam:

« إِنَّ اللهَ لا يقْبِضُ العِلمَ انْتِزاعًا يَنْتَزِعُهُ مِنَ العِبادِ ولكِنْ يَقْبِضُ العِلْمَ بِقَبْضِ العُلَماءِ حتّى إِذا لَمْ يُبْقِ عالِمًا اِتَّخَذَ الناسُ رُؤُوسًا جُهّالًا فسُئِلُوا فَأَفْتَوا بِغَيرِ عِلمٍ فَضالُّوا وأَضَلُّوا »

(inna l-Lâha lâ yaqbiDou l-`ilma ntizâ`an yantazi`ouhou mina l-`ibâdi wa lakin yaqbiDou l-`ilma biqabDi l-`oulamâ’i Hattâ idhâ lam youbqi `âlimâni t-takhadha n-nâçou rou’ôuçâ jouhhalan façou’ilôu fa’aftaw bighayri `ilmin faDallôu wa aDallôu)

ce qui signifie: « Allāh n’enlève pas la science en l’arrachant des esclaves mais Il enlève la science en faisant mourir les savants, au point que lorsqu’il n’en reste plus aucun, les gens élisent à leur tête des ignorants qui sont interrogés et qui répondent en donnant des avis sans science, ils s’égarent ainsi et ils égarent autrui. »

Le Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam, dans ce ḥadīth, n’a pas donné d’excuse à celui qui donne des avis sans science, ni à celui qui demande des avis à un ignorant. Le premier en raison du fait qu’il a donné des avis sans science ; le deuxième parce qu’il a demandé à celui qui ne mérite pas d’être interrogé.

Le Hâfidh An-Nawawiyy, que Allāh lui fasse miséricorde, a dit: « Il n’est pas permis de demander la fatwa à quelqu’un d’autre qu’à un savant digne de confiance. » Ceci a été cité dans Mouqaddimatou l-Majmôu`.

La voie de la sauvegarde, c’est de se préserver d’abord nous-mêmes, avant de donner un avis de jurisprudence, et de nous rappeler que nous avons devant nous le Paradis et l’enfer. Si la réponse à la question est claire pour nous, comme la clarté du soleil au milieu du ciel, on répond, sinon on ne répond pas. On ne donne aucun avis à partir de ses passions, car celui qui suit ses passions court à sa perte et chutera.

Combien trouvons-nous de gens à notre époque, qui ne reviennent pas aux preuves légales, qui ne se réfèrent pas aux textes du Qour’ân et du ḥadīth, ni aux paroles des savants moujathid qui ont donné des avis, mais ne font que donner des avis concordant avec ce que leur montre leurs passions, ils pèsent cela avec des balances que leur ont embellies leur qârin parmi les chayṭān. Certes nous appartenons à Dieu et nous reviendrons à Son jugement, il n’est de protection contre la désobéissance à Allāh que par Sa préservation et il n’est de force pour Lui obéir que par Son aide. Effectivement, obéissez-Lui en accomplissant les obligations et en vous gardant des interdits et sachez que nous rendrons des comptes dans l’au-delà sur ce que nous aurons dit comme bien ou comme mal. Allāh ta`ālā dit:

﴿ مَا يَلْفِظُ مِنْ قَوْلٍ إِلَّا لَدَيْهِ رَقِيبٌ عَتِيدٌ ﴾

(mâ yalfidhou min qawlin il-lâ ladayhi Raqîboun `Atîd) [sôurat Qâf / 18]

ce qui signifie: « L’esclave ne prononce pas une parole sans que soient auprès de lui Raqîb et `Atîd. »

Le fait de donner un avis religieux sans science fait partie des grands péchés et risque de conduire celui qui se laisse aller à le faire à la mécréance, que Allāh nous en préserve et nous accorde de terminer notre vie sur la foi complète.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allāh Al-`ADHîm me pardonne, ainsi qu’à vous-mêmes. Nous demandons qu’Il préserve en nous notre religion qui est notre capital, qu’Il fasse que nous soyons de ceux qui savent s’arrêter aux limites de la Loi. La meilleure des conclusions est que je demande qu’Il nous accorde une fin heureuse, ô Toi Allāh le plus miséricordieux des miséricordieux.