dimanche décembre 22, 2024
      1. Les Versets clairs et ceux apparemment équivoques

       Définition

       

      1. Le verset explicite (‘AI-‘Âyatoul-Mouhkamah) est soit un verset dont le sens voulu apparaît clairement, soit un verset qui, linguistiquement, ne peut accepter qu’une seule interprétation possible. Tel est le cas des versets suivants, dans lesquels Allâh dit :

      قُلْ هُوَ اللهُ أَحَدٌ

      Ce qui signifie :

      « (Ô! Mouhammad) Dis : Allâh est Unique. »

      (Qour’ân : sourate 112, ‘Al-‘lkhlâs / 1)

      Ou encore

      لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْءٌ

      Ce qui signifie :

      « Absolument rien n’est comme Lui. »

      (Qour’ân : sourate 42, ‘Ach-Choûrâ / 11)

      1. Le verset à sens complexe ou apparemment équivoque (AI-‘Ayatoul-Moutachâbihah) est un verset dont le sens approprié ne transparaît pas à première vue, ou un verset qui, du point de vue linguistique, a plusieurs interprétations. Pour être valable et acceptée, l’interprétation appropriée nécessite une connaissance approfondie de la langue arabe, un effort soutenu dans le raisonnement rationnel, le tout en accord parfait et concordant avec les versets clairs, appelés «mère du Livre», c’est-à-dire la Référence. Il convient donc de savoir comment se comporter face à de tels versets pour ne pas contredire les versets clairs, ni sortir des règles sur l’Unicité de Dieu, car Allâh n’a pas de ressemblance avec Sa créature.

      Ainsi, les gens de la droiture, c’est-à-dire les Sounnites, ont deux méthodes d’approche par rapport aux versets non explicites :

      1. a) Les Savants des trois premiers siècles de parmi les Prédécesseurs pieux (‘As-Salaf ‘AsSâlih), dans la plupart des cas, donnaient une interprétation globale en disant:

      • Nous croyons à ces versets comme étant du Qour’ân,
      • Les versets qui se rapportent à Dieu et à ses Attributs ont un sens qui convient à Dieu,
      • Nous ne cherchons pas à en connaître le sens, mais nous les rapportons aux versets clairs. Autrement dit, leur sens ne peut en aucun cas contredire les versets explicites.

      L’Imam Ach-Châfi^iy, d’une phrase, a expliqué cette démarche en disant :

      آمنت بما جاء عن الله على مراد الله وبما جاء عن رسول الله على مراد رسول الله

      Ce qui signifie :

      « Je crois à tout ce que Dieu a dit selon ce qu’il a voulu ; et je crois à tout ce que le Prophète  a dit selon ce qu’il a voulu. »

      Cependant, certains Savants de parmi les «Salaf» (Prédécesseurs) ont parfois donné une explication aux versets apparemment équivoques. Ainsi, le Traditionaliste Al-Bayhaqiy rapporte que l’Imam Ahmad, que Dieu les agrée, a interprété le verset dans lequel Allâh dit :

      وَجَاء رَبُّكَ وَالْمَلَكُ صَفًّا صَفًّا

      Par :

      « Un effet de l’Omnipotence de ton Seigneur se manifestera (le Jour du Jugement dernier) et les Anges se présenteront rang par rang. »

      (Qour’ân : sourate 89, ‘Al-Fajr / 22)

      Quant à la traduction littérale des anthropomorphistes qui donne : «Ton Seigneur se présentera (ou viendra) ainsi que les Anges rang par rang», c’est de la mécréance, car elle fait ressembler Allâh à Sa créature.

      Il en est également du verset dans lequel Allâh dit :

      كُلُّ شَىْءٍ هَالِكٌ إِلاَّ وَجْهَهُ

      Les anthropomorphistes, empêtrés qu’ils sont dans leur obsession, disent que «son Wajh» veut dire «son visage ou sa face». Par conséquent, ils lisent le verset de la façon suivante :

      « Chaque chose sera anéantie, sauf sa face. »

      Cependant, l’Imam Al-Boukhâriy, dans son livre «Sahiyh», se basant sur la Croyance des gens de la droiture, rapporte que «son Wajh» ici veut dire le Pouvoir ou la Souveraineté de Dieu. Ainsi, il a interprété le verset comme suit:

      « Chaque chose est anéantissable, excepté son Pouvoir. »

      (Qour’ân : sourate 28, ‘Al-Qasas / 88)

      Toujours dans le même livre, l’Imam Al-Boukhâriy rapporte aussi que «son Wajh» est également utilisé pour dire :

      «Les bons actes accomplis pour l’agrément de Dieu».

      Ainsi, dans le verset suivant Dieu dit :

      كُلُّ مَنْ عَلَيْهَا فَانٍ {26} وَيَبْقَى وَجْهُ رَبِّكَ ذُو الْجَلالِ وَالْإكْرَامِ {27}

      Ce qui signifie :

      « Tout ce qui est sur Terre sera anéanti, seule demeurera la récompense des bons actes accomplis pour l’agrément de Dieu dont la Majesté et la Munificence sont illimitées. »

      (Qour’ân : sourate 55, ‘Ar-Rahmân / 26-27)

      Par ailleurs, à propos du verset dans lequel Allâh dit:

      وَللهِ الْمَشْرِقُ وَالْمَغْرِبُ فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ فَثَمَّ وَجْهُ اللهِ

      « Wa lil-Lâhil-machriqou wal maghribou fa’aynamâ touwal-loû fathamma wajhoul-Lâh. »

      Là encore, fidèles à leurs mauvais penchants, les anthropomorphistes parlent de “wajh” dans le sens de “face” ou “visage”. Ce qui les conduit à traduire le verset comme suit :

      « Le levant et le couchant appartiennent à Allâh. Quelle que soit la direction vers laquelle vous vous tournez, là est la face de Dieu. »

      Une telle traduction est illogique, car elle est contraire à la bonne Croyance.

      Le Traditionaliste ‘Al-Bayhaqiy, dans son livre “AI-‘Asmâ’ou wasSifât” (Les Noms et les Attributs), rapporte que Moujâhid, l’élève de ‘Ibnou ^Abbâs, le cousin du Prophète , a dit que “Wajh” ici signifie la “Qiblah de Dieu”, c’est-à-dire la direction de la prière. Autrement dit, celui qui voyage sur une monture (cheval, mulet par exemple) peut, tout en poursuivant sa route et sans mettre pied à terre, faire uniquement la prière surérogatoire et non pas l’obligatoire. Dans ce cas, sa “Qiblah” sera n’importe quelle direction prise par sa monture. Ainsi, quel que soit le côté vers lequel il se dirige, là est la “Qiblah” de Dieu, c’est-à-dire la direction de la prière. Donc le verset signifie :

      «L’Orient et l’Occident (l’est et l’ouest) appartiennent à Dieu. Quelle que soit la direction vers laquelle vous vous dirigez, là est la direction de la prière (surérogatoire). »

      (Qour’ân : sourate 2, ‘Al-Baqarah / 115)

      1. b) Quant aux Savants de parmi nos devanciers pieux («Khalaf ‘As-Sâlih», c’est-à-dire ceux qui ont succédé le Salaf), du fait de la prolifération d’idées philosophiques à leur époque, ils ont été amenés à commenter de manière détaillée les versets

       

      apparemment équivoques[1], afin de protéger la communauté musulmane contre les mauvaises interprétations et leur éviter ainsi l’égarement. Ce faisant, ils ont cherché une signification qui convienne à la langue arabe et qui soit conforme aux versets clairs.

      [1] Il y a deux sortes de versets apparemment équivoques :

      ceux dont on ne peut connaître l’interprétation, comme ceux qui traitent de l’instant précis de la fin de ce monde, ou de la descente du Messie (Jésus) sur Terre, etc. Ces choses-là nous sont cachées; Seul Dieu les sait.

      ceux qu’on peut comprendre en les rapportant aux versets clairs.