vendredi juillet 26, 2024

CHAPITRE 1

Croyance en Dieu

La Religion musulmane ne repose pas sur des bases incohérentes et incomplètes. Au contraire, la raison saine est parmi les plus solides de ses soutiens, tandis que le Qour’ân, la Tradition du Prophète , l’Ijmâ^ (l’unanimité des Savants musulmans) et le Qiyâs[1] en sont la référence.

Aussi, l’imam Al-Ghazâliy[2] dit-il :

لا تصحّ العبادة إلا بعد معرفة المعبود

Ce qui signifie :

 « L’adoration n’est valable qu’après avoir connu Celui qui mérite d’être adoré (c’est-à-dire Dieu le Créateur). »

Autrement dit, la personne qui croit que Dieu est une lumière, qu’il est assis sur le Trône[3], ou qu’il est partout par son Etre, etc., celle-là n’adore pas Dieu, mais quelque chose de son imagination qui est une création. C’est dire que Dieu est différent de tout ce que l’on peut imaginer, car l’imagination est une création qui ne ressemble pas au Créateur.

Il faut donc avoir une bonne Croyance en Dieu, celle qui sauve du châtiment éternel de l’Enfer. Ainsi, Dieu dit à Son Prophète :

فَاعْلَمْ أَنَّهُ لا إِلَهَ إِلاَّ اللهُ وَاسْتَغْفِرْ لِذَنبِكَ وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ

Ce qui signifie :

« Sache (Mouhammad) qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et demande le pardon pour ton péché[4], pour les Croyants et les Croyantes. »

(Qour’ân : sourate  47, Mouhammad / 19)

Ce verset du Qour’ân fait ressortir deux sortes de sciences :

  • La science qui traite de l’Unicité de Dieu, à savoir : «Sache qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu.»
  • La science qui se réfère aux règles d’application, car «demande le pardon pour ton péché» fait référence à l’application, à la pratique.

Par ce verset, Dieu a ordonné à son Prophète  d’accorder la priorité à l’étude de la Science qui traite de la Croyance sur celle des règles d’application. De ce fait, s’adressant à ses compagnons, le Prophète a dit :

إنّي لأعلمكم بالله وأشدكم لهُ خشية

Ce qui signifie :

« Je suis, de vous tous, celui qui a la meilleure connaissance de Dieu et qui Le craint le plus. »

(Rapporté par Boukhâriy)

Les compagnons du Prophète , à son exemple, ont accordé plus d’importance à l’étude de la Croyance qu’aux autres Sciences de la Religion. Ainsi, le Traditionaliste ‘Ibnou Mâjah a rapporté dans son livre «Sounanou ‘Ibnou Mâjah» que le compagnon Joundoub ‘Ibnou ^Abdou-ILâh (que Dieu l’agrée) a dit :

كُنَّا معَ النَّبِيِّ  ونحنُ فتيانٌ حَزاوِرَةٌ  فتعلَّمنا الإيمانَ قبلَ أن نتعَلَّمَ القرآنَ ثمَّ تعلَّمنا القرآنَ فازدَدنا بِه إيمانًا

Ce qui signifie :

« Nous étions de jeunes compagnons du Prophète , pas encore pubères mais nous en étions proches, et nous avons appris la Croyance avant d’apprendre le Qour’ân. Puis nous avons appris le Qour’ân, ce qui nous a renforcés dans la Foi. »

C’est pour cela que l’Imam Aboû Hâmid ‘Al-Ghazâliy a dit que l’adoration n’est valable qu’après avoir connu Celui qui mérite d’être adoré. Et l’Imam Ar-Rifâ^iy[5] de préciser :

غاية المعرفة بالله الإيقان بوجوده تعالى بلا كيف ولا مكان

Ce qui signifie :

« L’extrême connaissance de Dieu (pour nous les créatures), c’est la certitude de son Existence sans référence à une manière d’être ni à un lieu. »

Il s’agit donc d’une connaissance non pas à travers une localisation, mais qui permet plutôt de distinguer entre le Créateur de toute chose, Qui n’a ni commencement ni fin et Qui n’a besoin de rien, et la création qui est dans une totale dépendance. C’est en cela que la fameuse citation du premier Calife ‘Aboû Bakr, que Dieu l’agrée, est très instructive :

الْعَجْزُ عَنْ دَرَكِ الإِدْرَاكِ إِدْرَاكٌ ** وَالْبَحْثُ عَنْ ذَاتِهِ كُفْرٌ وَإِشْرَاكُ

Ce qui signifie :

« S’avouer incapable de cerner la Réalité de Dieu, c’est la vraie compréhension. Et chercher à connaître cette Réalité, c’est de la mécréance et de l’association. »

(Rapporté par Badroud-Dîne ‘Az-Zarkachiy ‘Ach-Châfi^iy)

En effet, celui qui cherche à cerner la Réalité de Dieu va de ce fait établir des comparaisons et des parallèles, ce qui est déraisonnable et illogique, car Dieu est différent de Sa création. En d’autres termes, Seul Dieu sait sa Réalité et celle de ses Attributs. Dès lors, pour les créatures que nous sommes, notre connaissance de Dieu passe par l’affirmation de ses Attributs et par la négation de ce qui n’est pas digne de Lui.

Il faut donc croire, sans nul doute, que Dieu a des Attributs. Pour rapprocher les idées, prenons un exemple : Si Ton disait à quelqu’un de fabriquer une montre, il ne pourrait le faire que s’il en connaissait la science nécessaire. A supposer qu’il maîtrise cette science, mais n’ait pas la puissance (s’il est paralysé des bras ou des mains, par exemple) il n’y parviendrait pas. Et s’il avait la science et la puissance mais pas la volonté, il n’y arriverait pas non plus. Ainsi pour exister, ce monde a besoin, à plus forte raison, d’un Créateur qui a les Attributs de la Science, de la Volonté et de la Puissance.

Allâh a fait surgir ce monde du néant et ne lui ressemble pas ; Il n’a pas besoin de place ; Il ne s’incarne pas et ne se fatigue pas ; Il ne ressemble ni aux hommes ni aux Anges ; Il n’est pas une matière. Il n’a donc ni forme ni limites ; Il est différent de toute Sa création. Son Existence n’a pas de commencement.

Allâh a donc des Attributs par lesquels II s’est fait connaître. C’est pourquoi les Savants musulmans ont dit qu’il est obligatoire d’en connaître treize, qui sont fréquemment cités dans le Qour’ân, soit directement, soit par leur signification. Ce sont :

 

  1. L’Existence (‘Al-Woujoûd)
  2. La Prééternité (‘Al-Qidam)
  3. L’Eternité (‘Al-Baqâ’)
  4. L’Unicité (‘Al-Wahdâniyyah)
  5. La non-Ressemblance à la création (Al-Moukhâlafatou lilHawâdith)
  6. L’Omniscience (‘Al- ^ilm)
  7. L’Omnipotence (‘Al-Qoudrah)
  8. La Volonté (‘Al-Machiy’ah)
  9. La Vue (‘Ad-Basar)
  10. L’Ouïe (‘As-Sam^)
  11. La Parole (‘Al-Kalâm)
  12. La Vie (‘Al-Hayât)
  13. Le non-Besoin (‘Al-Qiyâmou BinNafs)

[1] Effort de recherche soutenu, basé sur la déduction par analogie que seuls les Savants aux rangs les plus élevés peuvent entreprendre. Ce n’est donc pas à la portée de n’importe qui.

[2] L’Imam Aboû Hâmid ‘Al-Ghazâliy est né à Khourâçân, région du nord-est de l’Iran, en 450 H/1058 et est décédé en 505 H/1111.

[3] C’est, du point de vue volume et masse, le plus grand des corps que Dieu a créés, non pour s’y établir, mais pour manifester sa Puissance. Il constitue le toit du Paradis, qui se trouve au-delà du septième ciel.

[4] Il s’agit de petits péchés qu’un Prophète peut commettre mais qui ne reflètent aucune bassesse de caractère. En revanche, les Prophètes sont préservés contre la mécréance, les grands péchés et même les petits péchés reflétant une bassesse de caractère.

[5] L’Imam ‘Ahmad Ar-Rifâ^iy est un grand Saint, qui est né en Iraq en 512 H/1118 et y est décédé en 578 H/1182. Il est le fondateur d’une Tarîqah, c’est-à-dire une méthode de cheminement sur une des voies tracées par le Prophète .