vendredi mars 29, 2024

Introduction

Comme message et principe communs à toutes les communautés de tous les Prophètes de Dieu, depuis Adam عليه السلام jusqu’à Mouhammad en passant par Abraham, Moïse, Jésus et les autres, l’Islâm veut dire :

« N’ADORER QUE DIEU SEUL SANS RIEN LUI ASSOCIER, ET CROIRE AU PROPHÈTE DU TEMPS. »

  1. L’Islâm

Définition

Dans la langue arabe, le mot « Islâm » signifie soumission. C’est pourquoi on entend souvent dire que les Musulmans sont soumis, au point qu’ils seraient plongés dans une léthargie, ou qu’ils se trouveraient dans un immobilisme tel qu’ils ne sauraient laisser le passage à une voiture qui leur foncerait dessus ; or ce n’est pas le cas. Au contraire, nous agissons sur les causes tout en sachant que c’est Dieu qui crée toute chose. Ainsi quand nous sommes malades, nous prenons des médicaments et si, de toute éternité, Dieu a voulu pour nous la guérison, nous serons guéris. Autrement dit, le médicament n’est qu’un moyen à notre disposition par lequel Dieu crée la guérison selon sa Volonté qui ne change pas. Comme on dit, le médecin soigne et c’est Dieu qui guérit.

Mais dans le contexte de la Religion, cette soumission est spéciale dans la mesure où elle consiste, au minimum, à témoigner qu’il n’est de dieu que Dieu, et que le Prophète du temps est Son Prophète. Et le Prophète du dernier temps n’est autre que Mouhammad , par qui Dieu a clôturé la Prophétie.

Ainsi, une des formulations de ce témoignage est :

« Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu (‘Ach-hadou ‘alLâ ‘ilâha ‘ilLal_Lâh) et je témoigne que Mouhammad est Son Prophète-Messager (wa ‘ach-hadou ‘anna Mouhammadane Raçoûloul_Lâh). »

Explication

Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, signifie globalement : Je sais, je crois[1] fermement et je reconnais (verbalement) que rien ni personne ne mérite la Divinité que Dieu, L’Unique Créateur des cieux, de la terre et de tout l’Univers. Ce qui exclut l’adoration pour qui que ce soit d’autre, fût-ce un Prophète, un Ange ou toute autre création. En revanche, nous respectons et honorons ceux que Dieu a honorés, tels les Prophètes (Mouhammad, Jésus, Moïse, Abraham, etc.), les Archanges (Gabriel, Michaël, etc.) ou les Saint(e)s comme Marie mère de Jésus.

Je témoigne que Mouhammad est Son Prophète-Messager, signifie globalement : Je sais, je crois fermement et je reconnais (verbalement) que Mouhammad est le Prophète-Messager de Dieu, qu’il est véridique dans tout ce qu’il a annoncé et énoncé de la part de Dieu, et qu’il est envoyé à tous, aussi bien aux humains qu’aux djinns[2], afin qu’ils croient à sa Loi et le suivent.

Remarque

Comme on peut le constater, dans cet ensemble de formulations se trouvent réunies trois affirmations :

  • nier la divinité pour toute création,
  • affirmer que Seul Dieu mérite la Divinité,
  • reconnaître, sans réserve aucune, que Mouhammad , dont on doit suivre la charte, est le Prophète de Dieu.

Ce double témoignage de la Foi musulmane, avec ce qu’il renferme comme signification, doit être le reflet d’une conviction intime. De ce fait, il traduit l’adhésion de la raison et du cœur à la certitude de l’Existence de Dieu, de son Unicité, et du statut de Prophète de Mouhammad . Ainsi, l’adoration doit être comprise comme l’obéissance avec l’extrême humilité. Il s’agit donc de se faire humble volontairement, de façon absolue, pour Dieu et pour Dieu Seul.

Aussi voit-on les Musulmans se prosterner pour Dieu dans leurs prières rituelles. Par ce geste, ils font véritablement preuve d’humilité en posant sur le sol leur front qui est la partie la plus noble du corps. Ils se rappellent également que la prière est une lourde charge, sauf pour les humbles qui, par obéissance à Dieu, se recueillent en toute humilité. Et Dieu honore celui qui s’humilie pour Lui, tandis que les orgueilleux, qui refusent de L’adorer, entreront la tête basse en Enfer. C’est dans le même sens que la repentance d’un péché ne se fait qu’à Dieu Seul, et non à un mortel comme nous, parfois capable de la pire des abominations.

Règle

Ensemble, ces deux témoignages constituent le moins que l’on puisse faire pour se préserver du châtiment éternel   de  l’Enfer.   C’est  dire  que  la  Croyance  en

Dieu ne va pas sans la Croyance en son Prophète Mouhammad .

 

  1. La Croyance [‘Al-‘lymân]

Définition

D’une manière générale, le mot « ‘iymân » désigne la Foi, la Croyance. Ainsi, on pourrait par exemple dire : -Je crois qu’un tel est honnête. Cependant, sur le plan de la Religion, cette Croyance est particulière en ce sens qu’il s’agit au minimum de croire, sans aucun doute, en la signification des deux témoignages. En effet, prétendre verbalement l’Islâm tout en le contredisant dans son cœur n’est pas valable car ce n’est pas sincère.

 

De ce fait, l’Islâm et la Croyance se trouvent indissociables comme le dos et le ventre, ou les deux faces d’une pièce de monnaie. Ils vont de pair, de telle sorte que tout Musulman (Mouslim) est un Croyant (Mou’min) et tout Croyant est un Musulman.

C’est dire qu’il est absolument interdit d’appeler Croyant quelqu’un dont on sait qu’il n’est pas Musulman, même s’il prétend le contraire. Il en est de même pour celui qui nie la Prophétie de Mouhammad , même s’il affirme croire en Dieu. En effet, la Croyance en Dieu implique la Croyance en Son Prophète. Pour preuve ce verset où Dieu dit :

وَمَن لَّمْ يُؤْمِن بِاللهِ وَرَسُولِهِ فَإِنَّا أَعْتَدْنَا لِلْكَافِرِينَ سَعِيرًا

Ce qui signifie:

« Celui qui ne croit pas en Allâh et en Son Messager, alors Nous[3] avons préparé pour les mécréants le feu ardent de l’Enfer. »

(Qour’ân : sourate 48, ‘Al-Fatih/ 13)

De ce verset, on tire deux enseignements :

  1. Celui qui ne croit pas en Dieu et en Son Prophète Messager Mouhammad, est un non-Musulman. De même celui qui doute de cela sort de l’Islâm, parce qu’il aura contredit le Qour’ân.
  2. Le Croyant qui n’accomplit pas la prière, le jeûne de Ramadan, ou qui commet d’autres grands péchés ne sort pas pour autant de l’Islâm, même s’il encourt un grand châtiment dans l’Enfer. En effet, c’est sur la Croyance que l’accent est mis comme nous le montre le Hadith suivant dans lequel ‘Aboû Dhar ‘Al-Ghafâriy, grand compagnon du Prophète , a dit:

أتيت النبي وهو نائم عليه ثوب أبيض، ثم أتيته فإذا هو نائم، ثم أتيته وقد استيقظ، فجلست إليه فقال: ما من عبد قال لا إله إلا الله ثم مات على ذلك إلا دخل الجنة. قلت: وإن زنى وإن سرق قال: وإن زنى وإن سرق قلت: وإن زنى وإن سرق قال: وإن زنى وإن سرق ( ثلاثا ) ثم قال في الرابعة: على رغم أنف أبي ذر قال: فخرج أبو ذر وهو يقول وإن رغم أنف أبي ذر. 

Ce qui signifie :

« Je me suis rendu chez le Prophète , il était habillé en blanc et dormait. Je suis revenu et il dormait toujours ; ensuite je suis retourné vers lui et je l’ai trouvé réveillé. Je me suis assis à ses côtés, et il a dit : “Quiconque témoigne qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et meurt sur cela (c’est-à-dire en étant Musulman) entre au Paradis”. J’ai demandé : “Et même s’il a commis la fornication et a volé ?” Il a répondu : “Et même s’il a commis la fornication et a volé”. J’ai demandé : “Et même s’il a commis la fornication et a volé ?” Il a répondu : “Et même s’il a commis la fornication et a volé”. J’ai demandé : “Et même s’il a commis la fornication et a volé ?” Il a répondu: “Et même s’il a commis la fornication et a volé”. Et à la quatrième fois, il ajouta : ” (il entrera au Paradis) malgré le nez de ‘Aboû Dhar[4](c’est une expression arabe pour dire: malgré ton insistance). »

(Rapporté par Mouslim)

Ce qui précède va dans le même sens que cet autre Hadith, dans lequel le Prophète a dit :

  من كان آخر كلامه لا إله إلا الله دخل الجنة

Ce qui signifie :

« La personne dont la dernière parole est : “Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu” (La ‘ilâha ‘ilLal-Lâh) entrera au Paradis (c’est-à-dire même si elle subit au préalable un châtiment). »

(Rapporté par ‘Ibnou Hibbân)

C’est donc sur la Croyance que l’accent est mis. D’où la règle suivante pour celui ou celle qui veut embrasser l’Islâm:

Règle

 Sans conviction intime, la prononciation[5] des deux témoignages ne suffit pas, en vérité, pour entrer dans l’Islâm. Et sans cette prononciation, la Croyance n’est pas agréée par Dieu.

 Remarque

Pour la personne non-Musulmane qui veut se convertir à l’Islâm, la formulation des deux témoignages, si elle

en a la capacité[6], est une condition nécessaire pour la concrétisation à la fois de son Islâm et de son ‘lymân (Croyance).

Quant à la personne qui est née et a vécu dans un milieu musulman et qui croit à la signification des deux témoignages, on la considère comme Musulmane aussi longtemps qu’elle n’aura pas contredit cette Croyance par le cœur, les paroles ou les actes. Néanmoins, dès sa puberté elle devra, à titre d’obligation rituelle, prononcer les deux témoignages une fois dans sa vie, et cela d’après l’École (Madh-hab) Mâlikite où cette prononciation n’est pas obligatoire dans les prières. Par contre, dans les Écoles Châfi^ite, Hambalite et Hanafite, il est obligatoire de prononcer les deux témoignages dans la prière pour que celle-ci soit valable.

III. Mérites du témoignage

Les citations suivantes prouvent, si besoin est, la grande valeur que Dieu accorde au témoignage. Ainsi, le Prophète Mouhammad nous apprend ceci :

 قال موسى: يا رب علمني شيئا أذكرك وأدعوك به، قال: قل يا موسى: لا إله إلا الله، قال: يا رب كل عبادك يقولون هذا، قال: قل لا إله إلا الله قال إنما أريد شيئا تخصني به قال: يا موسى لو أن السموات السبع وعَامِرَهُنَّ غيري والأَرَضِينَ السبع في كِفَّةٍ، ولا إله إلا الله في كِفَّةٍ، مَالَتْ بهن لا إله إلا الله“.

Ce qui signifie :

« Moïse dit : – Ô Seigneur ! Apprends-moi quelque chose par lequel je T’évoquerai et T’implorerai.

Il (Dieu) dit : Ô Moïse ! Dis : “il n’y a pas d’autre dieu que Dieu”.

Il (Moïse) dit : – Ô Seigneur ! Tous Tes esclaves le disent.

Il (Dieu) dit : – Dis : ” il n’y a pas d’autre dieu que Dieu”.

Il (Moïse) dit : – J’aimerais quelque chose dont Tu m’accorderas l’exclusivité

II (Dieu) dit : Ô Moïse ! Si les sept cieux et les sept terres se trouvaient dans un des plateaux (de la Balance) et (la parole) “il n’y a pas d’autre dieu que Dieu” dans l’autre, c’est celle-ci qui l’emporterait. »

(Rapporté par le Hâfidh Noûroud-Dîne ‘Al-Haythamiy[7])

L’Imam Mâlik, que Dieu l’agrée, rapporte cette parole du Prophète qui en dit aussi long sur la valeur du premier témoignage :

أفضلُ ما قلتُ أنا والنبيون من قبلي لا إله إلا الله

Ce qui signifie :

« La meilleure parole que j’ai dite ainsi que les Prophètes qui m’ont précédé est : il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, L’Unique, qui n’a point d’associé (Là ‘ilâha ‘ilLal-Lâhou wahdahou lâ chariyka lah). »

(Rapporté par Mâlik dans son livre ‘Al-Mouwatta’)

Le grand spécialiste de la Science du Hadith, l’Imam Mouslim, que Dieu l’agrée, évoquant à son tour le mérite du témoignage, rapporte cette autre citation du Prophète :

الإسلام يهدمُ ما قبلَه

Ce qui signifie :

 « l’Islâm efface tout ce qui le précède.»

(Rapporté par Mouslim)

Ce qui veut dire que dès son entrée dans l’Islâm, la personne nouvellement convertie est assurée de l’absolution de tous ses péchés commis auparavant.

  1. La première obligation

De cette obligation d’ordre individuel, qui est à la charge de chaque Moukallaf[8], Allâh dit :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ ءامَنُواْ ءامِنُواْ بِاللهِ وَرَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي نَزَّلَ عَلَى رَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِيَ أَنزَلَ مِن قَبْلُ وَمَن يَكْفُرْ بِاللهِ وَمَلاَئِكَتِهِ وَكُتُبِهِ وَرُسُلِهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ فَقَدْ ضَلَّ ضَلاَلاً بَعِيدًا

Ce qui signifie :

« Ô vous qui avez cru ! Restez attachés à la Croyance en Dieu et en son Messager, au Livre qu’il lui a révélé (c’est-à-dire le Qour’ân) et aux Livres qu’il a révélés auparavant. Celui qui commet la mécréance envers Dieu, Ses Anges, Ses Livres, Ses Messagers et concernant le Jour du Jugement dernier se trouve dans un terrible égarement. »

(Qour’ân : sourate 4, ‘An-Niçâ’ / 136)

C’est dans ce sens que l’éminent Savant du Salaf[9], l’Imam ‘Aboul-Haçane ‘AI-‘Ach^ariy a dit :

أول ما يجب على العبد العلم بالله ورسوله ودينه

Ce qui signifie :

« La première obligation qui incombe à tout esclave de Dieu est la connaissance de Dieu, de Son Prophète et de Sa Religion. »

La Foi est un tout, c’est-à-dire qu’elle est globale et indissociable. En effet, à la demande[10] de l’Archange Gabriel : “Informe-moi sur la Foi ?”, le Prophète répondit:

أن تؤمن باللَّه وملائكته وكتبه ورسله واليوم الآخر وتؤمن بالقدر خيره وشره

Ce qui signifie:

« La Foi est que tu croies en Dieu, en ses Anges, en ses Livres, en ses Messagers, au Jour du Jugement dernier et à la Prédestination du bien et du mal. »    

(Rapporté par Mouslim)

Ceci doit amener à croire en tout ce que le Prophète Mouhammad a annoncé et énoncé de la part de Dieu, qu’il s’agisse de l’épreuve du questionnement dans la tombe par les deux Anges, des supplices et des délices de la tombe, ou de la résurrection des morts, ainsi que du Jour du Jugement, du Paradis et de ses délectations, de l’Enfer et de ses terribles châtiments, etc.

 

[1] La Croyance a son siège dans le cœur.

[2] Ce sont des corps fins (non denses ni compacts) créés à partir d’une flamme de feu pur; ils sont aussi concernés par l’appel à l’Islâm, et comme chez les êtres humains, on y trouve des mécréants, des Musulmans pieux et d’autres pervers. Dieu leur a donné la faculté de prendre différentes apparences, mais ils restent invisibles aux êtres humains sous leur véritable aspect. Ils se marient, procréent, et éprouvent le besoin de manger, de boire. Ils sont soumis aux mêmes règles que nous (prière, jeûne, etc.) avec cependant quelques spécificités relatives à leur nature.

[3] Il s’agit d’un pluriel dit de majesté, qui s’applique à Dieu. Ce n’est donc pas dans le sens de plusieurs dieux.

[4] L’insistance de ‘Aboû Dhar n’impliquait ni impertinence ni désaccord de sa part, mais visait la certitude au cas où il serait interrogé sur le sujet.

[5] Elle peut se faire dans n’importe quelle langue (arabe, chinois, malinké, etc.) et avec toute expression comportant la signification voulue.

[6] Le muet, à cause de son handicap, ou celui qui meurt subitement au moment de prononcer les deux témoignages, sont excusés.

 

[7] Cette citation se trouve dans son  livre “Mawâridi_ dh-Dham’ân  ‘ilâ zawâ’id Ibnou Hibbân”

 

[8] C’est une personne pubère, saine d’esprit et à qui est parvenu l’appel à l’Islâm, ne serait-ce qu’à travers les deux témoignages, dans toute langue qu’elle comprend. Mais selon l’Imam Abou Haniyfah, seules sont prises en compte la raison saine et la puberté.

[9] Ce sont les Savants des trois premiers siècles. Ils font référence, parce qu’on comprend que le Prophète a dit ; « Les meilleurs des gens sont ceux de mon siècle, puis ceux du siècle suivant et ceux du siècle d’après. » Hadith rapporté par Boukhâriy, Mouslim et d’autres.

[10] L’Archange Gabriel lui avait posé cette question pour que les gens présents dans l’assemblée prennent connaissance de la réponse, et non par ignorance.