بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent, et que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle soient accordées à notre maître Mouḥammad Al-‘Amîn, l’Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l’islam la religion de tous les Prophètes du premier ‘Adam au dernier Mouḥammad.
Le tawassoul, c’est demander à Allāh qu’une chose profitable se réalise ou qu’une chose nuisible cesse par l’évocation du nom d’un prophète ou d’un saint, en honneur pour celui par le degré duquel est fait le tawassoul.
Faire le tawassoul par le Prophète, un saint ou les œuvres de vertu est une chose qui est permise dans la Loi de l’Islam et qui comporte des récompenses.
Il n’y a aucune considération à donner à ceux qui le renient car ils n’ont aucune preuve en faveur de son interdiction, si ce n’est ce qu’ils se figurent être des preuves. Cependant, la Loi de l’Islam n’est pas fondée sur des illusions et sur l’imagination. Ainsi, le tawassoul par le Prophète n’est en rien une forme d’association, ce n’est pas une forme d’adoration d’autre que Allāh. En effet, selon les spécialistes de la langue eux-mêmes, la définition de l’adoration ne s’applique pas au tawassoul. L’adoration est, selon eux, l’obéissance avec l’extrême soumission. Al-‘Azhouriyy qui est l’un des grands spécialistes de la langue, rapportant de Az-Zajjaj, l’un des plus connus d’entre eux, a dit : « L’adoration – al-`ibadah – c’est l’obéissance avec une soumission extrême ». Al-Farra’ a dit la même chose que lui. Un autre savant linguiste a dit : « L’adoration est l’extrême limite de la crainte et de la soumission ». Un autre a dit : « C’est l’extrême limite de l’humilité », conformément à la parole de celui qui a fait l’explication du livre Al-Qamous, à savoir MourTaDâ Az-Zabîdiyy, l’ultime spécialiste de la Langue. Ainsi le tawassoul n’est pas une adoration d’autre que Dieu.
La preuve du Qour’ân étant sa parole ta`ālā :
﴿ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللَّـهَ وَابْتَغُوا إِلَيْهِ الْوَسِيلَةَ وَجَاهِدُوا فِي سَبِيلِهِ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ ﴾
ce qui signifie: « Ô vous qui avez cru, craignez Allāh et recherchez pour Son agrément les causes par lesquelles on fait le tawassoul ». [sôurat Al-Mâ’idah / ‘âyah 35]
At-Tabarâniyy a rapporté que le Messager de Allāh a enseigné à l’aveugle qui était venu se plaindre à lui de la perte de sa vue, de dire :
« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّك محمّد نبيّ الرّحمة . يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »
(Allāhoumma ‘innî ‘as’alouka wa ‘atawajjahou ‘ilayka binabiyyika Mouḥammad, nabiyyi r-raḥmah. Yâ Mouḥammad ‘innî ‘atawajjahou bika ‘ilâ rabbî fî Hâjatî li touqDâ lî)
ce qui signifie : « Ô Allāh, je Te demande et je T’adresse mon invocation par le degré de Ton prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j’adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu’elle me soit réglée ».
Al-Hâkim a rapporté que le Messager de Allāh a dit :
« لـمّا اقترف آدمُ الخطيئة قال : يا ربّ أسألك بحق محمد إلا ما غفرت لي »
ce qui signifie : « Lorsque ‘Adam a commis le petit péché, il a dit : Ô Seigneur, je Te demande par le degré de Mouḥammad, de me pardonner ». Dans la suite du ḥadīth il est cité que Adam a vu inscrit sur les piliers du Trône: il n’est de dieu que Dieu et Mouḥammad est le messager de Dieu, et il a dit j’ai su par cela que Mouḥammad est la créature que Dieu agrée le plus. Ceci est rapporté par al-Bayhaqiyy avec une chaine de transmission qui remonte jusqu’au compagnon Òumar ibnou l-KhaTTâb que Dieu l’agrée.
Ibnou Majah a rapporté que le Messager de Allāh a dit ce qui signifie: « Lorsqu’un homme sort de sa maison pour aller faire la prière et dit: “Allāhoumma ‘innî ‘as’alouka bi-Haqqi s-sâ’ilîn `alayk wa bi-Haqqi mamchâyâ hadhâ. Fa ‘innî lam ‘akhrouj bataran wa lâ ‘acharan wa la soum`atan. Kharajtou t-tiqâ’a Sakhatika wa btighâ’a marḍâtik. ‘As’alouka ‘an tounqidhanî mina n-nâr wa ‘an taghfira lî dhounoûbî. ‘Innahou lâ yaghfirou dh-dhounôuba ‘il-lâ ‘ant ” » Allāh charge pour lui soixante-dix mille anges qui demandent qu’il soit pardonné et Allāh l’agrée jusqu’à ce qu’il finisse sa prière ». Le sens du dou`a’ est : « Ô Allāh, je Te demande par le degré de ceux qui Te demandent et par le degré de ces pas que je fais maintenant. Je ne suis pas sorti par fierté, ni … ni par insincérité, ni par recherche d’éloges. Je suis sorti par crainte de la menace de ton châtiment et par recherche de Ton agrément. Je Te demande de me sauver de l’enfer et de me pardonner mes péchés. Certes, ne pardonne les péchés que Toi ».
Al-Boukhâriyy, (Mouḥammad Ibnou Isma`îl, mort en 265 H), dans son livre Al-‘Adabou l-Moufrad, chapitre de ce qu’on dit si la personne a été atteint par une paralysie, d’après Ibnou `Oumar, rapporte que sa jambe s’était quasiment paralysée. On lui avait alors dit : “Cite la personne que tu aimes le plus”. Il a dit alors: « Yâ Mouḥammad – ô Mouḥammad –” et sa jambe a guéri, comme s’il n’avait rien eu.
Le Hâfidh `Aliyy Ibnou `Abdi l-Kâfi, Taqiyyou d-dîn as-soubkiyy (mort en 786h) dans son livre chifa’ou s-siqâm fî ziyârati Khayri l-‘Anâm en page 160 a dit: « Sache qu’il est permis et qu’il est bien de faire le tawassoul, l’istighâthah – la demande du renfort –, le tachaffou` – la demande d’intercession – par le Prophète à Allāh soubḥânahou wa ta`ālā. Le caractère permis de ces pratiques compte parmi les choses connues pour toute personne qui s’attache à la religion. C’est une chose bien connue à partir des actes des prophètes et des messagers, de la conduite des prédécesseurs vertueux – les gens du Salaf –, des savants et du commun des musulmans. Personne parmi les gens qui s’attachent à la religion ne l’a jamais renié et en aucune époque nous n’avons entendu que quiconque l’ait renié. Jusqu’à ce que vienne Ibnou Taymiyah qui a dit à ce sujet des propos par lesquels il trompait les faibles d’esprit et les immatures. Il a innové ce en quoi personne ne l’avait précédé à travers les siècles ».
L’Imam `Aliyy Ibnou `Aqîl Al-Hanbaliyy (mort en 503 h) dans son livre At-tadhkirah, manuscrit à la bibliothèque Dhahiriyyah à Damas, a dit : Il est recommandé pour lui de se rendre à la ville du Messager que Allāh l’élève davantage en degré, il va ainsi à sa mosquée et dit lorsqu’il entre :
(Bismi l-Lâh, Allāhoumma salli `ala Mouḥammad wa ‘ali Mouḥammad wa ftah li ‘abwaba raḥmatik… Allāhoumma ‘inni ‘atawajjahou ‘ilayka binabiyyika ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam, nabiyyi r-Rahmah. Yâ Raçoûla l-Lâh ‘inni ‘atawajjahou bika ‘ila Rabbî liyaghfira lî dhounôubî. Allāhoumma ‘inni ‘as’alouka biHaqqihi ‘an taghfira li dhounôubî)
ce qui signifie: Par le nom de Allāh, ô Allāh, élève davantage le degré de Mouḥammad ainsi que celui de sa famille et ouvre pour moi les portes de Ta miséricorde… Ô Allāh, je T’adresse mon invocation par le degré de Ton prophète , le prophète de la miséricorde. Ô Messager de Allāh, j’adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur pour qu’Il me pardonne mes péchés. Ô Allāh, je Te demande par son degré de me pardonner mes péchés. Ainsi dans ce tawassoul que cite Ibnou `Aqîl, il y a une preuve qu’il est de l’habitude des musulmans de faire le tawassoul par le Prophète après sa mort sans que personne ne l’ait jamais renié, l’interdiction n’étant venue que de la part de Ibnou Taymiyah. Or Ibnou `Aqîl est l’un des piliers des Hanbaliyy : il fait partie de ‘Ahlou t-takhrîj – un grade des savants de l’école qui peuvent extraire des jugements à partir de la parole du moujtahid de l’école, en l’occurrence ici l’Imam Ahmad Ibnou Hanbal – .
at-tabarâniyy (Soulaymân Ibnou ‘Ahmad mort en 360 h) a rapporté dans ses deux livres Al-Mou`jam : Al-Kabîr et As-Saghîr, d’après `Outhmân Ibnou Hounayf, qu’un homme allait et venait pour voir `Outhmân Ibnou `Affân. Seulement, `Outhmân ne lui prêtait pas attention et n’étudiait pas son affaire. Il a alors rencontré `Outhmân Ibnou Hounayf et s’est plaint à lui à ce sujet. Ce dernier lui dit alors : Va à l’endroit où l’on fait les ablutions, fais tes ablutions puis accomplis deux rak`ah ensuite, dis :
« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّن محمّد نبيّ الرّحمة . يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »
(Allāhoumma ‘innî ‘as’alouka wa ‘atawajjahou ‘ilayka binabiyyinâ Mouḥammad nabiyyi r-Raḥmah. Yâ Mouḥammad ‘innî ‘atawajjahou bika ‘ilâ rabbî fî Hâjatî li touqDâ lî)
ce qui signifie: « Ô Allāh, je Te demande et je T’adresse mon invocation par le degré de notre prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j’adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu’elle me soit réglée ». Va ensuite chez lui, j’irai avec toi. Cet homme fit alors ce qu’il lui avait dit et se présenta à la porte de `Outhmân. C’est alors que le portier vint le prendre par la main et le fit entrer auprès de `Outhmân Ibnou `Affân qui le fit asseoir à sa table et lui dit alors : De quoi as-tu besoin ? Il lui a cité son affaire, le calife la lui régla et lui dit : “Je ne me suis rappelé de ton affaire qu’à cette minute”. Puis l’homme sortit de chez lui et rencontrant `Outhmân Ibnou Hounayf, il lui dit : Que Allāh te récompense en bien : il n’a considéré mon affaire et ne s’est occupé de moi qu’après que tu lui as parlé de moi. Alors, `Outhmân Ibnou Hounayf lui dit : Par Allāh, je ne lui ai pas parlé de toi. Mais voici ce dont j’ai été témoin lorsqu’un aveugle est venu au Messager de Allāh se plaindre à lui de la perte de sa vue. le Prophète lui a dit ce qui signifie : “Si tu veux, tu fais preuve de patience et si tu veux, je fais des invocations pour toi“. L’homme lui dit alors : Ô Messager de Allāh, il m’est difficile de supporter la perte de ma vue et je n’ai personne pour me guider. Il lui dit alors ce qui signifie : Va à l’endroit où l’on fait les ablutions, fais tes ablutions puis accomplis deux rak`ah ensuite, dis ces paroles :
« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّك محمّد نبيّ الرّحمة. يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »
(Allāhoumma ‘innî ‘as’alouka wa ‘atawajjahou ‘ilayka binabiyyika Mouḥammad, nabiyyi r-rahmah. Yâ Mouḥammad ‘innî ‘atawajjahou bika ‘ilâ rabbî fî hâjatî li touqdâ lî)
ce qui signifie: « Ô Allāh, je Te demande et je T’adresse mon invocation par le degré de Ton prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j’adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu’elle me soit réglée » .
L’homme fit ce qu’il lui avait dit. `Outhmân ibnou Hounayf a dit : « Par Allāh, nous n’étions pas séparés et l’assemblée n’avait pas duré et l’homme (qui été aveugle) est revenu à nous en ayant retrouvé la vue comme s’il n’a jamais eu de handicap ». At- Tabarâniyy a dit : le ḥadīth est saḥîH. Il représente une preuve que l’aveugle a fait le tawassoul par le Prophète , sans être en sa présence : cet homme est au contraire parti à l’endroit ou l’on fait les ablutions, a fait les ablutions et a fait des invocations dans les termes que lui avait enseignés le Messager de Allāh. Puis, il est revenu auprès du Prophète alors que le Prophète n’avait pas quitté l’assemblée, pour preuve la parole du narrateur du hadîth `Outhmân Ibnou Hounayf : Par Allāh nous nous étions pas séparés et l’assemblée n’avait pas duré longtemps que l’homme est revenu en ayant recouvré la vue.
Le Hâfidh `Aliyy Ibnou `Abdi l-Kâfi taqiyyou d-dîn as-soubkiyy (mort en 786 h) dans son livre Chifa’ou s-siqâm fî Ziyârati Khayri l-‘Anâm en page 161 a dit également : « Je dis que le tawassoul par le Prophète est permis dans tous les cas : avant sa création, après sa création, pendant sa vie dans le bas-monde, après sa mort durant le barzakh, après la résurrection pendant les stations du jour dernier et au paradis. » Il a évoqué le ḥadīth de `Oumar Ibnou l-KhaTTâb, que Allāh l’agrée, qui a dit : Le Messager de Allāh a dit ce qui signifie : « Lorsque ‘Adam a commis le péché, il a dit : Ô Seigneur, je te demande par le degré de Mouḥammad de me pardonner. Allāh lui dit : Comment as-tu connu Mouḥammad alors que Je ne l’ai pas encore créé. Il lui a dit : Ô Seigneur , parce que lorsque Tu m’as créé par Ta toute-puissance et que Tu as insufflé en moi l’Ame honorée qui T’appartient, j’ai levé les yeux et j’ai vu inscrit sur les piliers du Trône : (Il n’est de dieu que Allāh, Mouḥammad est le messager de Allāh). J’ai su alors que Tu n’as joint à Ton nom que celle de Tes créatures que Tu agrées le plus. Allāh dit : Tu dis vrai ô Adam. Il est certes celle de Mes créatures que J’agrée le plus. Comme tu M’as invoqué par son degré, Je te pardonne et si ce n’était à cause de Mouḥammad, Je ne T’aurais pas créé ». Al-Hâkim a dit : « ceci est un ḥadīth dont la chaîne de transmission est saḥîH ».
ManSour Ibnou Younis Al-Bouhoutiyy Al-Hanbaliyy, (le Chaykh des Hanbaliyy en Egypte de son époque, mort en 1051 H) dans son livre Kachfou l-Qinâ` `an Matni l-‘Iqna` Al-Hijawiyy (tome 2 / page 69) a dit : “as-samariyy et l’auteur de at-talkhis ont dit : il n’y a pas de mal à faire le tawassoul pour avoir la pluie par les Chaykh et les savants pieux. Il a également dit dans le livre Al- Moudhahhab : Il est permis de demander à Allāh l’intercession par l’homme vertueux. D’autres ont même dit : ceci est recommandé. L’Imam ‘Ahmad Ibnou Mouḥammad Ibnou Hanbal (mort en 241 h) a dit dans son Mansak qu’il a écrit pour Al-Marroudhiyy : L’on fait certes le tawassoul par le Prophète lors de son invocation. Cela signifie que celui qui demande la pluie, il lui est recommandé, lors de sa demande de la pluie, de faire le tawassoul par le Prophète. Il a confirmé cela d’une manière catégorique dans Al-Moustaw`ab et d’autres ouvrages. Puis il a dit : Ibrahim Al-Harbiyy a dit : Faire des invocations auprès de la tombe de Ma`rôuf Al-Karkhiyy est un remède qui a donné ses preuves.
Mouḥammad Ibnou Mouḥammad Al-Houçayniyy az-Zabîdiyy connu sous le nom de MourtaDâ (mort en 1205 h) a dit dans ‘It-hâfou s-sâdati l- Mouttaqîn bi Charhi ‘Ihyâ’i `Ouloûmi d-Dîn (Tome 10 / page130) ce qui suit : Safwân Ibnou soulaym Al-Madaniyy, Abou `Abdi l-Lâh et d’autres ont dit : Abou l-Hârith Al- Qourachiyy Az-Zouhriyy le spécialiste de la jurisprudence, celui qui s’occupe d’actes d’adorations ; Ahmad a dit à propos de son père Soulaym Mawla Houmayd Ibnou `Abdi r-Rahmân Ibni `Awf : On demande la pluie par le mérite de ses propos et les gouttes tombent du ciel par la cause de son évocation. Une autre fois il a dit : Il est digne de confiance, il compte parmi les meilleurs esclaves de Allāh qui sont vertueux. Al-Waqidiyy et d’autres ont dit : il est mort en 132 h à l’âge de soixante-douze ans, et un ensemble de MouHaddith a transmis de lui.
Mouḥammad ‘Amin Ibnou `Abidîn (mort en 1252 h ) a cité dans son commentaire Raddou l- MouHtâr `ala d-dourri l-Moukhtâr (Tome 1 / Page 254 ) ce qui suit : as-soubkiyy a dit : Il est bien de faire le tawassoul par le Prophète à son Seigneur et personne parmi les gens du Salaf – les gens des trois premiers siècles – ou parmi le Khalaf – ceux qui sont venus après eux – ne l’a renié, mis à part Ibnou Taymiyah qui a ainsi innové ce qu’aucun savant avant lui n’avait dit.
Le Hâfidh Ahmad Ibnou l-Houçayn al-Bayhaqiyy (mort en 458 h) a dit en rapportant de al-Bidayah wa n-Nihayah de Ibnou Kathir ( Tome 7 / page 91) d’après Mâliki d-dâr qui était chargé du trésor public des musulmans – Baytou l-mal – durant le califat de `Oumar qu’il a dit : Les gens ont été atteints de famine à l’époque de `Oumar. Un homme est alors venu à la tombe du Prophète et a dit : Ô Messager de Allāh, demande la pluie pour ta communauté, ils sont sur le point de périr. Cet homme a alors vu dans le rêve le prophète lui dire : Passe à `Oumar le salam et annonce lui la nouvelle qu’ils auront la pluie et dis lui : fais bien preuve de bonne volonté et d’ardeur. L’homme est alors allé voir `Oumar et lui a annoncé cela. `Oumar s’est alors mis à pleurer et a dit : Ô Seigneur, s’ils en sont là, c’est bien que je suis incapable de faire plus. Le point à relever dans le hadith, c’est que le compagnon s’est rendu à la tombe du Messager pour faire le tabarrouk – la recherche de bénédiction – et l’istighâthah – la demande du renfort – ; et personne ne l ‘a blâmé ou n’a renié cela, ni `Oumar ni personne d’autre.
Le Hâfidh ‘Ahmad Ibnou `Aliyy Abou Bakr Al-Khatib Al-Baghdadiyy (mort en 462 h) dans Tarikh Baghdad (tome 1 / page 123) avec une bonne chaîne de transmission a dit ce qui suit, d’après `Aliyy Ibnou Maymoun qu’il a dit : J’ai entendu Ach-Châfi `iyy dire : je fais certes le tabarrouk par Abôu Hanîfah et je me rends à sa tombe chaque jour. Si j’ai un besoin, j’accomplis deux rak`ah puis je me rends à sa tombe et je demande à Allāh ta`ālā pour qu’Il m’accorde la chose dont j’ai besoin et ce, auprès de sa tombe. Rapidement mon affaire est réglée.
L’Imam Mouḥammad Ibnou Mouḥammad Al-Ghazaliyy (mort en 505 h) dans son livre ‘IHyâ’ou `Oulôumi d-dîn (tome 1/ page 260) au chapitre “La visite de Médine et les règles de comportement” a dit ce qui suit : Le visiteur dit : (Allāhoumma qasadna nabiyyaka moustachfi`îna bihi ‘ilayka fi dhounoubina) ce qui signifie: « Ô Allāh, nous avons pris pour destination Ton prophète, en demandant son intercession envers Toi pour nos péchés ». Il dit à la fin : (Wa nas’alouka bi manzilatihi `indaka wa haqqihi ‘ilayka) ce qui signifie : « Et nous Te demandons par son rang que Tu lui as accordé et par son degré ».
Dans le livre Fatawa de Chamsou d-dîn Mouḥammad Ibnou Abî l-`Abbas ar-Ramliyy (mort en 1004 h) en marge de Al-Fatâwâ l- Koubrâ ( page 382) figure ce qui suit : Il fut interrogé à propos de ce que font certains gens du commun lors des épreuves qui disent : “Ô chaykh Untel, ô Messager de Allāh ” et ce qui est semblable à cela comme recherche du renfort par les prophètes et les messagers , les saints, les savants et les vertueux si cela est permis ou non ? D’autre part, les messagers, les prophètes, les saints, les vertueux et les chaykh peuvent-ils secourir après leur mort ? Et qu’est ce qui confirme cela ? Il a répondu : « La recherche du renfort par les prophètes, les messagers, les saints et les vertueux peuvent être des renforts après leur mort car le fait d’avoir des miracles pour les prophètes et des prodiges pour les saints ne s’interrompt pas à leur mort. En ce qui concerne les prophètes, ils sont vivants dans leurs tombes : ils accomplissent la prière et le pèlerinage comme cela a été transmis par les nouvelles rapportées. Ainsi le renfort de leur part est pour eux un miracle. En ce qui concerne les saints, c’est pour eux un prodige.» En effet, il est de la croyance des gens de vérité qu’il advient aux saints, que ce soit volontairement de leur part ou en dehors de leur volonté, des choses extraordinaires que Allāh ta`ālā fait exister par leur cause.
Nourou d-dîn `Aliyy Al-Qârî dans leur commentaire de al-Michkât a dit: « Le Chaykh de nos chaykh, le savant des grands savants spécialistes Chamsou d-dîn Ibnou l-Jazriyy dans l’introduction de son explication des Masabih, qu’il a appelée Tas-hihou l-Masabih a dit : J’ai visité sa tombe à Nayçabour (c’est- à dire Mouslim Ibnou l-Hajjaj Al-Qouchayriyy) et j’ai lu une partie de son Sahih à titre de recherche de bonne nouvelle et de bénédiction auprès de sa tombe. J’ai vu les manifestations de la bénédiction et l’espoir des demandes exaucées sur le lieu même où il est enterré ».
L’Imam Mâlik, que Allāh l’agrée, a dit au calife Al-Mansôur lorsqu’il a effectué le pèlerinage et a visité la tombe du Prophète et qu’il a interrogé Mâlik en lui disant : « Ô Abôu `Abdi l-Lâh, est-ce que je fais face à la Qiblah pour faire des invocations ou est-ce que je fais face au Messager de Allāh ? Il lui a dit : “Pourquoi détournerais-tu de lui ton visage alors qu’il est celui par le degré duquel ton père Adam et toi-même vous invoquez Allāh ta`ālā ? Fais-lui face et demande qu’il intercède pour toi, Allāh fasse qu’il intercède. » Le Qâdî `Iyâd a mentionné ceci dans son livre Ach-Chifa’ et l’a rapporté avec une chaîne de transmission saḥîH.
Al-Hakim a rapporté que `Oumar que Allāh l’agrée a donné un discours aux gens et leur a dit : « Ô gens, le Messager de Allāh considérait Al-`Abbas comme un fils considère son père : Il l’honorait, le respectait et respectait son serment ; Alors prenez pour exemple le Messager de Allāh envers son oncle Al-`Abbas et prenez-le comme cause pour faire le tawassoul à Allāh pour tout ce qui vous arrive. » Certes, si `Oumar a fait le tawassoul par Al-`Abbas après la mort du Prophète, ce n’est pas en raison de la mort du Messager mais c’est pour respecter le droit de sa parenté avec le Prophète , ainsi Al-`Abbas a dit : Allāhoumma ‘inna l-qawma tawajjahou bi ‘ilayka limakani min nabiyyik” ce qui signifie : « Ô Allāh, les gens T’ont adressé leur invocation par moi en raison de ma parenté avec Ton Prophète. » Az-Zoubayr Ibnou dhakkâr a rapporté cela. Par ailleurs le fait qu’une chose a été délaissée n’est pas une preuve qu’elle est interdite comme cela est décrété dans les livres des fondements de la croyance. Le fait que `Oumar a délaissé le tawassoul par le Prophète ne constitue pas une preuve que le tawassoul est interdit autrement que par celui qui est vivant et présent. En effet, le Prophète a délaissé de nombreuses choses permises. Est-ce que le fait qu’il les a délaissées est une preuve de leur interdiction ?
Le grand savant Mouḥammad Ibnou ‘Ahmad Mayyarah Al-Mâlikiyy dans son livre Ad-dourrou th-Thamin wa l-Mawridou l-Ma`in, Charhou l-Mourchidi l-Mou`in `ala d-Darouriyyi min `Oulôumi d-Dîn du Chaykh `Abdou l-WâHid Ibnou `Achir Al- ‘AnSâriyy Al-‘Ach`ariyy Al-Mâlikiyy que Allāh leur fasse à tous deux miséricorde a dit : « Ô Allāh nous faisons le tawassoul par le degré (al-jah) de la plus aimée des créatures, celle qui a selon Ton jugement le plus éminent degré, notre maître et notre Prophète Mouḥammad et par le degré (al-jah) de tous les prophètes, les messagers, les gens de la bataille de Badr, tous les saints les saints hautement véridiques, les martyrs et les vertueux, de ne pas laisser un seul péché sans que Tu le pardonnes, un tourment sans que Tu nous en dégage, un défaut sans que Tu le caches, une dette sans que Tu nous en acquittes, un ennemi sans que Tu nous préserves de son mal, un malade sans que Tu le guérisses, ô Toi le plus Miséricordieux des miséricordieux, ô Seigneur des mondes. » Ibnou `Achir, l’Imam, le Chaykh `Abdou l-WâHid Al-‘AnSâriyy Al-‘Ach`ariyy Al- Mâlikiyy, que Allāh lui fasse miséricorde a dit : « Je demande toujours l’utilité par Lui de la part de notre Seigneur, par le degré (al-jah) du Maître des gens. »
Al-Boukhâriyy et Mouslim ont rapporté du Hadith de ‘Anas ; selon la version de Mouslim, d’après lui, il a dit : « Lorsque le Prophète a effectué le lancer à la Jamrah, qu’il a égorgé ce qu’il a sacrifié et qu’il s’est fait rasé, il a désigné au coiffeur la partie droite de sa tête. Il l’a donné au coiffeur. Puis, il a appelé Abôu TalHah Al-‘Ansariyy et lui a donné des cheveux. Puis, il a désigné son côté gauche et a dit ce qui signifie : “Rase.” Celui-ci l’a rasé. Il a donné les cheveux à Abôu TalHah et a dit ce qui signifie : “Partage-les entre les gens.” » Dans ce ḥadīth il y a une recherche de bénédictions -tabarrouk- par les traces du Messager de Allāh parce que les cheveux ne se mangent pas. On les utilise pour autre chose que pour s’en nourrir. Le Messager de Allāh a incité sa communauté à faire le tabarrouk par ses traces. Khalid Ibnou l-Walid avait une qalansouwah -une toque- à l’intérieur de laquelle il avait mis des cheveux de la mèche frontale du Messager de Allāh lorsqu’il s’était rasé lors de la `Oumrah de la ja`ranah.
Mouslim a rapporté dans le saḥîH d’après `Abdou l-Lâh Ibnou Kayçan Mawla ‘Asma’i Bintou Abî Bakr, qu’il a dit : « Elle a sorti pour nous une tunique longue -joubbah- à capuche, de modèle persan, dont l’encolure était ornée de brocart et les emmanchures ourlées. Elle a dit : C’est la tunique longue du Messager de Allāh , elle était chez `A’ichah. lorsqu’elle est morte j’en ai pris possession. Le Prophète la mettait. Nous la lavons pour les malades et nous cherchons par elle la guérison. »
Dans le livre sou’alat `Abdi l-Lâh Ibni ‘Ahmad Ibni Hanbali ‘Ahmad, `Abdou l-Lâh a dit : « J’ai interrogé mon père (l’Imam ‘AHmad) à propos de l’homme qui touche le pommeau du Minbar avec l’intention de faire le tabarrouk, ainsi que sur le fait de toucher la tombe du Prophète. Il a dit : Il n’y a pas de mal en cela ».
Ibnou l-Jawziyy a rapporté dans Manaqib ‘Ahmad avec une chaîne de transmission ininterrompue jusqu’à `Abdou l-Lâh Ibnou ‘Ahmad Ibnou Hanbal qu’il a dit: « J’ai vu mon père c’est-à dire ‘Ahmad Ibnou Hanbal prendre un des cheveux du Prophète le mettre sur ses lèvres et l’embrasser. Je pense l’avoir vu le poser sur ses yeux, la plonger dans l’eau puis en boire pour chercher la guérison. Je l’ai vu prendre un récipient du Prophète , le tromper dans l’eau, puis boire dedans. »
At-tabarâniyy a rapporté dans al-‘Awsat et al-Kabîr d’après HanDhalah Ibnou Houdhaym qu’il a dit : « Je suis allé avec mon grand-père chez le Messager de Allāh . Il a dit : “Ô Messager de Allāh, j’ai des enfants qui ont atteint l’âge d’avoir des barbes et d’autres plus jeunes. Celui -là est le plus jeune d’entre eux. Il m’a rapproché du Messager de Allāh qui a passé sa main sur ma tête et a dit : bâraka l-Lâhou fîka, ce qui signifie : “Que Allāh te bénisse.” adh-dhayyâl a dit : « Je vois Handhalah. Vient à lui l’homme dont le visage est tuméfié ou la brebis dont le pis est enflé, il dit : Bismi l-Lâh en posant sa main sur l’endroit touché par la main du Messager de Allāh puis il passe la main et l’enflure disparaît. »
Le Hâfidh Ibnou Hajar Al-`Asqalaniyy a dit dans l’un de ses poèmes appelé An-Nayyiratou s-sab` : « Ô mon maître , Ô Messager de Allāh mes poèmes sont honorés par des éloges composés en ton honneur ».
As-SouyôuTiyy a dit dans le livre Al-KhaSâ’iSou l-Koubrâ, chapitre la vie du Prophète dans sa tombe et la prière qu’il accomplit. Abôu Ya`lâ a rapporté d’après Abôu hourayrah qu’il a dit : J’ai entendu le Messager de Allāh dire ce qui signifie : « Par Celui qui détient mon âme par Sa toute puissance , `Iça Ibnou Maryam redescendra sur terre et lorsqu’il se tiendra auprès de ma tombe et qu’il dira : ô Mouḥammad, je lui répondrai. »
Le Chaykh `Abdou l-Lâh Ibnou Mouḥammad Ibnou s-Siddiq Al-Ghoummariyy Al- Haçaniyy, que Allāh lui fasse miséricorde a dit dans son livre appelé ‘irghâmou l-moubtadi`i l-ghabiyy bi Jawazi t-tawassouli bi n-Nabiyy, ce qui suit : « Le tawassoul, la demande du renfort, la demande de l’intercession par le maître des gens, notre prophète Mouḥammad le flambeau irradiant les ténèbres, tout cela fait partie des bonnes choses recommandées et particulièrement lors des épreuves. C’est sur cette voie qu’ont avancé les savants qui œuvrent pour la religion, les saints, qui s’occupent d’adorations, les maîtres spécialistes du ḥadīth, les imams qui nous ont précédés, comme l’a dit as-soubkiyy, d’après ce qu’a rapporté l’auteur de FayDou l-Qadîr : Et il est bien de faire le tawassoul, la demande du renfort, la demande de l’aide, la demande de l’intercession par le Prophète à son Seigneur. Personne parmi les gens du salaf ni du Khalaf n’a renié cela ».
Voilà donc toutes ces paroles qui comportent la croyance de Ahlou s-Sounnah wa l-Jama`ah à propos du caractère permis du tawassoul par les prophètes et les saints, des paroles qui réfutent la croyance de ceux qui prétendent mensongèrement faire partie du Salaf. Ce sont des paroles qui mettent en évidence la croyance des ‘Ach-`ariyy (relativement au grand savant de la croyance Abou l-Haçan l-‘Ach-`ariyy [324h]) et des Matouridiyy[relativement au grand savant de la croyance Abou Mansour Al-Matouridiyy (333h)], qui est la croyance des compagnons et de ceux qui les ont suivis correctement, qu’ils fassent partie des gens du Salaf ou du Khalaf.
En résumé, le tawassoul n’est en rien une adoration d’autre que Dieu mais n’est qu’une recherche des causes par lesquelles on espère l’exaucement de la part du Tout-Puissant.
Aucun savant de Ahlou s-Sounnah n’a renié le tawassoul. Ibnou Taymiyah a été le premier à poser des restrictions qui ne font pas partie de la religion (à savoir qu’il serait une condition que la personne par laquelle on fait le tawassoul soit vivante et présente sur le lieu où est fait le tawassoul). Par cette innovation, il a interdit ce que Allāh n’a pas interdit ni Son Messager, ceci a été largement démontré par les preuves que nous avons présentées. L’interdiction du tawassoul par les wahhabites et leurs soutiens n’est finalement qu’une vaste entreprise destinée à priver les musulmans de la bénédiction des prophètes et des saints et destinée à faire passer l’ensemble des musulmans pour des non-croyants. Et Allāh sait plus que tout autre.
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.