vendredi juillet 26, 2024
  1. La croyance en l’unicité (tawhid) de Allah dans Son acte

    On rapporte de Al-Jounayd, l’Imam des soufis connaisseurs, lorsqu’il fut interrogé sur la croyance en l’unicité qu’il a dit : (Al-yaqin) –la certitude. Puis lorsqu’on lui demanda des explications sur sa signification, il a répondu : « [La certitude] qu’il n’est de créateur pour la moindre chose, qu’elle soit substance ou acte, que Allah ta^ala ».

    Allah ta^ala dit :

    [وَاللهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ] [1]

    (wa l-Lahou khalaqakoum wa ma ta^maloun) ce qui signifie : « Allah vous crée ainsi que vos actes ».

    Le Messager r a dit :

    (( إِنَّ اللهَ صَانِعُ كُلِّ صَانِعٍ وَصَنْعَتِهِ ))

    [rapporté par Al-Hakim, Al-Bayhaqiyy et Ibnou Hibban du hadith de Houdhayfah] (‘inna l-Laha sani^ou koulli sani^in wa san^atih) ce qui signifie : « Certes, Allah est Celui Qui crée tout esclave et tout ce qu’il fait ».

    Les esclaves ne créent rien de leurs actes, mais ils les acquièrent. Allah ta^ala dit :

    [اللهُ خَالِقُ كُلِّ شَىْءٍ] [2]

    (Allahou khaliqou koulli chay’) ce qui signifie : « Allah est Celui Qui crée toute chose ». Allah fait Son propre éloge ta^ala par cette ayah car c’est une chose qui Lui est spécifique ; et cette formulation entraîne la généralisation à l’ensemble des substances, des actes, des mouvements et des immobilités.

    Allah ta^ala dit :

    ]قُلْ إِنَّ صَلَاتِي وَنُسُكِي وَمَحْيَايَ وَمَمَاتِي لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ لَا شَرِيكَ لَهُ وَبِذَلِكَ أُمِرْتُ وَأَنَا أَوَّلُ الْمُسْلِمِينَ[  [3]

    (qoul ‘inna salati wa nouçouki wa mahyaya wa mamati li l-Lahi rabbi l-^alamin la charika lahou wabidhalika ‘oumirtou wa’ana ‘awwalou l-mouslimin) ce qui signifie : « Dis : mes prières, mes sacrifices rituels, ma vie et ma mort appartiennent à Allah le Seigneur des mondes ».

    Allah évoque la prière, les sacrifices par recherche de Son agrément, la vie et la mort dans un seul et même contexte et Il nous apprend qu’ils Lui appartiennent. Tout comme Allah est Celui Qui crée la vie et la mort, Il est aussi Celui Qui crée les actes volontaires comme la prière et les sacrifices rituels et les actes involontaires à plus forte raison.

    Les actes volontaires que nous réalisons en ayant un penchant pour les faire ne se distinguent que par le fait qu’ils sont acquis pour nous ; ils sont donc sujets à notre responsabilité [4].

    L’acquisition (al-kasb), qui est l’œuvre de l’esclave et en fonction de laquelle l’esclave sera récompensé ou châtié dans l’au-delà, c’est que l’esclave oriente son intention et sa volonté vers un acte, c’est-à-dire qu’il emploie sa capacité pour le faire, et que Allah le crée à cet instant-là [5].

    Par conséquent, l’esclave est celui qui acquiert son œuvre et Allah ta^ala est Celui Qui crée l’œuvre de cet esclave dont elle constitue son acquis (kasb). Ceci est une des questions de cette science qui requiert le plus de réflexion. Allah ta^ala dit :

    [لهَاَ مَا كَسَبَتْ وَعَلَيْهَا مَا اكْتَسَبَتْ] [6]

    (laha ma kaçabat wa ^alayha ma ktaçabat) ce qui signifie : « La personne a en sa faveur le bien qu’elle aura acquis et contre elle le mal qu’elle aura acquis ».

    L’homme n’est donc pas contraint car la contrainte contredirait la responsabilité [7]. Telle est la voie des gens de la vérité, qui est étrangère au fatalisme et au dualisme, c’est-à-dire à la voie des jabriyyah et celle des qadariyyah [8].

    Devient mécréant celui qui dit que l’esclave crée ses actes, comme les mou^tazilah, tout comme l’a dit Ibnou ^Abbas, que Allah l’agrée : « Les paroles des qadariyyah sont de la mécréance », et les qadariyyah sont les mou^tazilah.

    Abou Youçouf [9] a dit : « Les mou^tazilah sont des zanadi­qah » [10].

    Abou Mansour At-Tamimiyy les a décrits dans son livre Al-Farqou Bayna l-Firaq comme étant des mouchrikoun –des gens qui adorent autre que Allah, des mécréants. Il est à savoir que Abou Mansour est celui à propos duquel Ibnou Hajar Al-Haytamiyy a dit cette parole : « Et le grand Imam, l’Imam de nos compagnons Abou Mansour Al-Baghdadiyy a dit [] ». D’autre part, il est de ceux auprès de qui Al-Bayhaqiyy a pris les hadith.

    Ne sois pas abusé par l’absence de déclaration de mécréance à l’encontre des mou^tazilah de la part de certains savants relative­ment récents. Le maître Abou Mansour At-Tamimiyy a rapporté des différents Imams, dans son livre ‘Ousoulou d-Din et aussi dans son livre Tafsirou l-‘Asma‘i wa sSifat, qu’ils les ont déclarés mécréants.

    L’Imam Al-Baghdadiyy a dit dans son livre Tafsirou l l-‘Asma‘i wa sSifa[11] : « Nos compagnons ont été unanimes à juger mécréants les mou^tazilah », c’est-à-dire ceux qui disent (que l’esclave créerait les actes qu’il fait de son propre choix) et de même ceux qui disent (qu’il serait un devoir pour Allah de faire ce qui est le mieux pour les esclaves).

    Lorsqu’il dit : « nos compagnons », cela signifie les ‘ach^ariyy et les chafi^iyy car Al-Baghdadiyy était ‘ach^ariyy et chafi^iyy. Plus encore, il était parmi les plus grands chafi^iyy, comme l’a dit Ibnou Hajar qui est un Imam de très haut rang dans la transmission, connu pour cela chez les savants du fiqh, chez les spécialistes de la croyance musulmane et chez les historiens qui ont écrit au sujet des groupes déviants. Celui qui veut s’en assurer davantage, qu’il lise ses livres cités plus haut. On ne réfute pas ce qu’il rapporte –Al-Baghdadiyy– par les propos de Al-Bajouriyy ou de l’un de ses semblables antérieurs à son époque ou plus récent.

    Quant aux paroles de certains précurseurs des mou^tazilah, qui n’ont pas été déclarés mécréants, elles sont expliquées de manière similaire à la parole de Bichr Al-Mariciyy et de Al-Ma’moun Al-^Abbaciyy. Bichr était d’accord avec eux sur leur parole (que le Qour’an serait créé) [12] mais il les a jugés mécréants pour leur parole concernant la création par l’homme de ses actes. Ainsi, on ne juge pas tous ceux qui se réclament de l’i^tizal –la doctrine des mou^tazilah– d’un seul et même jugement ; néanmoins, chaque individu d’entre eux est jugé égaré.

    [1] [souratou sSaffat / 96]

    [2] [souratou r-Ra^d / 16]

    [3] [souratou l-‘An^am / 162]

    [4] c’est-à-dire que ce sont les actes au sujet desquels l’esclave rendra compte de les avoir faits. Pour le bien, il sera récompensé et pour le mal, il sera affligé.

    [5] Les actes involontaires ne sont pas sujets à notre responsabilité mais nous serons interrogés sur nos actes volontaires. Quant aux malheurs qui touchent le croyant, tels que les maladies et autre comme le décès d’un proche, nous en serons récompensés ; c’est par eux que les péchés sont pardonnés et que les degrés sont augmentés. La maladie en elle-même n’est pas un acte volontaire mais c’est la patience qui est volontaire.

    [6] [souratou l-Baqarah / 286]

    [7] Cela signifie qu’il n’est pas privé de choix, car s’il était ainsi, c’est-à-dire contraint, il ne serait pas responsable.

    [8] Les jabriyyah disent (que l’homme est contraint tout comme la plume suspendue dans les airs) et les qadariyyah disent (que l’homme crée ses propres actes). Quant aux gens de ‘Ahlou s-Sounnah, ils ne suivent ni ceux-là ni ces autres, ils sont dans le juste milieu, entre les deux.

    [9] Abou Youçouf Al-Qadi était un compagnon de Abou Hanifah, celui qui avait le plus de science parmi ses élèves. Il était juge à l’époque de Haroun Ar-Rachid.

    [10] Le zindiq est celui qui n’a pas de religion et qui dit (nous mangeons, nous buvons et nous vivons). Les mou^tazilah sont donc semblables à eux. (zanadiqah) est le pluriel de (zindiq).

    [11] Ce livre est très rare. Il en existe deux ou trois copies manuscrites dans certaines bibliothèques.

    [12] Al-Ma’moun Al-^Abbaciyy n’a pas été déclaré mécréant car il ne comprenait pas de ce propos que la parole de Allah qui est Son attribut serait créé. En effet, si les gens de son époque avaient su cela de lui, ils l’auraient déclaré mécréant.