CHAPITRE 8
La Mécréance
Définition
La mécréance est toute croyance, tout acte ou toute parole qui marque du dédain, du mépris envers Dieu, ses Livres, ses Prophètes, ses Anges, ses Lois, sa Promesse, ses Menaces, ou les pratiques et symboles de l’Islâm, etc.
Pour ce qui est des Croyants, Allâh dit :
إِنَّمَا الْمُؤْمِنُونَ الَّذِينَ ءامَنُوا بِاللهِ وَرَسُولِهِ ثُمَّ لَمْ يَرْتَابُوا
Ce qui signifie :
« Les Croyants sont ceux qui croient en Dieu et en Son Messager et qui ne doutent point. »
(Qour’ân : sourate 49, ‘Al-Houjourât / 15)
Dieu a révélé dans tous ses Livres, notamment la Torah, l’Evangile et le Qour’ân, que celui qui meurt mécréant ira en Enfer pour y demeurer éternellement, sans fin ni répit. C’est ce qui ressort du Qour’ân où Allâh dit :
إِنَّ الَّذِينَ كَفَرُوا وَصَدُّوا عَن سَبِيلِ اللهِ ثُمَّ مَاتُوا وَهُمْ كُفَّارٌ فَلَن يَغْفِرَ اللهُ لَهُمْ
Ce qui signifie :
«Allâh ne pardonnera jamais à ceux qui commettent de la mécréance et qui écartent les gens de la voie agréée par Allâh, puis meurent en étant mécréants. »
(Qour’ân : sourate 47, Mouhammad / 34)
La mécréance est donc le péché le plus grave qu’une
personne puisse commettre. Aussi, depuis Noé عليه السلام, tous les Prophètes mettent-ils leur communauté en garde contre la mécréance sous toutes ses formes, avec ou sans association.
La mécréance avec association consiste à adorer autre que Dieu ou quelque chose avec Dieu. C’est par exemple:
La mécréance sans association consiste, entre autres, à:
Remarque
Cette liste n’étant pas exhaustive, il est donc important de se référer, à toutes fins utiles, aux règles déjà définies. Sans jamais oublier de s’informer auprès de ceux qui ont la connaissance, car la Science (de l’Islâm), avec l’aide de Dieu, guide, dirige, facilite l’accès au Paradis et préserve du feu de l’Enfer, alors que l’ignorance égare, trompe, ruine et mène vers l’Enfer.
Il est à noter ici que commettre de la mécréance ou aider à en faire aboutit au même résultat, c’est-à-dire à la sortie de l’Islâm, avec ses conséquences désastreuses. Ainsi, si quelqu’un demande à tout Musulman, ou même à un Imam qui est en train de faire le prêche du vendredi : – Que dois-je faire pour embrasser l’islâm ? Celui-ci doit immédiatement lui dire de faire les deux témoignages. Par contre, s’il le retarde exprès en répondant: “Attends que je finisse mon prêche”, cela équivaut à approuver l’état de mécréance dans lequel se trouve cette personne, et celui qui agrée la mécréance d’un autre devient lui-même mécréant.
Nous demandons à Dieu le Suprême de nous préserver de la mécréance, car c’est une pente qui mène directement en Enfer.
A l’instar de beaucoup d’éminents Savants, le Cheikh ^Abdoul-Bâçit ‘Al-Fâkhoûriy, Mufti[1] de Beyrouth il y
a un siècle, a mentionné dans son livre « Al-Kifâyah Li Dhawil-^Inâyah » que la mécréance se présente sous trois formes :
Chacune de ces catégories a plusieurs ramifications.
Le siège de ce type de mécréance est dans le cœur. Et Allâh dit:
وَمَن لَّمْ يُؤْمِن بِاللهِ وَرَسُولِهِ فَإِنَّا أَعْتَدْنَا لِلْكَافِرِينَ سَعِيرًا
Ce qui signifie :
« Ceux qui ne croient pas en Allâh et en son Messager alors. Nous (Dieu) avons préparé pour ces mécréants une fournaise ardente. »
(Qour’ân : sourate 48, ‘Al-Fatih / 13)
Comme exemple, il y a entre autres le fait de :
Dieu dit :
وَمِنْ ءايَاتِهِ اللَّيْلُ وَالنَّهَارُ وَالشَّمْسُ وَالْقَمَرُ لا تَسْجُدُوا لِلشَّمْسِ وَلا لِلْقَمَرِ وَاسْجُدُوا للهِ الَّذِي خَلَقَهُنَّ إِن كُنتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ
Ce qui signifie :
« Parmi les preuves de sa Puissance, il y a la nuit et le jour, le soleil et la lune. Ne vous prosternez ni pour le soleil, ni pour la lune, mais prosternez-vous pour Allâh qui les a créés, si c’est Lui que vous adorez. »
(Qour’ân : sourate 41, Fousilat / 37)
C’est aussi le fait de :
tout écrit, dans n’importe quelle langue, comportant un des Noms de Dieu (tels que le Clément -‘Ar-Rahmân-, le Miséricordieux -‘Ar-Rahiym-, etc.), le nom d’un Prophète, d’un Ange, ou tout autre écrit qui traite de l’Islâm en général.
Remarque
Pour se débarrasser d’un tel écrit, sans tomber dans la mécréance, on peut recourir à l’une des méthodes suivantes :
En aucun cas, on ne doit jeter de tels écrits dans les ordures.
De nos jours, le laxisme dans le langage a atteint une telle ampleur qu’il arrive que certains prononcent des paroles qu’ils ne considèrent même pas comme un péché alors que c’est de la mécréance, qui est le plus grave des péchés.
Allâh dit :
وَلَئِن سَأَلْتَهُمْ لَيَقُولُنَّ إِنَّمَا كُنَّا نَخُوضُ وَنَلْعَبُ قُلْ أَبِاللهِ وَءايَاتِهِ وَرَسُولِهِ كُنتُمْ تَسْتَهْزِؤُونَ {65} لاَ تَعْتَذِرُواْ قَدْ كَفَرْتُم بَعْدَ إِيمَانِكُمْ {66}
Ce qui signifie :
« Si tu les interroges, ils diront: Nous ne faisions que discuter et plaisanter. Dis :- Est-ce de Dieu, de ses Versets et de son Messager que vous vous moquiez ? Ne vous cherchez pas d’excuses : vous êtes devenus mécréants après avoir été Croyants. »
(Qour’ân : sourate 9, ‘At-Tawbah / 65-66)
Allâh dit encore :
يَحْلِفُونَ بِاللهِ مَا قَالُواْ وَلَقَدْ قَالُواْ كَلِمَةَ الْكُفْرِ وَكَفَرُواْ بَعْدَ إِسْلاَمِهِمْ
Ce qui signifie :
« Ils jurent par Allâh qu’ils n’ont pas prononcé de paroles de mécréance. Pourtant ils l’ont fait et sont sortis de l’Islâm après avoir été Musulmans. »
(Qour’ân : sourate 9, ‘At-Tawbah / 74)
Quelques exemples de mécréance par la parole :
إِذْ يَقُولُ لِصَاحِبِهِ لاَ تَحْزَنْ إِنَّ اللهَ مَعَنَا
Ce qui signifie :
« Il (Mouhammad ) dit à son compagnon (quand ils étaient dans la grotte) : Ne t’afflige pas, Allâh est notre Soutien. »
(Qour’ân : sourate 9, ‘At-Tawbah / 40)
Les Croyants sont unanimes à affirmer que c’est ‘Aboû Bakr qui est visé par le terme «compagnon» dans ce verset.
La mécréance par la parole est de loin la plus répandue des trois sortes. En effet, ‘Aboû Wâ’il dit que ‘Ibnou Mas^oûd, le grand compagnon du Prophète ﷺ, est monté une fois sur la colline de “Safâ” à la Mecque, et s’est adressé à sa langue, disant :
يَا لِسَانُ قُلْ خَيْرًا تَغْنَمْ وِ اسْكُتْ عَنْ شَرٍّ تَسْلَمْ مِنْ قَبْلَ أَنْ تَنْدَمَ إني سمعت رسول الله ﷺ يقول: أكثر خطايا ابن آدم من لسانه.
Ce qui signifie :
« Ô langue ! Dis du bien, tu y gagneras. Et abstiens-toi de dire du mal, tu seras sauvée, avant de le regretter. Car j’ai entendu le Messager de Dieu dire que la plupart des péchés du fils d’Adam proviennent de sa langue. »
(Rapporté par ‘At–Tabarâniy)
Celui donc qui croit en Dieu et au Jour Dernier, qu’il dise du bien ou qu’il se taise, car d’après le compagnon ^Abdour-Rahmân ‘Ibnou Sakhr dit Aboû Hourayrah, que Dieu l’agrée, le Prophète ﷺ a dit :
إن العبدَ ليتكلمُ بالكلمةِ ما يَتبيَّنُ ما فيها، يَهوي بها في النار أبْعَدَ ما بين المشرق والمغرب
Ce qui signifie :
« Il arrive que la personne prononce une parole en n’y voyant aucun mal, et (pourtant) à cause de ça elle chutera en Enfer à une distance plus grande que celle qui sépare l’Est de l’Ouest. »
(Rapporté par Boukhâriy et Mouslim)
Ce Hadith est la preuve qu’on peut tomber dans la mécréance :
مَن كَفَرَ بِاللهِ مِن بَعْدِ إيمَانِهِ إِلاَّ مَنْ أُكْرِهَ وَقَلْبُهُ مُطْمَئِنٌّ بِالإِيمَانِ وَلَكِن مَّن شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْرًا فَعَلَيْهِمْ غَضَبٌ مِّنَ اللهِ وَلَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ
Ce qui signifie :
« La personne qui, après avoir été Croyante, commet délibérément de la mécréance, et celle qui agrée la mécréance par le cœur tout en étant directement sous la forte contrainte, encourent la malédiction de Dieu et subiront un châtiment terrible. Sauf si le cœur de celui qui subit la forte contrainte demeure ferme dans la Foi. »
(Qour’ân : sourate 16, ‘An-Nahl / 106)
Il a ainsi pris cette partie du verset « … la personne qui agrée la mécréance par le cœur… » pour soutenir ses propos déviants et a intentionnellement gardé sous silence, le reste du verset qui montre bien que celui qui commet de la mécréance, tout en la rejetant dans son cœur et sous la forte contrainte, ne sort pas de l’Islâm. En effet, on comprend que Dieu dit : « Sauf si le cœur de celui qui subit la forte contrainte directe demeure ferme dans la Foi. » Cela ne signifie pas que celui qui, n’étant pas sous la forte contrainte, peut espérer la Clémence de Dieu, s’il commet de la mécréance même sans l’approuver dans son cœur.
Sayyid Sâbiq a également employé la même manœuvre avec cette autre partie du Hadith où l’on comprend que le Prophète ﷺ a dit : « Certes, les actes sont fonction de l’intention » pour affirmer que si on n’a pas l’intention d’accomplir un mauvais acte (comme la mécréance), mais qu’on le commet quand même, on n’encourt pas le châtiment de Dieu. Or la suite du Hadith montre que le Prophète Mouhammad ﷺ a voulu dire par là «les bons actes», c’est-à-dire ceux qui sont agréés par Dieu, et non tous les actes, car il a dit :
إنما الأعمال بالنيّات ، وإنما لكل امرىٍء ما نوى ، فمن كانت هجرته إلى الله ورسوله ، فهجرته إلى الله ورسوله، ومن كانت هجرته لدنيا يصيبها، أو امرأة ينكحها فهجرته إلى ما هاجر إليه
Ce qui signifie :
« Certes, les (bons) actes sont selon l’intention, et chacun sera rétribué en fonction de ce qu’il avait l’intention de faire (en accomplissant ce bon acte) ; à celui qui a accompli son émigration pour obéir à Dieu et à son Messager, son émigration lui sera comptée conformément à son intention; et celui qui a accompli son émigration pour obtenir quelque chose de licite dans ce bas-monde ou pour épouser une femme, son émigration lui sera comptée pour ce qu’il a recherché. »
(Rapporté par Boukhâriy et Mouslim)
Le bon acte ici consistait à accomplir l’obligation d’émigrer de la Mecque à Médine pour obéir à Dieu et à son Prophète.
Mais que pourrait répondre Sayyid Sâbiq si on l’interrogeait au sujet d’une personne qui s’est livrée à la fornication ? Va-t-il lui citer ce même Hadith pour voir quelle était sa véritable intention ? Demande-t-on à celui qui est en train de boire de l’alcool quelle est son intention ? Que dire alors de la mécréance qui est le plus grave des péchés ?
On le voit, son ignorance dans la Religion l’a
conduit à ouvrir une grande brèche par laquelle les gens s’engouffrent dans la mécréance. Car, quelqu’un pourrait ainsi commettre de la mécréance et arguer qu’il n’en est rien puisque l’intention n’y était pas ! Or, nous savons que dans ce cas il ne peut y avoir d’excuse, car on comprend que le Prophète ﷺ a dit : «Certes il arrive que la personne prononce une parole en n’y voyant aucun mal, et (pourtant) à cause de laquelle elle chutera dans l’Enfer à une profondeur de 70 années». Cela signifie qu’elle ne voit rien de mal dans ce qu’elle a dit (à cause de son ignorance), et pourtant elle est sortie de l’Islâm.
Tout cela est la preuve qu’il y a un abîme entre Sayyid Sâbiq. et le grade de Savant. Prenons donc soin de suivre les vrais Savants dignes de ce nom, qui nous mettent en garde contre la mécréance, car celle-ci, sous n’importe quelle forme, est une souillure dont il faut se débarrasser le plus résolument et le plus rapidement possible. En effet, Allâh ne pardonne pas à ceux qui meurent mécréants ; et personne ne connaît le jour et l’heure de sa mort. Il faut ainsi redouter la mécréance comme on redoute de tomber dans le feu de l’Enfer. Et rappelons-nous que Dieu dit :
مَا يَلْفِظُ مِن قَوْلٍ إِلاَّ لَدَيْهِ رَقِيبٌ عَتِيدٌ
Ce qui signifie :
« Personne ne prononce de parole sans avoir auprès de lui (les Anges) Raqiyb et ^Atiyd. »
(Qour’ân : sourate 50, Qâf / 18)
III. Conséquences de l’apostasie
Dès que l’apostasie se réalise, ses conséquences sont immédiates et catastrophiques pour son auteur, à moins qu’il ne s’agisse d’une exception comme celles qui suivent:
Il doit s’agir d’une menace réelle, directement dirigée contre sa vie, ou indirectement (comme de lui couper une jambe ou un bras jusqu’à ce qu’il se vide de son sang) et exercée par quelqu’un qui est capable d’exécuter sa menace. Il est évident que la victime doit détester par le cœur ce que sa langue prononce.
En revanche, quiconque fait de la mécréance sous la contrainte en agréant cela, sort de l’Islâm. Il en va de même pour celui qui, délibérément, sans être sous contrainte, blasphème par exemple contre Dieu ou un Prophète, que ce soit dans un état de colère, en plaisantant ou en étant sérieux.
dormir sous un arbre. A son réveil, il fut très surpris de la retrouver intacte devant lui. Alors voulant remercier Allâh pour avoir retrouvé sa monture, il dit : « Louange à Toi ! Tu es mon esclave et je suis ton seigneur » à la place de dire: « Louange à Toi ! Tu es mon Seigneur et je suis ton esclave. »
En dehors de ces cas, la personne qui commet de la mécréance :
وَمَن يَكْفُرْ بِالإِيمَانِ فَقَدْ حَبِطَ عَمَلُهُ وَهُوَ فِي الآخِرَةِ مِنَ الْخَاسِرِينَ
Ce qui signifie :
« La récompense de celui qui commet de la mécréance est anéantie (ses bonnes œuvres ne lui procurent aucune récompense de la part de Dieu) et dans la vie future, il sera au nombre des perdants. »
(Qour’ân : sourate 5, ‘Al-Mâ’idah / 5)
[1] Savant et dignitaire musulman habilité de par son érudition à émettre des décrets dans le domaine de la Religion conformément au Qour’ân, à la Sounnah du Prophète et à l’Unanimité des jurisconsultes antérieurs.