ABOU BAKR AS–SIDDIQ que Allah l’agrée
Il se nomme ^Abdou l-Lah Ibnou Abi Qouhafah ^Outhman Ibni ^Amir, il rejoint l’arbre généalogique du noble Prophète à Mourrah Ibnou Ka^b, sa mère étant la cousine paternelle de son père, elle se nomme ‘Oummou l-Khayr Salma Bintou Sakhr. Il est né environ trois ans après l’année de l’éléphant, il faisait partie des notables du peuple de Qouraych et comptait parmi leurs savants, il était aimé parmi eux.
Il était blanc de visage, le corps fin, les favoris non fournis, le front proéminent. Il était le meilleur des compagnons. Il fut le premier parmi les hommes à embrasser l’Islam, il avait alors trente sept ans.
On lui prêta serment lors de sa succession au Prophète le jour du décés du Prophète, la onzième année de l’Hégire, ce serment eut lieu dans la cours des Bani Sa^idah. Ainsi, ceux qui prêtent serment partirent vers la mosquée du Prophète et tout le monde s’engagea envers lui. Puis ^Aliyy et Al-^Abbas lui prêtèrent serment, que Allah les agrée tous deux, et les compagnons furent unanimes au sujet de la légitimité de son califat.
La première affaire que mena à bien Abou Bakr, que Allah l’agrée, fut d’envoyer ‘Ouçamah Ibnou Zayd accompagné d’une légion, avec l’ordre de se rendre du côté des terres de Mou’tah, là où mourut martyr son père Zayd Ibnou Harithah.
Après la mort du Messager, la catastrophe devint grande, l’hypocrisie s’accrut, certaines tribus apostasièrent et certains refusèrent de verser la zaka, l’aumône obligatoire. Abou Bakr, que Allah l’agrée, s’attacha alors à régler cette affaire primordiale, il ordonna d’équiper les troupes pour combattre les apostats et ceux qui refusaient de verser la zakat.
Abou Bakr sortit avec l’armée et marcha jusqu’à arriver à Rabdhah qui est un village voisin de Médine à trois jours de Dhati ^Irq. Puis, il fut rappelé à Médine et y retourna ; il avait organisé onze légions pour combattre les apostats. Les armées se dirigèrent donc vers l’ennemi et combattirent les apostats. Mouçaylamah le menteur fut tué, et Toulayhah Ibnou Khouwaylid s’enfuit vers la terre de Cham, il avait prétendu être prophète, mais il se convertit par la suite à l’Islam à l’époque de ^Oumar Ibnou l-Khattab.
Parmi les compagnons, environ sept cents moururent martyrs, la plupart était de ceux qui connaissaient le Qour’an par cœur : parmi eux Zayd Ibnou l-Khattab le frère de ^Oumar, que Allah les agrée tous deux ainsi que Al-Bara‘ Ibnou Malik le frère de ‘Anas Ibnou Malik, parmi les Bani Hanifah, environ dix-sept mille hommes furent tués.
Abou Bakr As–Siddiq rassembla le Qour’an, il fut le premier à l’appeler Mous–haf. Le Qour’an n’avait pas été réuni auparavant il était seulement mémorisé dans le cœur de ceux qui, parmi les compagnons récitaient le Qour’an par cœur, et noté sur des feuillets purs séparés.
Puis arriva la douzième année, c’est alors que Abou Bakr prépara les armées pour les conquêtes, il mit Khalid Ibnou l-Walid à la tête de l’armée vers l’Irak.
La treizième année, il nomma Abou ^Oubaydah Ibnou l-Jarrah commandant des armées des pays du Cham.
Les armées de Abou ^Oubaydah se réunirent à Yarmouk, un lieu en Palestine, les combattants étaient au nombre de vingt et un mille ; Héraclius y envoya ses armées ce jour-là : ils étaient quant à eux plus de deux cent mille soldats.
Ils écrivirent à Abou Bakr pour l’en informer et lui demander des renforts, alors Abou Bakr écrivit à Khalid Ibnou l-Walid afin que celui-ci nomme à sa place Al-Mouthanna Ibnou Harithah comme chef des armées en Irak et qu’il se dirige avec son armée vers le Cham. Il le nomma commandant des armées du Cham à la place de Abou ^Oubaydah et lui ordonna de se hâter. Khalid s’y dirigea donc et arriva à Yarmouk. Le combat fut acharné et la bataille redoubla de violence jusqu’à ce que Allah lui donne la victoire. La nouvelle de la défaite des romains parvint à Héraclius alors qu’il était à Houms, il se retrancha derrière la ville de Houms, afin qu’elle fasse obstacle entre lui et les musulmans puis il accepta que Houms et Damas leur reviennent.
Tandis que les musulmans étaient à Yarmouk, il arriva un courrier de Médine l’Illuminée informant Khalid Ibnou l-Walid que le calife Abou Bakr, que Allah l’agrée, était décédé et que lui succédait ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, mais il n’informa personne de la nouvelle du fait qu’ils étaient préoccupés par la bataille.
La mort de Abou Bakr As–Siddiq, que Allah l’agrée, eut lieu la treizième année, la nuit du mardi précédant les sept derniers jours du mois de Joumada l-‘Akhirah, à l’âge de soixante trois ans.
Son califat dura deux ans, trois mois et treize jours, et il fut enterré dans la demeure de ^A‘ichah, la tête au niveau des épaules du Messager de Allah.
Lorsque Abou Bakr, que Allah l’agrée, fut sous le coup de la maladie, il réunit auprès de lui Talhah, ^Outhman Ibnou ^Affan, ^Abdou r-Rahman Ibnou ^Awf ainsi que d’autres parmi les grands compagnons et il les informa qu’il voyait ^Oumar Ibnou l-Khattab comme calife. Ils approuvèrent cela et firent l’éloge de son avis, puis il apparut devant les gens et les informa que ^Oumar serait son successeur. Il leur ordonna de l’écouter et de lui obéir. Ensuite, il appela ^Outhman Ibnou ^Affan et lui dit : “Ecris !” puis il lui ordonna de cacheter cet écrit avec le sceau du Messager de Allah, ce qu’il fit. Ensuite ^Outhman sortit avec le pli et le lut aux gens. C’est alors qu’ils prêtèrent serment à ^Oumar Ibnou l-Khattab et les gens furent satisfaits que ce soit lui leur calife.
^OUMAR IBNOU L-KHATTAB que Allah l’agrée
Il se nomme Abou Hafs ^Oumar Ibnou l-Khattab Ibni Nafil. Son arbre généalogique rejoint celui du noble Prophète à Ka^b Ibnou Lou’ayy. Sa mère est Houthmah Bintou Hachim. Le Messager de Allah l’a surnommé Al-Farouq, Celui qui discerne, car il discernait le vrai du faux.
Il est né, que Allah l’agrée, treize années après l’année de l’éléphant et entra en Islam trois années après la révélation, il avait alors vingt-sept ans.
Il était grand et chauve, blanc de peau avec beaucoup de rougeur, la barbe fournie mais légère au niveau des favoris, très fournie au niveau des moustaches, l’iris des yeux très rouge, très modeste, ascète, pieux vertueux, austère.
Il prit le califat par désignation de Abou Bakr As–Siddiq, que Allah les agrée tous deux. Il lui fut prêté serment de son vivant, puis il dirigea les affaires du califat avec loyauté, justice et excellentes gestion et stratégie.
Il organisa les armées pour le combat dans la voie que Allah agrée et destitua Khalid Ibnou l-Walid du commandement des armées du Cham. Il plaça Abou ^Oubaydah à la tête des armées et des légions à cause de la dureté du commandement de Khalid et de sa sévérité.
La conquête de Damas
Lorsque l’affaire de Yarmouk fut réglée, les musulmans se dirigèrent vers Damas, ils l’assiégèrent durant soixante-dix nuits de ses quatre côtés. Une nuit, par surprise, Khalid Ibnou l-Walid escalada le mur avec ceux qui étaient avec lui, tua les sentinelles gardant la porte et prit d’assaut la ville avec les soldats, puis il dit : “Allahou ‘Akbar” et ils dirent : “Allahou ‘Akbar“. Les gens de la ville se réfugièrent auprès de leurs chefs qui appelèrent à faire un pacte de paix. Les musulmans entrèrent donc par les différents côtés de la cité grâce à ce pacte et se retrouvèrent avec Khalid Ibnou l-Walid au centre de la ville. La partie de la ville pénétrée par Khalid fut elle aussi prise grâce à un pacte de paix. Cela eut lieu la quatorzième année de l’Hégire. Puis les soldats continuèrent leurs conquêtes, ils conquirent Tabariyah et Baysan grâce à un pacte de paix, sans effusion de sang, ainsi que Qayçariyyah, Ghazzah, Sibastiyyah. Ils conquirent aussi Nabouls, Ar-Ramlah, Loudd, ^Amwas, Bayt Habroun, Yafa et toute la région jusqu’à Gaza.
La conquête de Jérusalem
Ensuite Abou ^Oubaydah marcha sur la Jordanie, réunit les armées et se dirigea vers Jérusalem. Il leur écrivit un message puis les attendit. Mais ils refusèrent de se rendre. Il partit donc à leur rencontre, établit son camp à proximité d’eux et les assiégea. Lorsque le siège fut trop éprouvant pour eux, ils demandèrent la paix, ce qu’il accepta. Ils dirent : “Envoie un message à ton gouverneur afin que ce soit lui qui nous donne le pacte de paix”.
Abou ^Oubaydah ayant écrit à l’Emir des croyants pour l’en informer, ^Oumar réunit les grands compagnons et leur demanda leur opinion : devait-il s’y rendre ou non ? Ils lui suggérèrent tous d’y aller. C’est ainsi qu’il réunit une troupe et s’en alla après avoir nommé ^Aliyy Ibnou Abi Talib, que Allah l’agrée, à sa place au commandement de Médine l’Illuminée.
L’Emir des croyants entra à Jérusalem et c’est à ce moment là qu’eut lieu l’accord de paix entre les croyants et les chefs de la population de Jérusalem, moyennant le paiement de la jizyah – une sorte d’impôt – et d’autres conditions précises. Il fit mettre sur papier tous les points sur lesquels l’accord fut établi.
Lorsque l’Emir des croyants, ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, entra à Jérusalem avec l’extraordinaire armée des musulmans, il dégagea le Rocher et ordonna d’y construire une mosquée. Passant près du Mihrab de Dawoud, l’alcôve située à la porte de la ville dans la fortification, il y accomplit une prière, récita la Sourat Sad et se prosterna. Ensuite il changea l’orientation de la mosquée en direction de la Ka^bah. C’est à cette époque-là que furent conquises toutes les régions des pays du Cham.
Puis, il nomma ^Alqamah Ibnou Hakim à la tête de la moitié de la Palestine et fit de Ar-Ramlah sa capitale ; d’autre part il nomma ^Alqamah Ibnou Mahriz à la tête de l’autre moitié et l’installa à Jérusalem (Baytou l-Maqdis).
Ensuite, ^Oumar, que Allah l’agrée, retourna à Médine l’Illuminée. Ayant constaté ce qu’avait réalisé Khalid Ibnou l-Walid, il dit : “Que Allah fasse miséricorde à Abou Bakr, certes il connaissait les hommes mieux que moi.” Abou ^Oubaydah conquit Qinnasrin puis marcha sur Alep. Ses habitants firent avec lui un pacte de paix moyennant le paiement de la jizyah. Par la suite ils se convertirent tous à l’Islam. Il alla aussi à Antakyah, ville d’une très grande importance et possédant une population très nombreuse. Abou ^Oubaydah les vainquit et ils firent avec lui un pacte de paix, moyennant la jizyah. Puis, ils conquirent Manbaja, ^Ayntab, Al-Mawsal et toute la péninsule, tout ceci la quinzième année de l’Hégire. Après cela, ^Amr Ibnou l-^As demanda la permission à l’Emir des croyants ^Oumar Ibnou l-Khattab de conquérir l’Egypte. Il accepta et envoya avec lui Az–Zoubayr Ibnou l-^Awwam. Après de très violents affrontements, les habitants de l’Egypte acceptèrent le pacte de paix et payèrent la jizyah.
L’assassinat de ^OUMAR IBNOU L-KHATTAB que Allah l’agrée
La quatorzième année de l’Hégire l’Emir des croyants ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, ordonna de construire les villes de Bassora et de Koufa, initialement à base de roseaux. Les gens demandèrent par la suite à ^Oumar la permission de les construire en briques et il leur en donna l’autorisation.
La dix-septième année de l’Hégire, l’Emir des croyants fit une expédition pour une ^Oumrah et résida à La Mecque durant vingt jours. C’est à cette époque-là qu’il fit agrandir la Mosquée sacrée. C’est aussi cette année-là que ^Oumar Ibnou l-Khattab épousa ‘Oummou Kalthoum la fille de ^Aliyy Ibnou Abi Talib et de Fatimatou z–Zahra‘.
La dix-huitième année, il y eut une sécheresse terrible, au point que cette année fut appelée ^Amou r-Ramadah (l’année de la cendre). Alors, ^Oumar, que Allah l’agrée, demanda la pluie : il fit un discours et fit le tawassoul par Al-^Abbas Ibnou ^Abdi l-Mouttalib, puis s’agenouilla et pleura en invoquant Allah jusqu’à ce que la pluie tombe et qu’ils fussent secourus. Cette année-là, la peste de ^Amwas sévissait dans les pays du Cham du côté de la Jordanie. Elle persista là-bas un mois, environ vingt cinq mille personnes périrent.
La vingt-troisième année de l’Hégire, l’Emir des croyants ^Oumar, que Allah l’agrée, fit le Pèlerinage, puis revint à Médine l’Illuminée où il mourut poignardé par Abou Lou’lou’ah Fayrouz le mazdéen, esclave de Al-Moughirah Ibnou Chou^bah. ^Oumar, que Allah l’agrée, était sorti pour la prière de as–soubh, les rangs étaient déjà alignés et l’ignoble Abou Lou’lou’ah s’infiltra entre les rangs, un poignard à deux extrémités pointues et empoisonné à la main, il le poignarda de trois coups dont un sous le nombril, puis ils le maîtrisèrent après qu’il ait blessé environ douze compagnons dont six moururent.
^Oumar, que Allah l’agrée, tomba à terre et dit à son fils : « Regarde qui m’a poignardé », il répondit : « Abou Lou’lou’ah, l’esclave de Al-Moughirah », alors ^Oumar dit : « Louange à Allah, qui a fait que mon assassinat soit par la main d’un homme qui n’a jamais fait une seule prosternation pour Allah ». ^Oumar chargea ^Abdou r-Rahman pour faire la prière devant les gens et fut transporté chez lui. Puis il envoya son fils ^Abdou l-Lah chez ^A‘ichah en lui disant : « Dis lui : ^Oumar Ibnou l-Khattab te salue, et ne dis pas l’Emir des croyants, et il te demande : autorises-tu que je sois enterré avec mes deux compagnons ». Alors, ^Abdou l-Lah se rendit chez ^A‘ichah et lui demanda l’autorisation que son père soit enterré avec ses deux compagnons. Elle reçut donc le message de l’Emir des croyants, exhala un soupir et pleura puis elle dit : « Transmets à l’Emir des croyants mon salut et dis lui que j’avais réservé cela pour moi mais qu’aujourd’hui elle t’en fait l’honneur plutôt qu’à elle ». ^Abdou l-Lah revint et ^Oumar lui dit : « Que rapportes-tu, ô ^Abdou l-Lah ». Il répondit : « Ce que tu désirais, elle te l’autorise ». Il dit : « Louange à Allah », et il ne cessa d’évoquer Allah ta^ala, de faire du dhikr, jusqu’à ce qu’il décède, que Allah l’agrée, la veille du mercredi, trois nuits avant la fin de Dhou l-Hijjah à l’âge de soixante trois ans. Il fut lavé et déposé sur le lit du Messager de Allah et Souhayb dirigea la prière funéraire qu’ils firent pour lui. Il fut enterré dans la chambre honorée, la tête au niveau des épaules de Abou Bakr As–Siddiq, que Allah l’agrée. Son califat dura dix ans et six mois moins un jour.
^OUTHMAN IBNOU ^AFFAN que Allah l’agrée
Il se nomme Abou ^Amr ^Outhman Ibnou ^Affan Ibnou Abi l-^As. Sa mère est ‘Arwa Bintou Kariz et son arbre généalogique rejoint celui du Prophète à ^Abdou Manaf. Il a été surnommé « l’homme aux deux lumières » (Dhou n-Nourayn) car il épousa deux des filles du Messager de Allah : Rouqayyah et ‘Oummou Kalthoum.
Il était de taille moyenne, avait un beau visage, blanc avec une rougeur, sur lequel apparaissaient des cicatrices suite à la variole. Il avait la barbe épaisse, les épaules larges, les bras longs et recouverts de poils, et il était chauve. Il avait retenu ses dents avec de l’or. Son sceau était le sceau du Messager de Allah, tout comme Abou Bakr et ^Oumar, que Allah les agrée tous deux. Lorsque son sceau tomba dans le puits ‘Aris – le puits qui se trouve face à la mosquée de Qouba‘ –, il prit un sceau qu’il avait gravé et sur lequel était inscrit : « Je crois en Celui Qui crée dans la plus parfaite harmonie ». Il est né à At-Ta’if – une citée très connue du côté du Najd, très florissante et riche en raisin –, six ans après l’année de l’éléphant. Il fut parmi les premiers convertis à l’Islam, par Abou Bakr, que Allah les agréé tous deux. Il avait à ce moment-là trente neuf ans.
Il assista à tous les grands évènements avec le Messager de Allah sauf la bataille de Badr car sa femme Rouqayyah était malade. Ainsi le Prophète lui ordonna de rester à son chevet à Médine ; il le compta cependant parmi les participants à la bataille de Badr et lui donna sa part du butin.
Il lui fut prêté serment comme successeur à la tête des musulmans trois nuits après l’enterrement de ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, la vingt-quatrième année de l’Hégire. Beaucoup de pays furent conquis à son époque, comme l’Arménie et la Tripoli occidentale. ^Outhman prépara une armée pour la conquête de l’Ifriqiya – l’actuelle Tunisie –. Le roi de cette région était Jarjir, un représentant de Héraclius à qui il envoyait chaque année un tribut. Lorsque ce roi apprit la nouvelle, il réunit une armée de cent vingt mille hommes et vint à la rencontre des musulmans à Soubaytoulah, la capitale de son royaume. Ils l’appelèrent à l’Islam ou à payer la jizyah mais il fit preuve d’orgueil.
Puis ^Outhman envoya ^Abdou l-Lah Ibnou z–Zoubayr avec des soldats en renfort. Jarjir eut vent de l’arrivée des renforts et prit peur. Les affrontements commencèrent, la bataille fit rage. Ils prirent d’assaut les campements romains et les mirent en déroute, beaucoup d’entre eux furent tués. ^Abdou l-Lah Ibnou z–Zoubayr tua Jarjir, conquit Soubaytoulah, puis les habitants de l’Ifriqiyah demandèrent la paix moyennant deux millions cinq cent mille dinars.
C’est durant le califat de notre maître ^Outhman, que Allah l’agrée, que commençèrent les critiques vis-à-vis des gouverneurs qu’il avait nommés dans différentes contrées. Les gens reprochaient des erreurs de la part des gouverneurs et les amplifiaient ; ces propos se propagèrent entre certains résidents de ces contrées qui commencèrent à parler à haute voix d’oppression et d’injustice de la part des gouverneurs mis en place par ^Outhman dans les différentes contrées et régions. Ces paroles finirent par parvenir aux plus grands compagnons à Médine. Ils parlèrent à ^Outhman en lui demandant de révoquer certains gouverneurs afin de faire cesser cette dissension. Alors ^Outhman envoya des observateurs dans les différentes contrées qui lui rapporteraient les informations réelles. Entre autres, il envoya Mouhammad Ibnou Maslamah à Koufa, ‘Ouçamah Ibnou Zayd à Bassora, ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar au Cham et ^Ammar Ibnou Yaçir en Egypte. Ils partirent et revinrent en disant : « Nous n’avons rien vu de blâmable ».
Les instigateurs pervers de la dissension cachaient intérieurement ce qu’ils recélaient de fourberies dans le cœur, ils faisaient croire aux gens qu’ils voulaient faire apparaître la vérité et la justice. Leur leader dans cette affaire était ^Abdou l-Lah Ibnou Saba’ connu sous le nom de « Ibnou s-Sawda‘ ». C’était un juif d’Irak, montrant hypocritement l’apparence de l’Islam dans le but de semer la dissension et la division dans la communauté musulmane. Lorsque les gens de Bassora le démasquèrent, ils l’expulsèrent de cette ville, il se rendit alors à Koufa puis au Cham, d’où il fut de nouveau expulsé.
Ibnou Sawda se dirigea vers l’Egypte et s’y implanta. C’est là-bas que le nombre de ses adeptes augmenta. Sa nuisance envers ^Outhman redoubla car son but était de faire diverger la parole des musulmans.
Les critiques se multiplièrent ainsi que les on-dits à Médine. Les chefs meneurs de la dissension contactèrent leurs adeptes dans les différentes villes, leur disant de se présenter à Médine. Ces derniers entrèrent à Médine sous le prétexte du pèlerinage, en cachant leur complôt visant à porter atteinte à ^Outhman, que Allah l’agrée.
Ils l’assiégèrent durant quarante jours, allant jusqu’à l’empêcher de se procurer de l’eau. ^Aliyy se mit en colère et fit apporter de l’eau, puis envoya Al-Haçan, Al-Houçayn et un groupe de fils des compagnons monter la garde devant la maison de ^Outhman, craignant qu’on la prenne d’assaut. Les rebelles attaquèrent en se ruant sur la porte de ^Outhman, mais ils en furent empêchés par Al-Haçan, Al-Houçayn, Az–Zoubayr, Talhah et d’autres, puis ils escaladèrent les murs et prirent d’assaut la maison en passant par la maison de ^Amrou Ibnou Hazim et ceux qui gardaient la porte ne s’en aperçurent pas.
Mouhammad Ibnou Abi Bakr entra et parla avec ^Outhman, alors ^Outhman lui dit : « Si ton père Abou Bakr te voyait il n’accepterait pas cela », alors il eu honte et sortit en regrettant.
Puis, les effrontés semeurs de discorde entrèrent chez lui et l’un d’entre-eux le frappa de son sabre, sa femme Na‘ilah se précipita sur lui et eut les doigts de la main sectionnés, puis ils le tuèrent, que Allah l’agrée, l’insurrection fit rage et la maison fut pillée.
Il a été dit que ceux qui le tuèrent furent Kinanah Ibnou Bichr An-Najiyy et ^Amrou Ibnou l-Hamq. Ceci eut lieu un vendredi dix-huit de Dhou l-Hijjah, la trente-cinquième année de l’Hégire.
Il resta dans sa maison trois jours puis Hakim Ibnou Houzam et Jabir Ibnou Mout^am vinrent auprès de ^Aliyy qui les autorisa à préparer ses funérailles et à l’enterrer, il fut enterré entre al-maghrib et al-^icha‘ dans un jardin que ^Outhman, que Allah l’agrée, avait acheté et qu’il intégra au cimetière de Baqi^ou l-Gharqad. Son califat dura douze ans moins un jour.
^Outhman, que Allah l’agrée, avait dit avant son assassinat : « Hier, j’ai vu le Messager de Allah en rêve ainsi que Abou Bakr et ^Oumar qui m’ont dit : Patiente, car tu déjeunera auprès de nous la nuit prochaine ».
^ALIYY IBNOU ABI TALIB que Allah l’agrée
Il se nomme Abou l-Haçan ^Aliyy Ibnou Abi Talib Ibni ^Abdi l-Mouttalib Ibni Hachim Ibni ^Abdi Manaf. C’est le cousin paternel du Messager de Allah. Sa mère est Fatimah Bintou ‘Açad Ibni Hachim. Il est né dix ans avant que le Prophète ne reçoive la révélation. Il fut éduqué entre les mains du Prophète et dans sa maison. Il est le premier à être entré en Islam après Khadijah alors qu’il était jeune. Il était surnommé « Haydarah » comparativement au lion mais le Prophète l’avait surnommé « Abou Tourab », le père de la terre, c’est le surnom qu’il préférait.
Lorsque le Prophète fit l’Hégire de La Mecque à Médine, il ordonna à ^Aliyy de passer la nuit dans son lit, de rester là-bas trois jours pour rendre à leurs propriétaires les dépots confiés au Prophète et de le rejoindre ensuite à Médine. Il émigra de La Mecque à Médine à pied et participa avec le Prophète à tous les événements exceptée la bataille de Tabouk car le Prophète l’avait placé à Médine afin que les musulmans ne soient pas laissés là-bas sans défense.
Le Prophète l’avait choisi comme gendre, il le maria à sa fille Fatimatou z–Zahra‘ et le prit comme frère lorsque le Prophète fraternisa entre les compagnons. Il lui donna aussi la bannière lors de la bataille de Khaybar qu’il a conquise, soulevant à lui seul la porte de la forteresse (Khaybar était une citée fortifiée où se réfugiaient les fils d’Israël) et tuant Marhaba le chef de Khaybar.
Il était, que Allah l’agrée, mat de peau, ses yeux étaient grands et noirs, avec un beau visage, de taille moyenne, avec un peu de ventre, poilu, la barbe large, chauve, souriant, le plus savant des compagnons dans la science des lois et l’un des plus ascètes d’entre eux. Lorsque ^Outhman Ibnou ^Affan, que Allah l’agrée, fut assassiné, Talhah, Az–Zoubayr et la plupart des Emigrants (Al-Mouhajiroun) et des Partisans (Al-‘Ansar) se réunirent et vinrent auprès de ^Aliyy lui prêter serment. Le premier à lui prêter serment fut Talhah, puis Az–Zoubayr et le reste des gens, et il fit après le serment un discours pour les gens, les conseilla, puis rentra chez lui. Ceci eut lieu le jeudi, cinq jours avant la fin de dhou l-hijjah, la trente-cinquième année de l’Hégire.
Puis commencèrent à se faire entendre des commérages et des rumeurs à propos de l’assassinat de ^Outhman Ibnou ^Affan, que Allah l’agrée, parlant d’appliquer la peine légale et la vengeance à celui qui l’avait assassiné. L’Emir des croyants ^Aliyy, que Allah l’agrée, dit alors : « Nous étudirons les affaires, nous rétablirons les droits ». Marwan et les Banou ‘Oumayyah (les omeyades) s’enfuirent au Cham.
Le décés de notre maître ^Aliyy, que Allah l’agrée, eut lieu le vingt-et-unième jour du mois de Ramadan, la quarantième année de l’Hégire, à l’âge de soixante trois ans, lorsqu’il sortait pour la prière du matin. Il fut tué par la main d’un kharijite dont le nom était ^Abdou r-Rahman Ibnou Mouljam Al-Mouradiyy. Son califat dura quatre ans et neuf mois.
Al-Haçan, Al-Houçayn, et ^Abdou l-Lah Ibnou Ja^far s’occupèrent de son lavage. Al-Haçan ^alayhi s-salam dirigea la prière funéraire qu’ils firent pour lui et il fut enterré peu avant l’aube. Certains disent en face de la Qiblah de la mosquée de Koufa. Certains disent devant le palais des gouverneurs et d’autres ont dit au Najaf. Mais la vérité est qu’ils ont dissimulé sa tombe honorée par crainte des nuisances de la part des kharijites.