La louange est à Allah, de la louange de ceux qui Le remercient. J’invoque Allah pour qu’Il honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad, de l’invocation de ceux qui le glorifient. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, du témoignage de ceux qui ont la certitude, Nous le reconnaissons et nous en témoignons jusqu’au jour des comptes.Les arts de l’Islam sont nombreux et quelle belle chose de les maîtriser. Les sciences du Qour’an honoré en font partie.
Inciter à les quérir et à les acquérir est une chose requise, en raison du hadith rapporté par Mouslim dans son Sahih, d’après Zayd Ibnou l-‘Arqam qui a dit : le Messager de Allah s’est tenu un jour en orateur parmi nous, auprès d’un point d’eau appelé Khoumm entre La Mecque et Médine. Il a loué Allah et a fait Son éloge. Il a exhorté et fait le rappel puis il a dit ce qui signifie : « Ô vous les gens, je ne suis qu’un humain à qui va bientôt venir le messager de mon Seigneur et à qui je répondrai. Je laisse parmi vous deux trésors : l’un d’eux est le Livre de Allah qui comporte la guidée et la lumière. Suivez le Livre de Allah et attachez-vous à lui ». Il a incité à s’attacher au Livre de Allah et a fortement insisté sur cela. Puis il a dit ce qui signifie : « Ainsi que les gens de ma famille, je vous recommande par Allah les gens de ma famille, je vous recommande par Allah les gens de ma famille ». Dans une autre version, il a ajouté ce qui signifie : « Le Livre de Allah comporte la bonne guidée et la lumière. Celui qui s’y attache et qui œuvre conformément à lui, sera sur la bonne guidée et celui qui se trompe s’égarera ». Dans une autre version figure ce qui signifie : « Le Livre de Allah, c’est le lien avec Allah. Celui qui le suit sera sur la bonne guidée et celui qui le délaisse sera dans l’égarement ».Dans la version de At-Tirmidhiyy, d’après lui, le Messager de Allah a dit ce qui signifie : « Je laisse parmi vous une chose à laquelle, si vous vous y attachez, vous ne vous égarerez pas après moi. L’une est plus éminente que l’autre : c’est le Livre de Allah, un lien étendu du ciel vers la terre. Ainsi que les gens de ma famille. Ils ne se quitteront pas jusqu’à parvenir à mon bassin. Alors faites bien attention à comment vous en assurerez la charge après moi ».
Al-Boukhariyy a rapporté d’après ^Outhman, d’après le Prophète qu’il a dit ce qui signifie : « Font partie des meilleurs d’entre vous, ceux qui ont appris le Qour’an et l’ont enseigné ».Suivre le Livre de Allah et s’y attacher a lieu en faisant l’apprentissage du Qour’an et en méditant sur ses arts. Leur nombre a pratiquement atteint les quatre-vingt, comme l’a mentionné As-Souyoutiyy dans Al-‘Itqan fi ^Ouloumi l-Qour’an. Ceci concerne l’exégète (al-moufassir), le savant spécialiste de l’exégèse. Le Tafsir l’exégèse constitue l’un de ces arts. Seulement, c’est lui le monde autour duquel gravitent les autres sciences du Qour’an. Parmi elles, an-nacikh wa l-mansoukh – la science de ce qui abroge et de ce qui est abrogé –, ‘asbabou n-nouzoul – les circonstances de la révélation –, ^ilmou l-qira‘at – la science des récitations –, al-makkiyy wa l-madaniyy – ce qui a été révélé à La Mecque et ce qui a été révélé à Médine – et ce qui s’ensuit. L’exégète a besoin de maîtriser ces sciences pour parvenir à un degré qui fait de lui un savant spécialiste du tafsir.
Qu’est donc la science du tafsir, l’exégèse ?
Ibnou l-Jawziyy a dit : « Les savants ont divergé : le tafsir et le ta’wil ont-ils le même sens ou sont-ils deux choses différentes ? Certains savants qui penchent vers les sciences de la langue arabe ont dit qu’ils ont le même sens. C’est également l’avis de la majorité des premiers moufassir, spécialistes de l’exégèse. D’autres, qui penchent davantage vers la jurisprudence ont eu pour avis qu’ils ont deux sens différents.Ils ont donc dit : le Tafsir c’est de mettre en valeur ce qui est dissimulé en mettant le sens en évidence. Alors que le ta’wil c’est le fait d’accorder aux expressions autre chose que leur contexte, ce qui nécessite toutefois pour être confirmé une preuve sans laquelle le sens qui vient communément à l’esprit de ces termes n’est pas délaissé. Cette définition est tirée de la phrase ‘ala ch-chay’ou ‘ila kadha c’est-à-dire : la chose en revient à cela. »
Dans At-Ta^rifat Les Définitions de Al-Jourjaniyy, figure ce qui suit : « At-tafsir à l’origine, c’est dévoiler et montrer. Dans la Loi, c’est éclaircir le sens d’une ‘ayah, sa valeur, son histoire et les circonstances pour lesquelles elle a été descendue, dans des termes indiquant cela d’une manière claire et explicite. At-ta’wil à l’origine, c’est « ramener à ». Dans la Loi, c’est écarter le terme de sa signification apparente vers une signification possible si la possibilité à laquelle il est fait référence est bien en accord avec le Livre et la Sounnah, la Tradition prophétique. »
Dans Loubabou t-Ta’wil fi Ma^ani t-Tanzil de Al-Khazin, figure ce qui suit : « Quant au tafsir, à l’origine dans la langue, le terme vient de al-fasr qui est de dévoiler ce qui est caché, c’est-à-dire montrer les significations sensées. Ainsi toute explication par laquelle on connaît une chose et sa signification est un tafsir, une exégèse. Il se peut que l’on appelle tafsir ce qui est spécifique aux sens des termes et ce qui en est inhabituel. Il a également été dit que le terme a pour origine at-tafsirah, à savoir le symptôme considéré par le médecin grâce auquel il découvre la maladie du patient. De même, le moufassir découvre la signification de la ‘ayah, sa valeur et son histoire. Quant au ta’wil, il est tiré de al-‘awwal qui est le retour à l’origine. On dit : (‘awwaltou) et (‘ala) c’est-à-dire « je l’ai ramené » et « il est retourné ». C’est aussi ramener la chose au sens qu’elle vise Son objectif, c’est de montrer le sens qui est visé par le terme. Le ta’wil est donc la détermination des sens et des cas que l’on peut déduire et qui sont en accord avec le terme même de la ‘ayah. La différence entre le tafsir et le ta’wil, c’est que le tafsir se base sur ce qui est transmis et entendu, alors que le ta’wil se base sur la compréhension correcte. Allah sait plus que tout autre. »
Voilà donc l’explication du mot tafsir selon la langue, la terminologie et quelques paroles des savants à son sujet.Quant à la science du tafsir, il en va de sa réalité comme l’a mentionné Hajji Khalifah dans Kachfou dh–Dhounoun : « C’est une science qui mène à rechercher la signification de l’énoncé du Qour’an, selon la capacité humaine et conformément à ce que requiert les règles de la langue arabe.- ses fondements sont les suivants : les sciences de la langue arabe, les fondements de la croyance, les fondements de la jurisprudence et d’autres sciences encore, nombreuses.- l’objectif qui en est recherché : la connaissance des significations de cet énoncé.- son utilité : c’est d’acquérir la capacité à déduire les jugements légaux de façon correcte.- ce qu’il concerne : c’est la parole de Allah soubhanahou wa ta^ala.- et sa finalité : c’est de parvenir à la compréhension des sens du Qour’an, à la déduction des sagesses qu’il comprend pour gagner par cela le bonheur dans le monde d’ici-bas et dans celui de l’au-delà. »
Ibnou Khaldoun dans son livre Al-Mouqaddimah a dit : « Sache que le Qour’an a été descendu dans la langue des arabes et selon les usages de leur éloquence. Ils le comprenaient et en connaissaient les sens, du point de vue de ses termes et de sa syntaxe. Il a été révélé au fur et à mesure, ‘ayah par ‘ayah, montrant ainsi la croyance en l’unicité de Allah (at-tawhid) et les obligations religieuses, en fonction des circonstances. On trouve donc ce qui concerne les points de croyance de la foi et ce qui concerne les Lois des actes. L’on trouve ce qui précède et ce qui est venu plus tard et l’abroge. Le Prophète précisait ce qui est global et distinguait ce qui abroge de ce qui est abrogé. Il le montrait à ses compagnons qui en ont ainsi pris connaissance. Ils ont également connu la raison de la descente des ‘ayah et leurs conséquences, tout cela étant rapporté de lui. Cela a été rapporté des compagnons, que Allah ta^ala les agrée.
Leurs successeurs (at-tabi^oun) se sont transmis cela après eux. Cela a été rapporté d’eux et cela est demeuré transmis entre les premiers et le Salaf jusqu’à ce que ces connaissances deviennent des sciences. Les livres ont été écrits, de nombreux ouvrages ont ainsi été réunis. Par la suite, les sciences de la langue sont devenues des spécialités composées des sciences de la langue, des règles d’analyse grammaticales et de l’éloquence dans la composition. Des recueils ont ainsi été constitués après que ces connaissances ont constitué le patrimoine des arabes qui les avaient tout d’abord détenues sans avoir recours à une science transmise ou écrite.
Ces connaissances furent par la suite reprises par la transmission des spécialistes de la langue. Ceci fut nécessaire pour l’exégèse du Qour’an car il relève de la langue des arabes et il est conforme à la méthodologie de leur éloquence.Quant aux exégètes parmi les compagnons, ce sont les quatre califes, Ibnou Mas^oud, Ibnou ^Abbas, ‘Oubayy Ibnou Ka^b, Zayd Ibnou Thabit, Abou Mouça Al-‘Ach^ariyy, ^Abdou l-Lah Ibnou z–Zoubayr, Anas Ibnou Malik, Abou Hourayrah, Jabir et ^Abdou l-Lah Ibnou ^Amr Ibni l-^As, que Allah les agrée tous.De plus, sache que parmi les quatre califes, celui duquel a été rapporté le plus de hadith, c’est ^Aliyy Ibnou Abi Talib. Les versions rapportées des trois premiers sont très peu nombreuses. La raison en est qu’ils sont décédés avant lui.
On rapporte de Ibnou Mas^oud qu’il a dit : « Le Qour’an a été descendu selon sept récitations. Il n’en est pas une sans qu’elle ait un sens apparent et un sens caché. ^Aliyy, que Allah ta^ala l’agrée, avait de la science ce qui est apparent et ce qui est caché. »Quant à Ibnou Mas^oud, que Allah ta^ala l’agrée, il a été rapporté de lui un nombre de hadith supérieur à celui qui a été rapporté de ^Aliyy, que Allah ta^ala l’agrée. Il est mort à Médine en l’an trente deux de l’Hégire. Quant à Ibnou ^Abbas, que Allah ta^ala les agrée tous les deux, qui est mort en l’an soixante huit de l’Hégire à At–Ta‘if, il est Tarjoumanou l-Qour’an, l’Exégète par excellence du Qour’an, l’Honnête de la communauté, le Président de ceux qui font preuve d’honnêteté, le Président des moufassir, le Prophète a dit : ce qui signifie : « Ô Allah, enseigne-lui la science des lois et l’interprétation du Livre. »Il a également été rapporté de lui dans le tafsir ce qui n’est pas connu par un grand nombre.