jeudi novembre 21, 2024

Préface

Il est difficile de rédiger la préface de ce livre sans faire un détour par la position qu’occupe l’Islâm à présent dans le monde. Cette religion n’a pas bonne presse en effet. Surtout depuis le 11 septembre 2001 et l’effondrement des tours jumelles à New York dont on ressent encore les répercussions en Irak et en Afghanistan où des milliers de civils ont perdu la vie. Les attentats de Madrid, puis Londres ont fini par conforter de nombreux dirigeants politiques Occidentaux dans leur sentiment d’hostilité envers une religion qui a pourtant généré de grandes civilisations aux accomplissements tout aussi grandioses. Il en existe d’innombrables exemples. Il est inutile de les énumérer tous, car ceci éloignerait le lecteur de la présentation de cet ouvrage qui renferme le minimum que tout Musulman doit acquérir au niveau de la Croyance. Il est aussi inutile de le faire, car il y a toujours quelque chose de pénible dans le spectacle de l’incompréhension profane, bien que la «doctrine sacrée» soit assurément trop haute pour en subir les atteintes.

L’Islâm, son corpus textuel, ses symboles sont souvent détournés à des fins particulières dépendant notamment de plusieurs conditions liées à la conjoncture ou à la structure d’une société. Le corpus des textes islamiques peut être en effet utilisé comme un répertoire destiné à la mobilisation des masses comme il en existe d’autres. À travers ce dernier, il est possible de donner sens à une histoire racontée sur le mode emphatique pour émouvoir un auditoire lassé par les soubresauts de la vie, cette vie qui ne semble décidément pas vouloir leur sourire. Mais l’interprétation des signifiants religieux est loin d’être ouverte à n’importe quel néophyte maîtrisant un tant soit peu les règles de la poésie et de la grammaire arabe. Elle n’est donc pas l’apanage de chacun, tout comme l’interprétation du droit positif est laissée aux bons soins des juristes et magistrats. Si on imaginait le contraire, ce serait la voie ouverte au désordre absolu, à la gabegie, à l’anarchie.

Cependant, concernant la religion, cette opinion n’est pas partagée par tout le monde ; certains s’estimant assez évolués pour prendre en charge une telle responsabilité dont ils auront évidemment à répondre le Jour du Jugement.

Tout porte à croire que c’est la catégorie des littéralistes, attachés à la lettre et non à l’esprit, qui font la mauvaise presse de l’Islâm. D’un côté, on trouve une sorte de littéralistes, journalistes, écrivains de romans de gare, polémistes trop médiatisés qui puisent à tire-larigot dans le Livre sacré pour lui faire dire ce qui correspond ou ce qui est potentiellement en mesure de justifier l’actualité d’un attentat suicide, perpétré contre un groupe de civils en Israël, en Irak, au Pakistan, et qui désignent les Musulmans comme des barbares bancals qui se nourrissent de la guerre et du sang d’innocentes victimes. On mise sur l’émotionnel, la peur du voisin dont la femme est voilée, et ainsi les tabloïdes s’arrachent comme des petits pains. De l’autre, il existe une autre sorte de littéralistes différents qui apporte de l’eau au moulin des premiers. C’est cette catégorie qui ne va pas au delà des mots, qui ne s’attache en rien au contexte de la Révélation, mais prend bien plutôt les expressions de manière monosémique, ignorant la tradition prophétique et les nombreux avis de la jurisprudence islamique. C’est sans doute là qu’intervient la dérive totalitaire d’aujourd’hui. Ces littéralistes croient agir en toute légitimité, ils sont persuadés de s’être mis à l’abri des quiproquos insensés, mais hélas font tout le contraire. Ils se multiplient en ralliant à leur cause les oubliés de la mondialisation et, à coups de cassettes vidéos, mélangent sentiments d’indignation, religion et propos politiques, pour finir en éclats convaincus à tort d’avoir gagné un au-delà plus glorieux et festif que cette vie ici-bas.

Cet ouvrage est destiné à quiconque voudra s’instruire à propos de la Croyance des Musulmans. Tout ce qui y figure sera démontré par les versets du Qour’ân, par la Tradition prophétique et par le consensus des jurisconsultes islamiques fondé sur des arguments de logique, afin que ne subsiste aucune ambiguïté. Cette démarche permet justement d’éviter l’écueil qui consiste à ne prendre en considération qu’un auteur, prétendu savant, pour légitimer la Croyance islamique. Car si tel individu ou tel autre contredisait un des trois canaux susmentionnés (le Qour’ân, la Tradition prophétique et le Consensus des Savants musulmans), il y aurait alors motif à s’inquiéter.

L’auteur de ce livre fait ainsi preuve de beaucoup de rigueur dans ses développements.

Le Croyant doit faire preuve d’une grande capacité d’autocontrainte et doit réfréner ses passions. Evidemment, ce n’est pas chose facile, mais qui veut gagner une place confortable dans l’au-delà doit constamment essayer de se surpasser en toute humilité dans la recherche de l’agrément de Dieu.

 

 

 

 

Rayane Ben Amor

 

Diplômé de Sciences politiques.

(Université de Lausanne/Suisse)