بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent. Et que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle soient accordées à notre maître Mouḥammad Al-‘Amîn, l’Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l’islam la religion de tous les Prophètes du premier ‘Adam au dernier Mouḥammad.
Nous allons citer les preuves qu’il est licite de réciter le Qour’ân en faveur des morts musulmans, à partir des ḥadīth du Prophète Mouḥammad صلى الله عليه وسلم et à partir des paroles des compagnons et des savants des quatre écoles de jurisprudence.
La preuve que la récitation du Qour’ân par autrui est utile pour le mort musulman, c’est la parole du Messager ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam:
« إِقْرَءُوا يَس عَلَى مَوْتَاكُم »
(‘iqra’ôu Yâ-Sîn `alâ mawtâkoum)
ce qui signifie: « Récitez Yâ-Sîn pour vos morts » [rapporté par Abôu Dâwôud, An-Naçâ’iyy dans « Les actes du jour et de la nuit », Ibnou Mâjah, AHmad, Al-Hâkim et Ibnou Hibbân.]
Parmi les preuves sur lesquelles les savants se sont appuyés pour déclarer licite la récitation du Qour’ân sur la tombe du mort musulman, et pour déclarer que cela lui est profitable, il y a le ḥadīth rapporté par Al-Boukhâriyy, Mouslim, At-Tirmîdhiyy, Abôu Dâwôud et An-Naçâ’iyy de Ibnou `Abbâs qu’il a dit : Le Messager de Allāh est passé auprès de deux tombes et a dit:
« إِنَّـهُمَا لَيُعَذّبَانِ وَمَا يُعَذَّبَانِ فِي كَبِيرِ إِثْمٍ »
(‘innahoumâ layou`adh-dhabâni wa mâ you`adh-dhabâni fî kabîri ‘ithmin)
ce qui signifie: « Ils sont en train de subir un châtiment et sont châtiés à cause d’un péché que les gens ne voient pas grand ». Il a dit:
« بَلَى ، أَمَّا أَحَدُهُمَا فَكَانَ يَمْشِي بِالنَّمِيمَةِ ، وَأَمَّا الآخَرُ فَكَانَ لاَ يَسْتَتِرُ مِنَ البَوْلِ »
(balâ, ‘ammâ ‘aḥadouhoumâ fakâna yamchî bi n-namîmah, wa ‘ammâ l-‘âkharou fakâna lâ yastatirou mina l-bawl)
ce qui signifie: « Oh que oui – c’est-à-dire qu’en réalité c’est un grand péché –, l’un des deux allait aux uns et aux autres en rapportant les paroles pour semer la discorde (an-namîmah), quant à l’autre il ne se préservait pas de l’urine ». Ensuite il a demandé qu’on lui apporte une palme verte, il l’a fendue en deux et en a planté une moitié sur l’une des tombes et la deuxième sur l’autre. Puis il a dit:
« لَعَلَّهُ يُخَفَّفُ عَنْهُمَا »
(la`allahou youkhaffafou `anhoumâ)
ce qui signifie: « Il se peut que leur châtiment soit allégé ».
On tire de ce ḥadīth qu’il est licite de planter de la végétation et de réciter le Qour’ân sur les tombes des musulmans. En effet, si leur châtiment peut être allégé par le tasbîH des plantes, que dire de la récitation du Qour’ân qui est faite par un croyant ? Si le tasbîH des plantes est utile au mort, il profitera à plus forte raison d’une utilité de la récitation du Qour’ân.
L’Imâm An-Nawawiyy a dit ce qui suit: « De ce ḥadīth, les savants ont jugé que la récitation du Qour’ân est recommandée sur la tombe, car si l’on espère l’allègement du châtiment par le tasbîH des palmes de palmier, on l’espère à plus forte raison par la récitation du Qour’ân » [voir l’explication de ṣaḥīḥ Mouslim page (3/202).]
En effet la récitation du Qour’ân faite par un musulman est plus éminente et plus utile que le tasbîH d’une branche coupée. D’autre part, le Qour’ân est déjà utile aux gens atteints de nuisance durant leur vie. Il en va de même pour le mort.
L’Imam An-Nawawiyy a dit dans son livre al-‘adhkâr ce qui suit:
« وروينا في سنن البيهقي بإسناد حسن؛ أن ابن عمر استحبَّ أن يقرأ على القبر بعد الدفن أوّل سورة البقرة وخاتمتها »
qui signifie: « Il nous a été rapporté dans les Sounan de Al-Bayhaqiyy avec une chaîne de transmission Haçan – fiable – que Ibnou `Oumar a jugé recommandé de réciter sur les tombes après l’enterrement, le début et la fin de sôurat Al-Baqarah » [Al-‘Adhkâr page 173].
Les Mâlikites: Al-Qourtoubiyy a dit ce qui suit: « Chapitre concernant la récitation du Qour’ân sur la tombe, lors de l’enterrement et après, et que les récompenses de la récitation du Qour’ân, les invocations, les demandes de pardon ainsi que les aumônes qui lui sont dédiées parviennent au mort »
Le Chaykh AHmad Ad-Dardîr qui est un savant de l’école de l’Imâm Mâlik, a dit dans son explication du MoukhtaSar de Khalîl, Ach-CharHou l-Kabîr ce qui suit: « Les savants successeurs ont jugé licite de réciter le Qour’ân, de faire des évocations et d’offrir les récompenses au mort, et que tout cela lui parvient si Allāh le veut. Voilà la voie des vertueux »
Les Hanbalites : Mouḥammad Ibnou AHmad Al-Marwar-rôudhiyy l’un des élèves de l’Imam AHmad Ibnou Hanbal a dit ce qui suit: « J’ai entendu AHmad Ibnou Hanbal dire: « Si vous visitez les cimetières, récitez ‘Ayatou l-Koursiyy et (qoul houwa l-Lâhou ‘aḥad ) trois fois puis dites : « Ô Allāh accorde les récompenses de ce que j’ai récité aux habitants des tombes » [Kitâbou l-Maqsadi l-‘Irchâd (2/338-339)].
Les Hanafites : Az-Zayla`iyy a dit ce qui suit: « Chapitre du pèlerinage effectué pour quelqu’un d’autre : Le fondement de ce chapitre est que, chez les savants de ‘Ahlou s-Sounnah wa l-Jamâ`ah, quelqu’un peut offrir les récompenses de ses actes à quelqu’un d’autre, que ce soit les récompenses d’une prière, d’un jeûne, d’un pèlerinage, d’une aumône, d’une récitation du Qour’ân, de ses évocations ou de tout autre acte de bien, que cela parvient au mort et que cela lui est utile » [Tabyînou l-Haqâ’iq CharHou Kanzi d-Daqâ’iq (2/83)].
Les Châfi`ites : L’Imâm An-Nawawiyy a cité dans son livre Al-‘Adhkâr ce qui suit:
« قال الشافعي والأصحاب: يُستحبّ أن يقرؤوا عنده شيئاً من القرآن، قالوا: فإن ختموا القرآن كلَّه كان حسناً »
qui signifie: « Ach-Châfi`iyy et les ‘aS-Hâb – les savants de l’école – ont dit : « Il est recommandé qu’ils récitent auprès de lui quelque chose du Qour’ân. Ils ont dit : Et s’ils récitent tout le Qour’ân, c’est bien » [Al-‘Adhkâr : chapitre de ce qui est dit après l’enterrement page 173.].
L’Imâm An-Nawawiyy a également dit dans CharHou l-Madh-hab ce qui suit: « Il est recommandé à celui qui rend visite aux tombes de réciter ce qu’il peut du Qour’ân et après quoi de leur faire des invocations. Ach-Châfi`iyy l’a dit clairement et les savants du degré aS-Hâbou l-woujouh de son école l’ont tous approuvé » [Az-Zabidiyy l’a rapporté dans CharHou ‘IHyâ’ `oulôumi d-Dîn (10/ 369-371).].
Quant à ce qu’ont prétendus certains fabulateurs, que Ach-Châfi`iyy aurait interdit la récitation du Qour’ân pour les morts, c’est un mensonge. La divergence porte simplement sur le fait de savoir si les récompenses parviennent ou non, et non pas sur le caractère licite ou pas de réciter le Qour’ân. Ceux qui ont dit que les récompenses ne parviennent pas au mort l’ont dit dans le cas où celui qui récite le Qour’ân n’a pas demandé à Allāh de les lui faire parvenir. Ach-Châfi`iyy et d’autres que lui parmi les savants musulmans disent que les récompenses de la récitation du Qour’ân ne parvient que si celui qui récite le demande par une invocation.
Si un musulman récite le Qour’ân ailleurs que sur la tombe et veut être utile à un autre musulman, qu’il dise: « Ô Allāh fais parvenir les récompenses de ce que j’ai récité à Untel » ou ce qui de cet ordre, cela lui parviendra si Dieu le veut.
Les gens de ‘Ahlou s-Sounnah sont unanimes à dire que les invocations des musulmans et la demande de pardon sont utiles au mort musulman. Cette parole unanime concerne les invocations faites après la récitation d’une partie du Qour’ân pour lui faire parvenir les récompenses en disant: « Ô Allāh, fais parvenir les récompenses de ce que j’ai récité à Untel ».
L’Imam AT-Taḥâwiyy que Allāh lui fasse miséricorde a dit: « Il y a dans les invocations et les aumônes des vivants une utilité pour les morts, mais c’est Allāh ta`ālā Qui exauce les invocations et comble les besoins ».
Quant à la récitation qui est faite au niveau de la tombe, elle est utile même si elle n’est pas suivie par les invocations, car lorsque le Qour’ân est récité, la miséricorde descend et le mort en bénéficie.
La récitation du Qour’ân pour les morts n’est pas une innovation interdite comme l’ont prétendu certains ignorants. Il n’y a en effet aucune preuve qui interdise la récitation du Qour’ân en faveur du défunt musulman, ni dans le Qour’ân ni dans la Sounnah. D’autre part, aucun savant des écoles de jurisprudence ne l’a interdite. Comment certains ont-ils pu avoir l’audace de l’interdire alors que jamais personne avant eux n’a interdit de le faire ?
Mes frères croyants, certains mauvais innovateurs ont dit que le mort musulman ne tire aucune utilité de la récitation du Qour’ân alors que leur parole est rejetée par le Qour’ân et la Sounnah. La parole de Allāh:
﴿ وَأَن لَّيْسَ للإِنسَانِ إِلاّ مَا سَعَى ﴾
(wa ‘an layça li l-‘insâni ‘il-lâ mâ sa`â)
Ce verset ne veut pas dire que l’homme ne peut pas bénéficier des actes d’autrui mais plutôt que les œuvres d’autrui ne lui appartiennent pas, elles appartiennent à celui qui les a accomplies: il peut s’il le désire en faire profiter quelqu’un d’autre ou sinon les garder pour lui. Allāh soubḥânahou wa ta`ālā n’a pas dit que l’homme ne bénéficiera uniquement que de ce qu’il a fait lui-même.
Le sens général de la ‘âyah a une portée spécifique rapportée par le texte qui concerne les aumônes, les invocations et ce qui est équivalent, comme la prière funéraire pour le mort qui lui est utile alors qu’elle ne fait pas partie des propres actes du mort.
Quant au ḥadīth:
« إِذَا مَاتَ الإِنساَنُ انْقَطَعَ عَنهُ عَمَلُهُ إِلاَّ مِنْ ثَلاَثة : إلاَّ مِنْ صَدَقَةٍ جَارِيَةٍ أَوْ عِلْمٍ يُنْتَفَعُ بِهِ أَوْ وَلَدٍ صَالِحٍ يَدْعُو لَهُ »
(‘idhâ mâta l-‘insân, ‘inqaTa`a `anhou `amalouhou ‘il-lâ min thalâthah: ‘il-lâ min Sadaqatin jâriyah ‘aw `ilmin yountafa`ou bihi ‘aw waladin SâliHin yad`ôu lahou)
ce qui signifie: « Lorsque l’homme meurt, ses actes ne lui rapportent plus de récompenses sauf trois : une aumône qui court, une science qui profite à autrui et un enfant vertueux qui fait des invocations pour lui » [rapporté par Mouslim].
Ce ḥadīth ne comporte aucune interdiction de la récitation du Qour’ân en faveur des morts. Il ne signifie pas non plus que le mort ne bénéficie pas de cette récitation comme certains l’ont prétendu. Il signifie simplement que les récompenses des actes sujets à la responsabilité cessent après la mort. Rien n’empêche que le mort puisse bénéficier des actes d’autrui. Pour preuve : les invocations et les aumônes lui parviennent même si elles n’ont pas été faites par son enfant. De même la récitation du Qour’ân qui lui est dédiée lui est utile en disant : « Ô Allāh, fais parvenir les récompenses de ce que j’ai récité à Untel ».
Après tous ces éclaircissements, n’allons-nous pas agir en bien envers nos morts, en récitant pour eux le Qour’ân et en demandant à Allāh qu’Il leur fasse parvenir les récompenses plutôt que de perdre notre temps à l’interdire comme si c’était une chose répréhensible ?!
Ô Allāh, nous Te demandons de nous guider et nous Te demandons de nous préserver des causes de perdition, certes, Tu es sur toute chose tout puissant. C’est l’agrément de Allāh que nous recherchons et c’est Lui Qui guide vers la voie de la réussite.
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.