samedi juillet 27, 2024
  1. XIII.   Le non-Besoin

    Le non-commencement implique rationnellement le non-besoin, tandis que le commencement implique le besoin. Donc la créature qui a un commencement a besoin de Celui qui lui donne le commencement, c’est-à-dire Allâh.

    Dieu dit :

    يَا أَيُّهَا النَّاسُ أَنتُمُ الْفُقَرَاء إِلَى اللهِ وَاللهُ هُوَ الْغَنِيُّ الْحَمِيدُ

    Ce qui signifie :

    « Ô vous les humains ! C’est vous qui avez besoin de Dieu alors que Dieu n’a besoin de rien. »

    (Qour’ân : sourate 35, Fâtir / 15)

    Toute chose a besoin de Dieu le Suprême, car il n’y a rien qui existe sans Sa création. Notre existence dépend de Dieu et c’est Lui qui nous a fait surgir du néant.

    Ainsi, tout ce que nous faisons ne peut exister sans la Création et la Volonté de Dieu.

    Allâh est l’Eternel (‘Al-Qadiym) qui n’a jamais cessé d’exister. Il n’a donc besoin de personne pour Lui donner l’Existence, la Science, ou tout autre de ses Attributs.

    Il n’est pas un corps pour être porté par quelque chose ou qui dépend d’une place. De ce fait ^Aliy ‘Ibnou ‘Abiy Tâlib, le cousin et le compagnon du Prophète , a dit que Dieu a créé le Trône comme manifestation de son Omnipotence et non pour le prendre comme emplacement pour Lui-même. En effet, le Trône est, du point de vue volume et masse, le plus grand des corps que Dieu a créés.

    Ainsi, pour nous donner une idée de l’immensité du Trône, le Prophète a dit :

    ما السموات السَّبعُ فِي جنب الْكُرْسِيِّ إِلَّا كَحَلْقَةٍ في فَلَاةٍ وفضل العرش على الكرسيِّ كفضل الفلاةِ على الحلقة

    Ce qui signifie :

    « Les sept cieux, par rapport au Koursiy[1] (le Piédestal), sont comme un anneau dans le désert ; et le Koursiy, par rapport au ^Arch (le Trône), est comme un anneau dans le désert. »

    (Rapporté par ‘Ibnou Hibbân)

    L’Imam Aboû Mansoûr At-Tamiymiy Al-Baghdâdiy rapporte cette parole de ^Aliy, que Dieu l’agrée :

    كان الله ولا مكان وهو الآن على ما عليه كان

    Ce qui signifie :

    « Allâh existe prééternellement et nul emplacement n’existait. Et après avoir tout créé, Il ne change pas (c’est-à-dire qu’il n’est pas circonscrit par l’espace). »

    De même l’Imam Aboû Ja^far AtTahâwiy, dans son livre ” ‘AI-^Aqidah ‘AtTahâwiyah “, dit :

    لا تحويه الجهات الست كسائر المبتدعات

    Ce qui signifie :

    « Il (Dieu) n’est pas, comme les créatures, cerné par les six directions (devant, derrière, haut, bas, gauche et droite). »

    Car si Allâh était dans un lieu, Il aurait eu des dimensions ; et celui qui a des dimensions est une créature, et non le Créateur.

    Quant à l’Ascension du Prophète , il faut savoir qu’elle n’avait pas pour but de lui faire atteindre un emplacement où se serait trouvé Dieu le Suprême, car une telle croyance fait sortir de l’Islâm. Il s’agissait en fait de le glorifier et de l’honorer en lui montrant les merveilles de l’Univers supérieur. En outre, Dieu a voulu que Mouhammad Le voie avec son cœur (et non dans son cœur).

    Quant aux versets où Dieu dit :

    ثُمَّ دَنَا فَتَدَلَّى {8} فَكَانَ قَابَ قَوْسَيْنِ أَوْ أَدْنَى {9}

    Ce qui signifie :

    « Puis il s’approcha et demeura suspendu. Il était à une distance de deux arcs ou moins encore. »

    (Qour’ân : sourate 53, ‘An-Najm / 8-9)

    Il est question de l’Archange Gabriel que le Prophète a vu pour la deuxième fois, sous sa forme réelle disposant de 600 ailes, sans perdre connaissance, parce que Dieu l’avait fortifié et renforcé. Alors qu’en le voyant pour la première fois à la Mecque, dans un endroit appelé ‘Ajyâd, avec sa stature gigantesque qui obstruait l’horizon, le Prophète s’était évanoui.

    Et l’Imam Ja^far ‘AsSâdiq, que Dieu l’agrée, de dire :

    مَنْ زعم أن الله في شيء أو من شيء أو على شيء فقد أشرك ؛ إذ لو كان في شيء لكان محصورًا ، ولو كان على شيء لكان محمولا ، ولو كان من شيء لكان مُحْدَثًا

    Ce qui signifie :

    « Celui qui prétend que Dieu est dans une chose, sur une chose ou issu d’une chose n’est qu’un associateur. Car si Allâh était dans quelque chose, Il serait circonscrit ; s’Il était sur quelque chose, Il serait porté et s’Il était issu d’une chose, Il serait créé. »

    Cette affirmation est en parfaite concordance avec cette invocation du Prophète :

    اللهم  وأنت الظاهرُ فليس فوقك شيء وأنت الباطنُ فليس دونك شيء

    Ce qui signifie :

    « Ô mon Dieu ! () Tu es ‘AdhDhâhir[2] alors il n’y a rien au-dessus de Toi. Et Tu es ‘Al-Bâtin[3], alors il n’y a rien au-dessous de Toi. »

    (Rapporté par Mouslim)

    L’Imam ‘Al-Bayhaqiy, à propos de cette invocation, a dit:

    وإذا لم يكن فوقه شيء ولا دونه شيء لم يكن في مكان

    Ce qui signifie :

    « Puisqu’il n’y a rien au-dessus de Lui et rien au-dessous de Lui, alors II (Dieu) existe sans place. »

    Ainsi, tout en sachant ce qui se passe partout (c’est-à-dire l’ensemble des lieux), Allâh régit tout par sa Volonté, sans s’incarner dans Sa création :

    • ni dans les cieux,
    • ni sur la Terre,
    • ni dans une place,
    • ni dans toutes les places,
    • ni partout.

     Remarque

    C’est parce que le Prophète nous a appris que la direction (Qiblah) des invocations est le ciel que nous levons les mains vers celui-ci ; et c’est parce qu’il nous a enseigné que celle de la prière est la Ka^bah à la Mecque, que nous nous orientons vers cette Maison sacrée.

    Dieu n’a besoin de rien, car II existe de toute éternité, sans place et sans direction. Et après avoir tout créé, Allâh le Parfait ne change pas.

    Les Attributs de Dieu sont de plusieurs sortes :

    L’Attribut de l’Etre «Nafsiyyah», exemple L’Existence. En effet, on ne peut imaginer l’existence d’une entité sans celle-ci.

    Les Attributs de négation «Salbiyyah» réfutent ce qui est rationnellement impossible pour Dieu ; ils sont au nombre de cinq : l’Unicité, le non-Commencement, la non-Fin, le non-Besoin et la non-Ressemblance aux créatures.

    Les Attributs d’Acte «’Af^âl» ont leur contraire. Par exemple, Dieu donne la vie et la mort, la richesse et la pauvreté. On en déduit qu’ils sont illimités.

    Les Attributs de sens «Ma^âniy». Leur seule évocation nous rappelle quelque chose de plus que l’Etre. Ils sont au nombre de sept : la Science, la Puissance, la Volonté, l’Ouïe, la Vue, la Parole et la Vie. Nous pourrions rationnellement les voir si Allâh levait le voile qui nous les cache.

    Nous savons pertinemment que les Attributs de Dieu ne sont ni Lui ni autre que Lui.

    Si donc ses Attributs étaient Lui, l’Omniscience et l’Omnipotence seraient la même chose. Or par son Omniscience, Allâh sait toute chose : le possible, l’impossible et Celui dont l’Existence est nécessaire, donc Lui-même. Mais son Omnipotence, qui est de créer et d’anéantir, ne concerne que le possible rationnel.

    Quant aux Mou^tazilites,  ils ont nié les Attributs de Dieu en disant qu’il est la Science, la Volonté, la Puissance. Ceci équivaudrait à dire que l’impossible rationnel, le possible rationnel et le nécessaire seraient la même chose, ce qui défie l’entendement.

    D’autres ont prétendu que la Science, Attribut de Dieu, s’est incarnée dans Jésus, donc que Dieu serait sans Science. Quelle aberration!

    A cela les Musulmans disent que le chiffre 1 du nombre 10 n’est pas le 10, mais n’est pas non plus autre que le 10. On ne peut donc concevoir qu’un des Attributs de Dieu ne soit pas à Lui, ni plus à Lui.

    Conclusion: Les Attributs font partie du nécessaire.

    [1] C’est une autre grande création de Dieu, qui est près du Trône.

    [2] ‘Adh-Dhâhir  veut dire qui est apparent, mais utilisé pour Dieu le Suprême il signifie que les preuves rationnelles témoignent de son Existence, sa Puissance, sa Science, sa Volonté. En effet, toute chose donne la preuve rationnelle de l’Existence de Dieu.

    [3] ‘Al-Bâtin veut dire le caché, mais utilisé pour Dieu il signifie Celui Qui sait le fond des choses ainsi que leur réalité; ou encore, c’est Celui qui n’est pas atteint par l’imagination, et cette dernière explication est la meilleure.