بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Allāh le Seigneur des mondes, à Lui reviennent la grâce, le mérite et les bons éloges. Que l’honneur de la part de Allāh, ainsi que les invocations des anges des plus hauts degrés soient en faveur de notre maître Mouḥammad le plus honorable des envoyés, ainsi qu’aux membres de sa famille bons et purs.
L’honnêteté dans la science est plus importante que l’honnêteté dans les biens. Il convient à la personne d’être précautionneuse dans ses paroles et il convient d’œuvrer conformément à ce qu’a dit notre maître `Abdou l-Lâh le fils de `Oumar Ibnou l-Khaṭṭāb: « La science a trois sources: un Livre clair, une tradition instaurée et je ne sais pas ». Un Livre clair signifie le Qour’ân, une tradition instaurée signifie un ḥadīth confirmé.
Attachez-vous donc de comprendre la question de manière correcte et de ne pas vous empresser pour émettre un jugement tout comme l’a dit l’Imâm, notre maître `Abdoul-Lâh Ibnou `Abbâs que Allāh les agrée tous les deux: « Faites moi bien comprendre ce que vous dites et comprenez bien de moi ce que je dis ».
Et attachez-vous à une parole, celui qui l’aura appliquée, aura bien profité à autrui, à savoir: « La beauté de la science, c’est l’indulgence ».
Par ailleurs, beaucoup de catastrophes dans les paroles au sujet de la religion proviennent du dépassement de la personne de sa limite. Elle émet alors des jugements et des avis sans science sur des questions annexes au cours de son enseignement. Ces questions ne font pas partie de l’origine du livre qu’elle enseigne. Ceci est un grave danger. Si l’étudiant l’interrogeait, qu’elle ne réponde pas aux questions annexes au sujet desquelles elle n’a pas reçu de transmission. Qu’elle dise plutôt: « Je ne sais pas ». Elle se sera sauvegardée et aura sauvegardé l’étudiant. Que l’enseignant ne pense pas que s’il ne répondait pas à cette question annexe, l’étudiant à qui il enseigne le considérerait faible. Qu’il ne prête pas attention à cela.
De plus, il est important que l’enseignant ait présent à l’esprit au tout début de son enseignement que son objectif est de profiter aux gens concernant leur religion, par recherche de l’agrément de Allāh ta`ālā. Son objectif n’est pas qu’on dise de lui qu’il est fort dans la science. S’il a présent cette intention dès le début du cours, il lui sera aisé de dire: « Je ne sais pas » au sujet de ce à propos de quoi il n’a pas reçu de transmission.
Enfin, il est important de penser au sujet de celui qui apprend auprès de l’enseignant, de qui est présent dans son assemblée autre que ses étudiants: est-ce que l’expression qu’il cite dans son cours, les présents en comprennent le sens tel qu’il convient ou ils n’en comprennent pas ce que lui-même comprend et vise par cette expression ?
L’Imam `Aliyy, que Allāh l’agrée, a dit: « Parlez aux gens selon leur compréhension. Aimeriez-vous que soit démenti Allāh et Son Messager ?! » Rapporté par Al-Boukhâriyy.
Allāh ta`ālā dit:
﴿مَا يَلْفِظُ مِن قَوْلٍ إِلاَّ لَدَيْهِ رَقِيبٌ عَتِيدٌ﴾
(mâ yalfiḍhou min qawlin ‘il-lâ ladayhi Raqîboun `Atîd)
ce qui signifie: « Pas une parole qu’il prononce sans que soient auprès de lui les anges Raqîb et `Atîd » [sourat Qâf / 18] .
Cette ‘âyah a indiqué que toute parole que la personne prononce est consignée par les deux anges Raqîb et `Atîd, que cette parole soit une parole de bien ou de mal. Même la parole qui est de l’ordre de l’indifférent (moubâḥ), les deux anges l’inscrivent. On a su à partir de là que l’homme rendra des comptes sur ce qu’il dit. Ainsi, s’il dit du mal, il sera rétribué en conséquence et s’il dit du bien, ce sera en sa faveur.
Pour cela nous disons que celui qui prononce la parole de mécréance, de son propre gré, c’est-à-dire délibérément, qu’il n’était pas fou ni qu’il a prononcé la mécréance en y étant contraint par la mort ou par lapsus de langue, ce qui est provenu de lui l’a fait sortir de l’Islam.
Allāh Ta`âlâ, dit dans le Qour’ân:
﴿ وَلَقَدْ قَالُواْ كَلِمَةَ الْكُفْرِ وَكَفَرُواْ بَعْدَ إِسْلاَمِهِمْ ﴾
(wa laqad qâlôu kalimata l-koufri wa kafarôu ba`da islâmihim)
Ce qui signifie: « Ils ont dit la parole de mécréance, ils sont devenus non-croyants après avoir été musulmans » , [sôurat At-Tawbah / ‘âyah 74].
Les savants ont ainsi classé la mécréance en trois catégories: une mécréance par la croyance, une mécréance par les actes et une mécréance par la parole.
Ci-après des règles qui permettent de connaître parmi les paroles, les actes et les croyances, ce qui fait sortir de l’Islam:
Celui qui renie ce qui est connu d’évidence de la religion, c’est-à-dire ce qui est connu d’une connaissance claire dans laquelle s’associent le savant et le commun des musulmans, il devient non-croyant même s’il était ignorant, c’est-à-dire qu’il ignorait que cette parole fait sortir de l’Islam.
C’est comme s’il a dit que boire de l’alcool est licite, alors qu’il savait que c’est interdit mais qu’il ignorait que s’il disait que c’est licite il devient non-croyant.
Ainsi, celui qui renie ce qui est connu d’évidence de la religion, il devient non-croyant sauf s’il ne savait pas que le jugement qu’il a renié fait bien partie de la religion de l’Islam et à condition que ce jugement on ne peut pas y parvenir avec la raison. Ainsi nul n’est excusé en reniant un jugement auquel la raison saine parvient qui est de l’ordre de l’exemption de Allāh du semblable et de la localisation dans la direction et l’endroit et la véracité des Prophètes.
Est excepté également celui qui a fait une mauvaise interprétation et s’est trompé sur une question autre que les sujets catégoriques, comme s’il a eu l’illusion que la ‘âyah ou le ḥadīth auraient un autre sens que le sens visé. Quant à celui qui s’est trompé dans les sujets catégoriques il n’est pas excusé. Ainsi si une personne se trompe et attribue à Dieu l’incapacité ou la localisation ou une quelconque ressemblance aux créatures, elle est non-croyante, elle n’est pas excusée ; car on parvient par la raison saine à savoir que Dieu est tout puissant et ne ressemble pas aux créatures et qu’Il est exempté de l’endroit, de l’espace et du temps.
Pour plus de détail, nous disons : les fondements de la croyance sont de deux sortes:
1 – une sorte telle que celui qui en doute ou qui la renie devient non-croyant.
2 – une sorte telle que celui qui en doute ou qui la renie par ignorance ne devient pas non-croyant.
La première: c’est ce qui est connu d’évidence de la religion, comme ce qui est de l’ordre du supplice de la tombe pour le non-croyant.
La deuxième: ce sur quoi il y a Unanimité mais n’est pas connu d’une manière telle que s’associent à la connaître le savant et le commun des musulmans.
Par ailleurs certains des jugements concernant le caractère illicite (ḥarâm), licite (ḥalâl), obligatoire (wâjib) ou méritoire (machrôu`) fait l’objet de divergence. Celui qui, faisant partie des gens du commun, prend l’avis de n’importe quel savant moujtahid digne de considération, il ne devient pas non-croyant.
Ce qui fait l’objet de l’unanimité parmi les jugements est de deux sortes:
La première : ce qui est connu de manière claire d’une connaissance dans laquelle s’associent le savant et le commun des musulmans, que ce soit pour considérer interdit, licite, obligatoire, méritoire ou permis. Celui qui renie cela, même en étant ignorant, est sorti de l’Islam, sauf s’il n’a pas beaucoup ni peu entendu ce jugement de la part des musulmans et qu’il n’a pas eu pour croyance que cela fait partie de leur religion, c’est-à-dire la religion des musulmans. C’est le jugement de celui qui est récemment entré en Islam ou de celui qui lui est semblable. Donc, s’il a entendu de peu ou de beaucoup que cela fait partie de la religion des musulmans du moment qu’il a eu pour croyance que cela fait partie de la religion de l’Islam, le jugement est le même [s’il le renie, même ignorant (les règles d’apostasie), il sort de l’Islam].
Ce qui est visé par notre parole « ignorant », c’est ignorant qu’il devient non-croyant en reniant, c’est à dire qu’il ignore que cela fait sortir de l’islam de renier ce jugement de la religion; s’il renie il devient non-croyant.
La deuxième : ce qui fait l’objet de l’unanimité mais qui n’est pas connu de manière claire d’une connaissance dans laquelle s’associent le savant et le commun. Celui qui le renie ou qui en doute par ignorance ne devient pas non-croyant, que ce soit pour considérer interdit, licite, obligatoire ou méritoire. C’est le cas par exemple de l’interdiction de serrer la main à la femme ‘ajnabiyyah sans désir ou qu’un homme se retrouve seul en présence d’une femme alors qu’elle n’est pas mahram pour lui.
Ce qui est visé ici par « par ignorance », c’est ignorant son jugement dans la Loi, comme s’il croyait interdit ce qui est licite ou l’inverse et ce qui est de cet ordre.
La règle est que celui qui contredit ce sur quoi les musulmans ont été unanimes et qui est devenu connu d’évidence de la religion, c’est-à-dire qui est devenu réputé et qui s’est diffusé auprès des particuliers tout comme les gens du commun, pour ce qui est de son caractère illicite, obligatoire, méritoire ou pas, confirmé ou rejeté, il est alors apostat.
Toute parole, tout acte ou toute croyance qui signifie une moquerie ou un dédain à l’égard de Allāh, de Ses Livres, de Ses messagers, de Ses anges, des rites de la religion agréée par Allāh, des signes de la religion agréée par Allāh, de Ses ‘âyah, de Ses lois, de Sa promesse ou de Sa menace est une mécréance.
Pour détailler davantage cette règle, nous disons : les savants ont classé les termes qui rendent non-croyant en non explicite ou équivoque (ḍhâhir) et en explicite ou clair (ṣarîḥ). Le terme équivoque est celui qui a du point de vue de la langue deux sens ou plus mais qui est plus proche du sens de mécréance. Quant au terme clair, c’est celui qui n’a du point de vue de la langue qu’un seul sens qui est de la mécréance.
Ils ont dit : celui qui prononce une parole équivoque, c’est-à-dire qui a deux sens ou plus, dont l’un vient immédiatement à l’esprit et qui est de la mécréance alors que l’autre sens ne vient pas immédiatement à l’esprit, dans ce cas on ne le déclare pas non-croyant avant de connaître ce qu’il visait.
Quant à celui qui dit une parole claire et explicite dans la mécréance, il est déclaré non-croyant, il n’est pas interrogé sur ce qu’il vise et il ne lui sera accepté aucune autre interprétation sauf s’il ne connaissait pas ce sens clair mais pensait que le sens de cette parole était tout autre. Cette expression pour lui n’aura pas alors le jugement du clair.
Un exemple de cela est la parole de certaines personnes (mâ fi l-woujôudi ‘il-la l-Lâh) – il n’y a dans l’existence que Allāh -, (lâ mawjôuda ‘il-la l-Lâh) –il n’y a d’existant que Allāh- ou (houwa l-koull) – Il est le tout -. Ces expressions sont de la mécréance claire de par leur signification dans la langue car leur signification est que le monde est Allāh. Seulement, il y a parmi les gens qui n’en comprennent pas ce sens. Ils croient plutôt que leur signification est que Allāh est Celui Qui domine toute chose.
Quant à ceux qui ont utilisé ces expressions pour la première fois et qui en comprennent ce sens qui est de considérer un, Allāh et le monde – c’est-à-dire qu’ils considèrent que Allāh et le monde sont une même chose –, eux deviennent non-croyants.
Ceux-là étaient les athées des prétendus soufis, qui se réclamaient de l’Islam. Ces expressions sont par la suite parvenues aux oreilles de certains du commun sans qu’ils en connaissent le sens. Ces expressions sont parvenues aux athées des prétendus soufis à partir de certains philosophes grecs. Ensuite, depuis environ un siècle, des gens qui se réclament de la châdhiliyyah yachrôuṭiyyah ont utilisé ces expressions, en croyant en leur signification qui est de la mécréance. C’est leur sens d’origine. Ceux-là tantôt disent que Allāh est présent en toute personne et tantôt ils disent que Allāh s’est uni avec les personnes.
Il en est de même si quelqu’un à cause de son ignorance du sens selon la langue a cru que l’expression pouvait avoir deux sens, l’un d’eux étant de la mécréance et l’autre ne comportant pas de mécréance et qu’il l’avait dite en visant le sens qui n’est pas de la mécréance. Dans ce cas, il ne devient pas non-croyant.
Contrairement à celui qui a su que l’expression est claire du point de vue de la langue et qu’il a inventé de lui-même un autre sens qu’il a visé et, qu’il n’a pas cru au premier sens du terme. Il l’a seulement dit délibérément en comprenant le sens d’origine du terme, dans ce cas il devient non-croyant. C’est comme par exemple la parole de certains imprudents qui disent : (‘oukhta Rabbika) – la sœur de ton Dieu – ou la parole de certains d’autres (Ya bna l-Lâh) – Ô toi fils de Dieu –. Ceux-là deviennent non-croyants bien qu’ils n’aient pas visé le sens d’origine.
Il y a une partie d’entre eux qui disent (Ya bna l-La) sans (h) du nom de ALLâh. Ils comprennent de ce terme le nom Allāh. D’autres prononcent avec le (h) car pour eux « Allāh » avec (h) et « Alla » sans (h) c’est la même chose.
Nous disons au sujet de celui qui prononce la parole claire que nous considérons son cas : s’il comprend le sens ou s’il l’ignore et qu’il a cru que cette expression a un autre sens. S’il l’ignorait donc, nous ne le déclarons pas non-croyant dans ce dernier cas mais nous lui enseignons le sens de l’expression et nous lui interdisons de la répéter.
A partir de là il est su qu’il ne convient pas de s’empresser pour la déclaration de mécréance de quelqu’un qui a prononcé une expression équivoque, avant d’avoir pris connaissance de ce qu’il visait.
Il ne convient pas non plus de s’empresser pour déclarer non-croyant celui qui dit une parole claire et surtout dans cette époque sauf après avoir su qu’il comprend le sens de cette parole et qu’il sait qu’elle est claire.
A ce sujet des savants Ḥanafiyy et d’autres ont dit que si la parole a soixante-dix sens qui sont de la mécréance et un seul qui n’est pas de la mécréance, celui qui l’a dite n’est pas non-croyant sauf s’il est su qu’il avait visé l’un des sens qui est de la mécréance.
Des paroles proches de celles-ci sont attribuées à certains imams moujtahid Abôu Hanîfah ou Mâlik. Cela n’a pas été validé comme ayant été dit par eux. Mais le sens est correct même si aucun des deux imams ne l’a dit.
L’expression retenue chez les plus récents des savants de jurisprudence, pour la confirmation du jugement de l’apostasie, c’est leur parole: si l’expression a des possibilités qui impliquent la mécréance, et une seule possibilité qui n’implique pas la mécréance, le Mufti ne le déclare non-croyant que s’il visait le sens de mécréance.
Ce qu’ils visent par « des possibilités » ce sont les significations. En effet, une seule expression peut avoir plus de dix significations comme le mot yad. Ainsi, celui qui attribue al-yad à Allāh et s’il en a visé l’organe (et donc la main) qui est celui de l’homme et autre que l’homme, il est déclaré non-croyant car il aura assimilé Allāh à Ses créatures. Quant à celui qui attribue al-yad (en arabe) à Allāh et qui en a visé la puissance (al-qoudrah) ou la grâce (an-ni`mah) ou ce qui est de cet ordre parmi les sens qui ne comportent pas d’assimilation de Allāh avec Ses créatures, alors il n’est pas déclaré non-croyant.
C’est conformément à ce détail qu’est jugé celui qui explique al-yad attribué à Allāh dans le Qour’ân ou al-istiwâ’ `ala l-`arch dans le sens perceptible qui fait partie des caractéristiques des créatures. Il en est de même pour celui qui explique al-majî’ rapporté dans le Qour’ân dans Sa parole ta`ālā : ( وَجَاءَ رَبُّكَ وَالْمَلَكُ ) (wa jâ’a Rabbouka wa l-malakou) par le majî’ de l’homme ou des anges, c’est-à-dire par le déplacement et le mouvement d’un endroit à un autre. Il devient non-croyant.
Par contre, celui qui prononce la parole claire de mécréance, mais qui a oublié le sens qu’il connaissait auparavant, c’est-à-dire que lorsqu’il a parlé il comprenait de cette parole un sens qui ne comporte pas de mécréance, dans ce cas-là il ne devient pas non-croyant.
Ainsi, par exemple les Arabes emploient le terme nabiyy pour désigner la terre surélevée et bosselée, donc si nous entendons quelqu’un dire (aṣ-ṣalâtou `ala n-nabiyy makroūhah), il ne convient pas de s’empresser pour le déclarer non-croyant. On l’interroge plutôt sur ce qu’il visait. S’il s’avère que ce qu’il visait c’était que la prière sur la terre bosselée est déconseillée car dans cette prière il n’y a pas de khouchôu` ou de crainte, sa parole est vraie. Mais s’il s’avère que ce qu’il vise c’est que l’invocation en faveur du Prophète Mouḥammad serait déconseillée, alors il devient non-croyant. Dans Al-Qamôus (un grand livre de langue) et dans d’autres livres, figure le fait que le mot an-nabiyy a ces deux sens.
D’autre part, il nous apparaît un autre point: le Mufti n’a pas à émettre d’avis sur ces questions sans connaître la langue des gens du pays et les expressions qu’ils utilisent. Les spécialistes de jurisprudence ont dit: le Mufti n’a pas à émettre d’avis concernant les termes avant de connaître la terminologie des gens du pays.
En Islam si la personne veut rapporter une parole contraire à l’Islam, elle doit employer le discours rapporté en disant par exemple l’auteur a dit ou untel a dit telle et telle chose. De même par écrit en écrivant l’auteur a dit avant de rapporter ce qui est contraire à l’Islam. De même on utilise le discours rapporté avant de mettre en marche une audio ou une vidéo dans laquelle il est évoqué des choses contraires à l’Islam et avant d’afficher des écrits contraires à l’Islam sur un écran ou avant de les imprimer, en disant par exemple je montre ce que l’auteur a dit…
La preuve du discours rapporté est citée dans le Qour’ân. Allāh ta`ālā dit dans le Qour’ân:
﴿ وَقَالَتِ الْيَهُودُ عُزَيْرٌ ابْنُ اللَّهِ وَقَالَتِ النَّصَارَى الْمَسِيحُ ابْنُ اللَّهِ ﴾
ce qui signifie: « Les non-croyants des fils de Isrâ’îl ont dit `ouzayr fils de dieu et les chrétiens ont dit le Messie est fils de dieu » [sôurat at-tawbah, ‘âyah 30] et dans de nombreux autres versets.
Le Prophète Mouḥammad ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit:
« أَكْثَرُ خَطَايَا ابْنِ آدَمَ مِنْ لِسَانِهِ »
Ce qui signifie: « la plupart des péchés du fils de Adam proviennent de sa langue », rapporté par at-Tabarâniyy.
Que la personne se rappelle les bienfaits de Allāh Qui l’a créé et Qui lui a accordé la parole, l’ouïe et la vue ; il ne lui est donc pas permis de se moquer de Allāh ou de se révolter contre Lui. S’il le fait, ce sera lui le perdant, car nul ne nuit à Allāh et nul ne Lui est profitable. Allāh n’a besoin de rien.
Celui qui a dit, cru ou fait ce qui est clair dans la mécréance, son témoignage avec le doute sur le jugement ne lui est pas profitable. Il lui est plutôt indispensable d’être catégorique à reconnaître qu’il est tombé dans la mécréance et de dire ensuite les témoignages avec l’intention de se décharger de cette mécréance.
Il ne lui est pas profitable de faire les témoignages tant qu’il n’a pas abandonné la mécréance, comme s’il a dit les témoignages par habitude. C’est ce qui se produit de la part de nombreuses personnes qui prononcent des paroles de mécréance sans les abandonner par la suite, c’est-à-dire sans prendre connaissance que ce sont des paroles de mécréance pour s’en décharger dans leurs cœurs. Ils font les témoignages comme cela est de leur habitude en des temps et des occasions comme l’appel à la prière. Cela ne leur est d’aucune utilité.
Si la personne a dit des paroles équivoques puis a douté lequel des deux sens elle a visé lorsqu’elle a parlé, dans ce cas elle doit dire les deux témoignages par précaution immédiatement et de même si elle a appris le jugement d’une question que c’est de la mécréance et a douté si elle est provenue d’elle ou pas, elle doit aussi dire les deux témoignages par précaution immédiatement.
Celui qui est tombé dans une mécréance, puis, lorsqu’il a appris le jugement que c’est de la mécréance, il ne s’est pas rappelé qu’il est tombé dedans. Il a prononcé les deux témoignages à son habitude [sans que cela soit dans une adoration et sans viser par cela les récompenses], sans avoir présent à l’esprit ce qui est provenu de lui avant d’avoir appris le jugement. Ensuite, après un certain temps, il s’est rappelé qu’il est tombé dans cette mécréance et il n’avait pas dit les témoignages pour se débarrasser de la mécréance parce qu’il ne se rappelait pas alors qu’il y est tombé, alors son témoignage qu’il a dit par habitude lui est utile et il ne redit pas les témoignages car il a abandonné la mécréance et qu’il ne s’entête pas.
De même quelqu’un a dit les témoignages pour se débarrasser de toute mécréance au cas où il s’en serait produit de lui. Ensuite, après quelque temps, il a eu la certitude qu’il s’est produit de lui avant son témoignage une question de mécréance. Si lorsqu’il avait dit les témoignages dans l’intention de se débarrasser de la mécréance, il connaissait le jugement de cette question dont il s’est rappelé par la suite, son premier témoignage lui suffit. Sinon, il lui faudra dire à nouveau les témoignages pour sortir de la mécréance.
Remarque importante: Si quelqu’un a abandonné la mécréance et a dit les témoignages, ce n’est pas une condition qu’il fasse l’intention d’entrer en Islam. La condition est plutôt de délaisser la mécréance. Lui, du moment qu’il a su que ce qui s’est produit de sa part est une mécréance puis a dit les témoignages, ces témoignages constituent l’intention d’entrer en Islam. Mais ce n’est pas une condition d’avoir présent à l’esprit une expression particulière comme de dire : je dis les témoignages avec l’intention d’entrer en Islam. Il a su qu’il a commis la mécréance, puis l’a abandonnée, et a voulu s’en débarrasser et a dit les témoignages. C’est cela même qu’est l’intention d’entrer en Islam.
Quant à dire à l’apostat: fais les témoignages dans l’intention d’entrer en Islam, dans le sens qui a été précédemment indiqué, c’est-à-dire afin qu’il sache qu’il est non-croyant et pour qu’il abandonne sa mécréance puis qu’il dise les témoignages, dans ce cas-là il n’y a pas de nuisance.
Celui qui a commis la mécréance puis a dit astaghfirou l-Lâh (je demande le pardon de Allāh) avant de revenir à l’Islam avec les deux témoignages, cela ne lui est pas utile. Plus encore, il augmente en mécréance car il demande à être pardonné alors qu’il est sur la mécréance. Or Allāh ne pardonne pas la mécréance du non-croyant ni ses péchés, tant qu’il est sur sa mécréance.
Celui qui décide de commettre la mécréance dans le futur, ou qui hésite à la faire ou qui fait dépendre sa mécréance de l’arrivée d’une chose, comme s’il a dit : si mes biens sont perdus ou si mes enfants meurent, je me fais non musulman ou je change pour une autre religion que l’Islam, il devient non-croyant immédiatement.
C’est le cas également de celui qui ordonne à autrui de commettre la mécréance, comme s’il disait à son enfant insulte-lui, c’est-à-dire à une personne, son Dieu. C’est ce que font certaines personnes pour entraîner l’enfant à parler. Ils lui disent insulte lui son Dieu. Si l’enfant prononce l’insulte de Allāh, ils sont contents. Ainsi s’il lui dit (yal`an Rabbak) – que soit maudit ton Dieu –, celui qui aura ordonné à cet enfant de dire ces paroles, il devient non-croyant même si l’enfant ne comprend pas le sens. Celui-là est comme s’il avait dit à un homme âgé : insulte le Dieu de celui-ci. Le jugement est le même.
Devient non-croyant celui qui a contraint quelqu’un à la mécréance car se satisfaire de la mécréance est de la mécréance. Rentre dans ce cadre l’approbation de la mécréance de la part d’autrui. En revanche, si le non-croyant a décidé d’entrer en Islam, et qu’il n’est pas effectivement entré en Islam, cela ne le rend pas croyant, jusqu’à ce qu’il prononce les deux témoignages avec décision ferme et catégoriquement. C’est alors qu’il sera musulman.
La règle de base en Islam est la suivante : aider au bien est un bien et aider au péché est un péché, donc aider à la mécréance est de la mécréance et approuver la mécréance est de la mécréance, c’est à dire être d’accord et accepter la mécréance est de la mécréance. Allāh Ta`âlâ dit:
﴿ وَتَعَاوَنُوا عَلَى الْبِرِّ وَالتَّقْوَىٰ ۖ وَلَا تَعَاوَنُوا عَلَى الْإِثْمِ وَالْعُدْوَانِ ۚ وَاتَّقُوا اللَّـهَ ۖ إِنَّ اللَّـهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ ﴾
Ce qui signifie: « Aidez vous pour le bien et la piété et ne vous aider pas pour le péché et l’injustice » [sôurat al-Mâ’idah / 2].
Tout acte qui ne provient que d’un non-croyant est de la mécréance. Un exemple de cela est le fait de jeter le Mouṣ-ḥaf dans les ordures ou la prosternation pour une idole. L’idole, c’est ce que les non-croyants adorent, qu’elle soit de pierre, de fer, d’or, d’argent métal ou ce qui est de cet ordre. Se prosterner pour une idole est une mécréance, même pour plaisanter. De même celui qui se prosterne pour le soleil ou la lune devient non-croyant. Devient également non-croyant celui qui se prosterne pour un être humain dans le but de l’adorer.
Parmi les actes qui font sortir de l’Islam, il y a également le fait d’écrire le Qour’ân avec de l’urine et le fait de piétiner des livres de religion tout en sachant que ce sont des livres de religion et en le faisant délibérément.
Il n’est pas permis de jeter une chose sur laquelle il y a le nom de Allāh dans les ordures. Celui qui le fait devient non-croyant. Allāh Ta`âlâ dit:
﴿قُلْ أبِاللَهِ وَءَايَتِهِ وَرَسُولِهِ كُنتُمْ تَسْتَهْزِءُونَ 65 لَا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُم بَعْدَ إِيمَنِكُم﴾
( qoul ‘abi l-Lâhi wa ‘âyâtihî wa raçôulihî kountoum tastahzi’ôun ; lâ ta`tadhirôu qad kafartoum ba`da ‘îmânikoum )
ce qui signifie: « Est-ce de Allāh, de Ses ‘âyah ou de Ses Messagers que vous vous moquiez ? Ne vous excusez pas, vous êtes devenus non-croyants après avoir été croyants », [sôurat At-Tawbah / 65-66] et Ibnou `Abidîn a dit : ” Devient non-croyant celui qui jette le Mouṣḥaf ( le livre du Qour’ân ) dans les ordures même s’il ne visait pas le rabaissement “. En effet son acte indique un rabaissement.
Celui qui déclare non-croyant un musulman, sans aucune mauvaise interprétation devient non-croyant, tout comme cela a été validé du ḥadīth de Mouslim : (man qâla li’akhîhi yâ kâfir faqad bâ’a bihâ ‘aḥadouhoumâ, fa’in kâna kamâ qâla wa ‘il-lâ raja`at `alayh) ce qui signifie : « Celui qui dit à son frère : Ô non-croyant, l’un des deux en sera chargé : soit il en est tel qu’il l’a dit soit elle retombe sur lui » . En effet, il aura ainsi considéré l’Islam, sur lequel est celui à qui il s’est adressé, comme étant de la mécréance.
Par contre, s’il avait fait une mauvaise interprétation, comme s’il l’avait déclaré non-croyant parce qu’il buvait de l’alcool ou qu’il faisait la fornication et qu’il aurait ainsi cru par son ignorance que sa consommation d’alcool ou sa pratique de la fornication est de la mécréance et s’il l’a déclaré non-croyant pour cela, il ne devient pas non-croyant mais plutôt grand pécheur. Il en est de même s’il a appris qu’Untel qui est musulman s’est suicidé, et qu’il a dit c’est de la mécréance à cause de son ignorance de la réalité du jugement du suicide, alors il ne devient pas non-croyant.
Il ne convient donc pas de s’empresser. Il ne convient pas que l’on fonde le fait de considérer licite ou illicite ou la déclaration de mécréance sur l’illusion. Mais il convient de les fonder sur les règles précises de la religion.
Ainsi ce qui indique un manque de respect à l’égard de Allāh ou de Son Messager ou de Ses anges, ou de la religion qu’Il agrée, ou des rites de l’Islam ou ce qui est une sorte d’assimilation de Allāh avec le monde, ou un reniement des treize attributs obligatoires selon la raison pour Allah, il ne convient pas de s’abstenir de déclarer non-croyant celui qui contredit à ce sujet.
En effet, les gens de la vérité, des savants de l’Islam n’ont pas eu de divergence pour déclarer non-croyant quiconque contredit ce sujet. Ainsi, celui qui dit que Allāh est un corps impalpable ou palpable, on ne s’abstient pas de le déclarer non-croyant quel que soit le degré de son ignorance : la confirmation des treize attributs pour Allāh ta`ālā est indiquée par la raison, même s’il n’en a pas entendu parler dans la science de la religion. Donc celui qui a entendu et celui qui n’a pas entendu sont équivalents en cela. On ne prend pas en considération les ignorants qui contredisent la vérité en cela, qu’ils soient nombreux ou pas.
Le monde est ainsi composé de corps impalpables et de corps palpables et des caractéristiques des corps. C’est Allāh Qui a créé les corps impalpables et les corps palpables et leurs caractéristiques, Qui les a fait exister après qu’ils n’existaient pas. Comment se pourrait-il que Allāh soit un corps impalpable comme les anges et la lumière ou un corps palpable comme les humains !
Si Allāh était un corps impalpable ou palpable, Il serait semblable à nous, il Lui serait possible le changement, la maladie, la faiblesse, l’augmentation et la diminution. Or ceci, la raison le refuse tout comme la Loi. Pour ce qui est de la raison, il est impossible selon la raison que le Créateur ait une ressemblance avec Sa créature d’aucune manière que ce soit. Quant à la Loi, Allāh a fait descendre dans le Qour’ân: {لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىءٌ} (layça kamithlihi chay’) [sôurat Ach-Chôurâ / 11] ce qui signifie: « Absolument rien n’a de ressemblance avec Allāh ». Cette ‘âyah est explicite pour nous apprendre que Allāh n’a pas de ressemblance avec le monde impalpable ni le monde palpable d’aucune manière que ce soit.
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.