vendredi mars 29, 2024

Les Paroles explicites au sujet du caractère permis du Mawlid de la commémoration de la naissance du Prophète éminent

La louange est à Allah Celui Qui nous a fait la grâce de l’apparition du maître de l’humanité, la fierté de Rabi^ah et de Moudar et que l’élévation en degré et la préservation de sa communauté soient accordées à notre maître Mouhammad, celui pour lequel la lune s’est fendue, celui que la pierre a salué et à l’appel duquel l’arbre s’est déplacé.

Que Allah magnifie le degré du rang de Mouhammad et qu’Il lui accorde un mérite élevé.

Dans le Livre exempt de contradiction, Il dit à Sa création : ce qui signifie : “Invoquez Allah et demandez qu’Il l’élève encore davantage en degré“.

En ces jours revient à nous un heureux souvenir, le souvenir de la naissance du Bien-aimé de Allah, la meilleure des créatures, notre maître Mouhammad.

Quelle occasion éminente que les musulmans fêtent dans les orients de la Terre et ses occidents, par remerciement envers Allah ta^ala pour avoir fait apparaître notre maître Mouhammad à ce bas-monde.

La première personne à avoir instauré l’organisation de la commémoration du souvenir de la naissance du bien-aimé de Allah, ce fut le gouverneur de Irbil, le roi Al-Moudhaffar Abou Sa^id Koukabri Ibnou Zayni d-Din ^Aliyy Ibn Baktakin l’un des rois glorieux et de noble générosité. Il a laissé des traces heureuses. Il est celui qui a fait construire la Mosquée Al-Moudhaffariyy au pied de la montagne de Qasiyoun. Ibnou Kathir dans son Tarikh [Al-Bidayah wa n-Nihayah tome 3 page 136] a dit : “Il organisait le Mawlid honoré – c’est-à-dire le roi Al-Moudhaffar– au mois de Rabi^ou l-‘Awwal et donnait pour cela une fête splendide. Il était brave, courageux, un héros, sage, savant et juste. Que Allah lui fasse miséricorde et qu’Il lui accorde une résidence honorable. Le Chaykh Abou l-Khattab Ibnou Dihyah lui avait composé un ouvrage au sujet de la naissance honorée qu’il a nommée At-Tanwir fi Mawlidi l-Bachiri n-Nadhir. Il l’avait récompensé pour cela de mille dinars. Son règne a duré longtemps jusqu’à sa mort alors qu’il assiégeait les croisés dans la ville de ^Akka en l’an six cent trente. Sa conduite et son cœur étaient sujets d’éloge.” Fin de citation

Le fils de Ibnou l-Jawziyy dans Mir’atou zZaman a dit : “auprès de lui – c’est-à-dire auprès du roi Al-Moudhaffar–, les notables des savants et des soufis assistaient au Mawlid“. [cf. Al-Hawi li l-Fatawi 1/190]. Fin de citation

Ibnou Khillikan [dans Wafayatou l-‘A^yan 3/449] a dit au sujet de la biographie du Hafidh Ibnou Dihyah : “Il faisait partie de notables parmi les savants et les gens de mérite les plus réputés” Fin de citation.

Sachez, que Allah vous fasse miséricorde, que la commémoration de la naissance du Messager de Allah compte parmi les bonnes innovations. Cet acte n’existait pas au temps du Prophète, ni au temps de ceux qui sont venus après lui. Il n’est apparu qu’au début du septième siècle de l’Hégire.

Le Hafidh As-Sakhawiyy dans ses Fatawa a mentionné que la fête du Mawlid a eu lieu pour la première fois après les trois premiers siècles. Ensuite, les gens d’Islam des différentes contrées, dans les grandes villes ont persévéré à organiser la commémoration de la Naissance, à donner différentes sortes d’aumônes durant ses nuits. Ils s’attachaient d’autre part à lire le récit de sa naissance honorée. Une grâce éminente se manifestait sur eux du fait de ses bénédictions.

Le Hafidh As-Souyoutiyy est l’auteur d’un ouvrage qu’il a appelé Housnou lMaqsad fi ^Amali l-Mawlid dans lequel il a dit : “L’origine de l’organisation de la commémoration de la Naissance, c’est-à-dire le fait de réunir les gens et de réciter de ce qui est possible du Qour’an, faire le récit des nouvelles rapportées au sujet du début de l’histoire du Prophète et des signes qui ont eu lieu lors de sa naissance, puis offrir aux gens des mets qu’ils consomment puis s’en aller sans ajouter à cela, ceci compte parmi les bonnes innovations. Celui qui le fait mérite une récompense en raison de ce que cela comporte de magnification du rang du Prophète. Ceci est conforme au hadith du Messager de Allah: ce qui signifie : “Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition, il en aura la récompense ainsi que la récompense de tous ceux qui oeuvreront selon elle après lui, sans que cela ne diminue en rien leurs récompenses“[rapporté par Mouslim dans le Sahih]. [cf. Al-Hawi li l-Fatawi, 1/189-197]

Ainsi, le Messager de Allah ^alayhi s-salam a autorisé les gens de sa communauté, c’est-à-dire aux moujtahid d’entre eux, d’innover dans la religion ce qu’ils considèrent comme étant un bien. Et ce que les musulmans considèrent comme un bien, c’est un bien selon le jugement de Allah, comme l’a dit ^Abdou l-Lah Ibnou Mas^oud, que Allah l’agrée. Parmi cela, il y a ce qu’a innové ^Outhman, que Allah l’agrée, en tant qu’ajout d’un second appel à la prière le vendredi. [cf. le Sahihde Al-Boukhariyy, Livre du vendredi.]

Donc, on ne dit pas dans l’absolu à propos de tout ce qui est innové, que cela soit en accord avec le Livre, la Tradition prophétique et les faits et actes des compagnons ou l’Unanimité, ou que cela soit contraire à cela, que c’est pur égarement. Mais il en est comme l’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, l’a dit : “Les nouveautés parmi les choses sont de deux sortes : l’une, c’est ce qui a été innové et qui contredit le Livre, la Tradition prophétique, les faits et actes des compagnons ou l’Unanimité, celle-là est l’innovation d’égarement. La seconde est celle qui a été innovée comme bien et qui ne comporte aucune contradiction à l’une de ces choses et celle-là est une innovation non blâmable“. Cela a été rapporté de lui par Al-Bayhaqiyy avec une chaîne de transmission dans Manaqibou ch-Chafi^iyy 1/499.

An-Nawawiyy a dit dans le livre Tahdhibou l-‘Asma‘i wa l-Loughat, paragraphe ba‘-^ayn, 3/22 ce qui suit : “Al-Bid^ah dans la Loi c’est innover ce qui n’avait pas lieu au temps du Messager de Allah et elle se divise en bonne et en mauvaise innovation“.

C’est-à-dire que l’innovation se divise en deux catégories, globalement :

L’innovation d’égarement (Bid^atou dalalah) : qui est l’innovation qui contredit le Qour’an et la Sounnah.

L’innovation de bonne guidée (Bid^atou houda) : qui est l’innovation en accord avec le Qour’an et la Sounnah.

Cette classification est comprise du hadith de Al-Boukhariyy et Mouslim d’après ^A‘ichah, que Allah l’agrée, qui a dit : le Messager de Allah a dit : ce qui signifie : “Celui qui innove dans notre religion ce qui n’y est pas conforme, alors c’est une chose réfutée“.

Le Messager de Allah nous a fait comprendre par sa parole : ce qui signifie : “Ce qui n’y est pas conforme“, que la chose innovée n’est réfutée c’est-à-dire rejetée, que lorsqu’elle est contraire à la Loi et par conséquent, que la chose innovée qui est en accord avec la Loi n’est pas réfutée. C’est cela qui est également compris de ce qu’a rapporté Mouslim dans son Sahih du hadith de Jarir Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Bajliyy, que Allah l’agrée, qui a dit : Le Messager de Allah a dit : ce qui signifie : “Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition” jusqu’à la fin du hadith.

C’est ce qui est compris aussi de ce qu’a rapporté Mouslim et d’autres encore : ^Aliyy, que Allah l’agrée, a dit que la sanction par le fouet appliquée par le Messager et par Abou Bakr à celui qui a consommé de l’alcool au nombre de quarante est une sounnah et que celle de ^Oumar au nombre de quatre-vingts est une sounnah. Va-t’on renier à ^Oumar ce qu’il a fait lorsqu’il a fait donner quatre-vingts coups à celui qui a consommé de l’alcool bien que le Messager et Abou Bakr ont fait appliquer quarante coups de fouets et bien que le Messager n’a pas dit : fouettez-le de quatre-vingts coups !?

Est-ce que l’on renie à ^Aliyy, que Allah l’agrée, qu’il ait qualifié de sounnah ce qui a eu lieu avec ^Oumar alors que cela a eu lieu après le Messager de Allah?

De même, Al-Boukhariyy a rapporté que ^Oumar, que Allah l’agrée, a dit au sujet du rassemblement des gens pour la prière de At-Tarawih en assemblée : “quelle bonne innovation que voici” (ni^ma l-bid^atou hadhih). Dans le Mouwatta’ de l’Imam Malik figure la parole “quelle bonne innovation que celle-ci” (ni^mati l-bid^atou hadhih). Si quelqu’un dit : N’est-ce pas que le Messager de Allah, dans ce qu’a rapporté Abou Dawoud d’après Al-^Irbad Ibnou Sariyah, a dit : ce qui signifie : “Méfiez-vous des nouveautés dans les choses car certes toute nouveauté est une innovation et toute innovation est égarement“.

La réponse est que le terme de ce hadith est général mais son sens est spécifique, pour preuve les hadith précédemment cités. On dit donc : ce que visait le Prophète, c’est ce qui est innové et qui est contraire au Livre, à la Tradition prophétique, à l’Unanimité ou aux faits et actes des compagnons.

Ainsi, dans le commentaire de An-Nawawiyy du Sahih de Mouslim, figure ce qui suit : “Sa parole : (wa koulla bid^atin dalalah) est un terme général pour une signification spécifique et ce qui en est visé, c’est la plupart des innovations” Fin de citation.

Puis, il a dit : “Le fait que le hadith soit du genre dont le terme est général avec une signification spécifique ceci n’est pas empêché par sa parole (koulla bid^atin) appuyée donc par (koull). En effet, la spécificité est malgré cela présente comme dans Sa parole ta^ala :

 

ce qui signifie : “qui détruit koull chose” Fin de citation. Est-ce que le vent [en question dans laayah] a détruit les cieux, la terre, le paradis et l’enfer ? !

Que disent donc ces perturbateurs au sujet de ce qu’a fait ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar qui a ajouté dans le tachah-houd wahdahou la charika lah” et a dit ensuite : “c’est moi qui l’ai ajoutée” [rapporté par Abou Dawoud].

Si ces perturbateurs disent donc que tout ce que le Messager  n’a pas fait est une innovation d’égarement, on leur répond que les compagnons qui ont transcrit la révélation que leur a dictée le Messager écrivaient la lettre ba, la lettre ta et ce qui est semblable sans les points. Il en fut de même pour ^Outhman Ibnou ^Affan qui a écrit les cinq ou six Moushaf, ils ne comportent pas de points sur les lettres. Le premier à avoir mis les points des lettres dans le Moushaf fut un homme de ceux qui sont venus après les compagnons, parmi les gens de science, de mérite et de piété, appelé Yahya Ibnou Ya^mar. Ainsi, dans le livre des Masahif de Abou Dawoud As-Sijistaniyy [page 141] figure ce qui suit : ^Abdou l-Lah nous a rapporté de Mouhammad Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Makhzoumiyy d’après ‘Ahmad Ibnou Nasr Ibni Malik qu’il a rapporté de Al-Houçayn Ibnou l-Walid qu’il a rapporté de Haroun Ibnou Mouça qu’il a dit : “le premier à avoir mis les points dans le Moushaf, c’est Yahya Ibnou Ya^mar” Fin de citation. Avant cela, il était écrit sans les points. Lorsqu’il a fait cela, aucun savant ne le lui a renié, bien que le Messager n’a pas ordonné de mettre les points sur le Moushaf. Dit-on que c’est une innovation d’égarement parce que le Messager ne l’a pas fait ou parce qu’il ne l’a pas ordonné ? S’il en est ainsi, qu’ils abandonnent donc ces Moushaf comportant les points ou alors, qu’ils enlèvent ces points des Moushaf pour qu’ils en soient de nouveau dépourvus comme c’était le cas au temps de ^Outhman Ibnou ^Affan !!

Ainsi, organiser la commémoration de la naissance du Prophète compte parmi les innovations approuvées car cela ne comporte rien qui contredise le Livre ou la Tradition prophétique. Bien plus, cette commémoration comporte une manifestation de joie à la suite de la naissance du Maître des mondes et ceci, d’une manière correcte selon la Loi.

As-Souyoutiyy a dit : le Chaykh de l’Islam, le Hafidh de son époque Abou l-Fadl Ibnou Hajar fut interrogé au sujet de l’organisation du Mawlid. Il répondit ce qui suit : L’organisation du Mawlid à l’origine est une innovation qui n’est rapportée d’aucun des gens du Salaf vertueux, ceux des trois premiers siècles. Malgré cela, elle comporte de bons aspects et des aspects qui leur sont contraires. Dans le cas où les gens ne font dans leur acte que les bons aspects et se gardent de leurs opposés, c’est une bonne innovation. Dans le cas contraire, ça ne l’est pas. Il m’a semblé bon d’extraire à ce sujet des hadith confirmés. C’est ce qui est confirmé dans les deux Sahih que le Prophète vint à Médine et y trouva les juifs jeûnant le jour de ^Achoura‘. Il les interrogea et ils répondirent : c’est le jour où Allah a fait périr Pharaon noyé et a sauvé Mouça. Nous le jeûnons pour remercier Allah ta^ala. Le Prophète a dit :

 

ce qui signifie : “Nous sommes prioritaires sur vous par rapport à Mouça. On tire de cela la permission d’accomplir un acte de remerciement envers Allah pour ce qu’Il a accordé par grâce en un jour précis, que ce soit un bienfait accordé ou un mal repoussé et la permission de l’accomplir de nouveau la même journée de chaque année. Le remerciement envers Allah s’effectue par différentes sortes d’adoration comme la prosternation, le jeûne, l’aumône, la récitation. Et quel plus grand bienfait que l’apparition de ce Prophète, le Prophète de la miséricorde en ce jour-là. Ainsi il convient de rechercher et de s’assurer de la journée elle-même pour que cela soit conforme à l’événement arrivé à Mouça au jour de ^Achoura‘. Celui qui ne s’assure pas de cela et n’y prête pas attention organisera le Mawlid n’importe quel jour du mois, ou même certains le généraliseront et le feront n’importe quel jour de l’année et cela comportera ce que cela comportera …

Voilà concernant l’origine de l’organisation de la fête et ce qu’on y fait. Il convient donc de se limiter à ce qui représente un remerciement de Allah ta^ala, de l’ordre de ce qui a été cité plus haut, à savoir la récitation, la présentation de nourriture et le chant de quelques chants élogieux rappelant le détachement des plaisirs du bas-monde et touchant les cœurs pour les inciter à faire le bien et à œuvrer pour l’au-delà” Fin de citation

As-Souyoutiyy a dit : Et l’Imam le Hafidh Abou l-Fadl ‘Ahmad Ibnou Hajar a extrait [au Mawlid] une origine à partir de la Sounnah et je lui en ai extrait moi, une deuxième” Fin de citation

Je dis : le fait que le Salaf vertueux n’ont pas fait le Mawlid est vrai mais ce n’est pas une preuve de son interdiction. Il y aurait une preuve qu’il est interdit ou blâmable si Allah ta^ala l’interdisait dans Son Livre honoré ou si le Messager de Allah l’avait interdit dans sa Sounnah véridique. Or, il n’est interdit dans aucun des deux, puisqu’il ne comporte aucune contradiction avec le Livre de Allah, ni avec la Tradition du Messager de Allah, ni avec l’Unanimité des musulmans. Il se précise à partir de là que le Mawlid  – la commémoration de la naissance prophétique – est une bonne innovation. Il n’y a pas lieu de le renier. Plus encore il est digne d’être appelé une bonne sounnah.

La chose sur laquelle nous attirons votre attention, c’est qu’il y a des livres qui ont été écrits au sujet du Mawlid et qui comportent des mensonges clairs attribués calomnieusement à certains auteurs. Entre autres exemples, il y a un livre attribué à Ibnou Hajar et qui n’est pas de lui et un autre attribué à Ibnou l-Jawziyy et qui n’est pas de lui, il s’agit du livre dénommé Mawlidou l-^Arous. Il faut se garder de ces deux livres et de ce qui leur est semblable.

Nous demandons à Allah ta^ala de faire que cette occasion revienne à nous dans le bien et les bénédictions, de sorte que le bien se généralise, que le vrai prenne la victoire et que le faux soit dissipé.