dimanche décembre 22, 2024
  1. III.  Des exemples de Versets apparemment équivoques

    Dieu dit :

    إِلَيْهِ يَصْعَدُ الْكَلِمُ الطَّيِّبُ

    Une lecture littérale, dont raffolent les anthropomorphites, donnerait :

    « Vers Allâh montent les bonnes paroles. »

    Mais nous savons que Dieu existe sans lieu et sans direction, et qu’après avoir tout créé, Il ne change pas et n’a besoin de rien. Par conséquent, ce verset signifie :

    « Vers l’endroit du ciel honoré par Dieu, montent les bonnes paroles et les bonnes œuvres (des Croyants) pour y être inscrites. »

    (Qour’ân : sourate 35, Fâtir / 10)

    S’agissant de Jésus, fils de la Sainte Marie, Allâh dit:

    وَرَافِعُكَ إِلَيَّ

    Sa traduction littérale donne :

     « Je te fais élever vers Moi (‘llayya). »

    Le mot « ‘Ilayya », dans ce verset, fait référence à l’endroit honoré du deuxième ciel où Allâh a élevé Jésus pour le sauver des non-Croyants qui voulaient attenter à sa vie. En effet, ils ont cru l’avoir crucifié et tué alors que c’est le plus jeune de ses disciples, à qui Dieu avait donné la ressemblance avec Jésus, qui fut pris et crucifié à sa place.

    Par conséquent, la traduction appropriée du verset est :

     «Je te fais élever en un endroit honoré du (deuxième) ciel. »

    (Qour’ân : sourate 3, ‘Âlou ^Imrân / 55)

    Le Prophète Mouhammad , dans le récit de son ascension, nous apprend qu’il a vu le Prophète Jésus vivant corps et âme au deuxième ciel. C’est de cet endroit qu’effectivement Jésus descendra sur terre le moment voulu par Dieu. Il appliquera la charte de Mouhammad , qui est le sceau des Prophètes, se mariera, et après sa mort, il sera inhumé à Médine dans la place qui lui est réservée à côté du Prophète Mouhammad , son frère en ‘Islâm.

    Il y a aussi ce verset où Allâh dit :

    اللهُ نُورُ السَّمَوَاتِ وَالأَرْضِ

     « Allâhou noûrou s-Samawâti wal ‘ard. »

    Littéralement : « Allâh est Noûr des cieux et de la terre. »

    Le mot « Noûr » dans son sens apparent, de prime abord, signifie “lumière”. De ce point de vue, on dit d’un homme de savoir et de mérite éclatant qu’il est une lumière. Ce qui est un attribut élogieux, mais spécifique aux créatures.

    La lumière comme l’obscurité sont créées par Allâh. Or Allâh est sans comment, c’est-à-dire qu’il n’est aucunement concerné par les attributs de Ses créatures. Par conséquent la signification du verset, rapportée du compagnon ‘Ibnou ^ Abbâs[1] par l’Imam ‘Al-Bayhaqiy, est:

     « Allâh le Suprême est Celui qui guide les gens des cieux (les Anges) et de la terre (les humains et les djinns) vers la lumière de la Foi. »

    (Qour’ân : sourate 24, ‘An-Noûr / 35)

     La preuve irrévocable qui atteste que Dieu n’est nullement un corps dense (palpable) comme les cieux et la terre, ni un corps fin (non palpable) comme les ténèbres et la lumière, c’est sa Parole suivante :

    الْحَمْدُ للهِ الَّذِي خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضَ وَجَعَلَ الظُّلُمَاتِ وَالنُّورَ

    Ce qui signifie :

    « Louange à Dieu qui a créé les cieux et la terre, et qui a créé les ténèbres et la lumière. »

    (Qour’ân : sourate 6, ‘AI-‘An^âm / 1)

    En effet, comment est-ce possible que le Créateur de tout, y compris la lumière, soit semblable à Ses créatures ? Cela est impossible.

    Il en est de même de sa Parole suivante :

    اللهُ يَسْتَهْزِىءُ بِهِمْ

     « ‘Al-Lâhou yastahzi’ou bihim. »

    Le verbe « ‘Istihzâ» veut dire se moquer, mais s’agissant de Dieu, il signifie qu’il châtie.

    La traduction littérale qui donne que « Dieu se moque d’eux » est blasphématoire. Car cela fait ressembler Dieu avec sa créature, ce qui est impossible.

    Par conséquent, le verset signifie :

     « Allâh les châtiera pour leur moquerie. Il leur fera subir l’humiliation qui est la juste rétribution de leur ironie et de leur attitude méprisante. »

    (Qour’ân : sourate 2, ‘Al-Baqarah / 15)

    Un autre exemple de verset apparemment équivoque est le suivant :

    الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى

     « Ar-Rahmânou ^alal- ^archi stawâ »

    Là encore, obéissant à leur penchant qui est de toujours assimiler Allâh le Créateur à sa créature, les anthropomorphistes traduisent ce verset comme suit :

     « Le Miséricordieux s’est assis (‘Istawâ) sur le Trône. »

    Cependant, le mot « ‘Istawâ » cité dans ce verset a plus de dix sens dans la langue arabe, dont redresser (un objet qui a été tordu), s’asseoir, s’établir, dominer et préserver. Cela étant, les Savants du «Khalaf», partant du principe que Dieu n’a pas de ressemblance avec sa créature, n’ont pris en considération, pour l’interprétation du verset, que le sens qui convient à Dieu. Ainsi, pour eux ce verset signifie :

    « Le Miséricordieux domine le Trône. »

    (Qour’ân : sourate 20, Tâha / 5)

    En effet, du point de vue volume et masse, le Trône est la plus grande création de Dieu ; il constitue le toit du Paradis qui se trouve au-delà du septième ciel, et c’est par la Puissance de Dieu qu’il est maintenu dans cette position élevée. Ainsi donc, si le Trône est dominé par Dieu, toute autre chose est, à plus forte raison, également sous la domination de Dieu.

    Il y a cet autre verset où Allâh dit :

    وَهُوَ مَعَكُمْ أَيْنَ مَا كُنتُمْ

     « Wahouwa ma^akoum ‘aynamâ kounntoum. »

    Littéralement : « Il (Dieu) est avec vous où que vous soyez. »

    Mais la préposition «Ma^akoum» (avec vous) se rapporte à l’Omniscience de Dieu le Suprême et non à une quelconque omniprésence spatiale.

    Par conséquent, la traduction appropriée du verset est :

     « Il (Dieu) est avec vous, par son Omniscience, où que vous soyez. »

    (Qour’ân : sourate 57, ‘Al-Hadiyd / 4)

    Autrement dit : « Où que nous soyons, Allâh sait tout ce que nous faisons, disons et même ce que nous pensons sans que rien ne Lui échappe. »

    La préposition «Ma^akoum» peut également se rapporter à la protection de Dieu, à Son aide, à Son secours, à Son soutien, etc. C’est le cas dans la Sourate An-Nahl (les Abeilles) où Allâh dit :

    إِنَّ اللهَ مَعَ الَّذِينَ اتَّقَواْ

     « ‘InNal_Lâha ma^aI_ladhiyna_t-Taqaw. »

    Une traduction littérale de ce verset, qui est évidemment une fausse croyance, donne :

     « Allâh est réellement omniprésent (par son Etre) avec ceux qui Le craignent. »

    Mais ici la proposition «Ma^a», c’est-à-dire ‘avec’, se rapporte au Soutien et à la Protection de Dieu. Il ne s’agit nullement d’incarnation ou d’un quelconque contact physique. En effet, tout rapprochement ou éloignement en termes de distance ne concerne que les corps, et non Dieu le Créateur des corps.

    Allâh n’est ni à l’intérieur ni à l’extérieur de l’Univers. Il existe de toute éternité avant l’Univers et, après l’avoir créé, Il ne change pas ; car le changement est une imperfection.

    Ainsi le verset signifie :

     «Allâh accorde Son soutien et Sa protection aux pieux. »

    (Qour’ân : sourate 16, ‘An-Nahl / 128)

     Remarque

    En règle générale, les anthropomorphistes excluent toute interprétation des versets traitant des Attributs de Dieu. Mais paradoxalement, c’est avec un sans-gêne déconcertant qu’ils se sont départis de leur principe en interprétant les versets 4 de la sourate 57, ‘Al-Hadiyd et 128 de la sourate 16, ‘An-Nahl. Pourquoi cet intérêt subit pour l’interprétation ? C’est parce que la lecture littérale de ces versets, qui donne que Dieu est partout avec tout le monde, est en contradiction avec leur croyance selon laquelle Allâh est assis sur le Trône.

    Tandis que pour le mot ‘Istawâ du verset 5 de la sourate 20, Tâha et d’autres, dont le sens apparent convient à leur déviance, ils refusent catégoriquement toute interprétation pour sa lecture littérale en disant : « Le Miséricordieux s’est assis (‘Istawâ) sur le Trône. » Cette incohérence en dit long sur la réalité de leur mode opératoire.

                                                                                                                                                                    —

    Il y a eu des anthropomorphistes parmi les communautés antérieures qui avaient poussé la déraison jusqu’à attribuer la fatigue à Dieu, en disant qu’après avoir créé les cieux et la terre, Il s’allongea sur le dos pour se reposer. De tels propos sont blasphématoires, car Allâh l’Omnipotent est exempt de toute imperfection. Or la fatigue dénote l’imperfection.

    Il faut se garder de toute représentation de Dieu qui ne peut qu’aboutir inévitablement à Le circonscrire, à Le matérialiser. Dieu est le Suprême, il n’est donc point imaginable ni représentable en taille, volume, quantité, poids, couleur, etc.

    [1] ‘Abdoul-Lâh ‘Ibnou ^Abbâs est l’Exégète du Qour’ân par excellence. En effet, le Prophète a invoqué Dieu en sa faveur en disant: « Ô Allâh ! Apprends lui la sagesse et l’interprétation du Livre (Qour’ân) ». Et nul doute que cette invocation fut exaucée.