vendredi juillet 26, 2024
  1. Les exceptions à la mécréance par la parole

    Font exception à la mécréance par la parole les choses suivantes :

    Le cas du lapsus : c’est-à-dire lorsqu’on dit une de ces paroles sans le vouloir : la parole sort de la bouche sans qu’on ait voulu la dire du tout.

    Le cas de celui qui n’a pas sa raison : c’est-à-dire l’absence de lucidité d’esprit.

    Le cas de la menace : si quelqu’un prononce la mécréance par la langue, contre son gré, en étant contraint sous menace de mort ou de quelque chose entraînant la mort, son cœur étant ancré dans la foi, il ne sort pas de l’Islam. Allah ta^ala dit :

    ]مَنْ كفر بالله من بعد إيمانه إلا من أُكرِهَ وقلبه مطمئنّ بالإيمان وَلَكِنْ مَنْ شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْراً فَعَلَيْهِمْ غَضَبٌ مِنَ اللهِ[ [1]

    (man kafara bil-Lahi min ba^di ‘imanihi ‘il-la man ‘oukriha wa qalbouhou moutma’innoun bil-‘imani wa lakin man charaha bil-koufri sadran fa^alayhim ghadaboun mina l-Lah) ce qui signifie : « Si quelqu’un commet de la mécréance après avoir été musulman, il subira le châtiment de Allah, sauf celui qui est contraint [sous menace d’exécution ou de subir ce qui entraîne la mort] et dont le cœur reste ancré dans la foi, mais s’il ouvre son cœur à la mécréance [, il subira le châtiment de Allah] ».

    Le cas de celui qui rapporte la mécréance d’autrui : celui qui rapporte la mécréance d’autrui ne devient pas mécréant s’il le fait sans s’en satisfaire et sans trouver cela bien. La preuve concernant l’exception du cas du discours rapporté est la parole de Allah ta^ala qui signifie : « et les juifs disent ^Ouzayr est le fils de Allah et les chrétiens disent le Messie est le fils de Allah » et « et les juifs disent : Dieu est avare ».

    Ensuite, l’expression du discours rapporté qui empêche celui qui rapporte une parole de mécréance de tomber dans la mécréance est placée soit au début de ce qu’il rapporte de celui qui a mécru, soit juste après la citation. Dans ce dernier cas, il est une condition d’avoir eu l’intention d’utiliser l’expression du discours rapporté avant de citer la parole de mécréance.

    Le cas de celui qui fait son propre effort d’interprétation (‘ijtihad) pour comprendre les Textes : Celui qui se livre à une interprétation ne devient pas mécréant sauf si son interprétation concerne les choses dont la preuve est catégorique­ment établie et qu’il s’est trompé, dans ce cas il n’est pas excusé. C’est le cas par exemple de l’interprétation de ceux qui ont dit que ce monde est exempt de début, comme l’a dit Ibn Taymiyah. Quant au cas de celui qui fait une mauvaise interprétation et ne sort pas de l’Islam, ce sont par exemple ceux qui se sont abstenus de payer la zakat à l’époque de Abou Bakr. Ceux-là pensaient que la zakat était un devoir du vivant du Messager car ses invocations étaient pour eux une miséricorde et un apaisement et que cela avait été interrompu avec sa mort. Les compagnons ne les ont pas jugés mécréants pour cela, car ces gens-là avaient compris de Sa parole ta^ala :

    ]خُذْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ صَدَقَةً تُطَهِّرُهُمْ وَتُزَكِّيهِمْ بِهَا وَصَلِّ عَلَيهِم إِنَّ صَلَوٰتَكَ سَكَنٌ لَهُمْ[  [2]

    (khoudh min ‘amwalihim sadaqatan toutahhirouhoum wa touzakkihim biha wa salli ^alayhim ‘inna salataka sakanoun lahoum) ce qui signifie : « Prends de leurs biens une aumône qui les purifie et les augmente en bénédic­tions ; et fais des invocations en leur faveur, certes tes invocations sont un apaisement pour eux », ils avaient compris de cela que ce qui est visé par Sa parole [خُذْ] était : « prends  ô Mouhammad, la zakat afin qu’elle soit, s’ils te la versent, une miséricorde et un apaisement pour eux » et que cela ne se produirait plus après son décès. Par conséquent, il n’était plus un devoir pour eux de la verser puisqu’il était mort et que c’est lui qui avait reçu l’ordre de la recevoir d’eux. Ils n’avaient pas compris que le jugement était général, s’appliquant de son vivant et après sa mort. Abou Bakr ne les a combattus, tout comme il a combattu les apostats qui avaient suivi Mouçaylimah le menteur dans sa prétention à la prophétie, que parce qu’il ne pouvait pas prendre d’eux la zakat par la contrainte sans combattre. Ils possédaient en effet une certaine puissance. Il fut alors dans la nécessité d’engager le combat. Il en est de même pour ceux qui ont interprété Sa parole ta^ala :

    [فَهَلْ أَنْتُمْ مُنْتَهُونَ] [3]

    (fahal ‘antoum mountahoun) qui signifie : « Allez-vous en finir ?! » par une offre de choix, que ce n’était pas une interdiction des boissons enivrantes et ils en burent. En effet, ^Oumar ne les jugea pas mécréants, mais il dit : « Donnez-leur quatre-vingts coups de fouet chacun, puis s’ils récidivent [4], exécutez-les » Fin de citation [rapporté par Ibn Abi Chaybah].

    Les compagnons ne déclarèrent mécréants que les autres, ceux qui apostasièrent parce qu’ils crurent en Mouçaylimah le menteur, celui qui prétendit être messager. Ainsi, leur combat contre ceux qui s’abstinrent de payer la zakat dans les circonstances mentionnées, fut mené pour prendre la part qui leur incombait de droit sur leurs biens. Ceci est comparable au combat contre les rebelles ; en effet, ils ne se battirent pas pour leur mécréance mais ils les combattirent pour les faire se soumettre à l’obéissance au Calife, comme ceux que notre maître ^Aliyy combattit dans les trois batailles : la bataille du chameau (Al-Jamal), celle de Siffin contre Mou^awiyah et celle de An-Nahrawan contre les khawarij, en précisant toutefois qu’il y avait une catégorie des khawarij qui étaient effectivement des mécréants ; ceux-là avaient donc un jugement particulier.

    Le Hafidh Abou Zour^ah Al-^Iraqiyy a dit dans les questions qu’il a traitées : « Notre Chaykh Al-Boulqiniyy a dit : Il convient de dire « sans interprétation » pour excepter les rebelles et les khawarij qui se sont rendus licite de faire couler le sang des gens de la vérité et de prendre leurs biens, tout en croyant que les gens de la vérité n’ont pas le droit de faire couler leur sang, et ceux qui nièrent l’obligation de la zakat qui leur incombait après le Messager de Allah r à cause d’une mauvaise interprétation ; les compagnons, que Allah les agrée, ne les jugèrent pas mécréants » Fin de citation. Ceci est une preuve de ce qui est rapporté dans l’école à propos de la question de l’interprétation (ta’wil) par effort de compréhension (ijtihad).

    Aussi, parmi les preuves rapportées concernant l’effort de compréhension par interprétation et citation de propos mécréants, il y a la parole de Chamsou d-Din Ar-Ramliyy dans son commentaire de Minhajou tTalibin, au début du chapitre de l’apostasie, commentant la parole de An-Nawawiyy : « L’apostasie est l’abjuration de l’Islam par une intention ou une parole de mécréance », il dit : « Il n’y a donc pas de conséquence en cas de lapsus ou de menace, en cas d’ijtihad et de citation d’une parole de mécréance ».

    Quant à la parole de l’auteur du texte qui se trouve en marge du commentaire Nourou d-Din ^Aliyy Ach-Chabramalliciyy, décédé en l’an mille quatre-vingt sept, lors la parole de Ar-Ramliyy : « et en cas d’ijtihad », parole que nous rapportons : « C’est-à-dire : pas de façon absolue, comme cela est clairement illustré par ce qui va venir, à savoir que ceux qui disent que le monde est sans commencement ou des choses similaires sont mécréants, bien qu’ils l’aient affirmé à partir d’un ‘ijtihad et par déduction ». L’autre auteur qui a commenté en marge l’ouvrage de Ar-Ramliyy, à savoir Ahmad Ibnou ^Abdi r-Razzaq connu sous le nom de Al-Maghribiyy Ar-Rachidiyy, décédé en l’an mille quatre-vingt seize dit : « Sa parole : « en cas d’ijtihad » c’est-à-dire concer­nant ce dont la preuve catégorique du contraire n’a pas été établie. La preuve en est la mécréance de ceux qui dirent que le monde est sans commencement par exemple, bien que cela vienne d’un ‘ijtihad de leur part » Fin de citation.

    Partant de là, on sait que ce n’est pas toute interprétation qui sauve son auteur de la mécréance. Par conséquent, que celui qui recherche la science de la religion, garde en mémoire la parole de Ar-Rachidiyy précédemment citée : « concernant ce dont une preuve catégorique du contraire n’a pas été établie » –c’est-à-dire qu’il garde cette parole présente dans son cœur car elle est importante– parce que l’interprétation en présence de la preuve catégorique du contraire ne sauve pas son auteur de la mécréance.

    Notre parole au sujet des khawarij, que certains sont exceptés parmi ceux qui n’ont pas été déclarés mécréants, est due à la confirmation de ce qui entraîne le jugement de mécréance à l’égard de certains autres parmi eux, comme cela est appuyé par la parole de certains compagnons ayant rapporté les hadith concer­nant les khawarij.

    Quant à ce qui est attribué à notre maître ^Aliyy, qu’il aurait dit : (Nos frères se sont rebellés contre nous), il n’y a pas en cela de preuve pour les juger musulmans dans leur totalité. En effet, cette parole n’a pas été confirmée par chaîne de transmission jusqu’à ^Aliyy, d’une part. D’autre part, le Hafidh et Moujtahid Ibnou Jarir AtTabariyy les a jugés catégoriquement mécréants. D’autres que lui aussi donnèrent le même jugement. Cette divergence dans les avis est imputable aux différents cas des khawarij. Certains d’entre eux sont allés jusqu’à la mécréance tandis que d’autres n’y sont pas tombés.

    Cette question est appelée par certains le ijtihad alors que d’autres l’ont désignée par le terme ta’wil. Parmi ceux qui l’ont appelé ta’wil, il y a le Hafidh et Faqih chaféite, Sirajou d-Din Al-Boulqiniyy que l’auteur du Qamous avait appelé : « Le savant émérite du monde ». Certains auteurs du commentaire de Minhajou tTalibin l’ont appelée (ijtihad). Il est toutefois indispensable que les deux expressions soient utilisées en ayant bien à l’esprit une restriction notable.

    Partant de là, que personne ne s’imagine que toute interprétation sauve son auteur de la mécréance et que personne ne pense que cela est absolu, car la généralisation dans ce domaine revient à se départir de la religion et en sortir.

    Ne vois-tu pas en effet que nombre de ceux qui se réclament de l’Islam en versant dans la philosophie sont sortis de la religion en croyant que le monde est sans commencement, à partir d’un ijtihad de leur part ; malgré cela, les musulmans ont été unanimes à les juger mécréants, comme cela a été cité par le Mouhaddith et Faqih Badrou d-Din AzZarkachiyy dans son commentaire de Jam^ou l-Jawami^. Il a cité les deux groupes, l’un disant que le monde est sans commencement par sa matière et sa composition et l’autre disant que le monde est sans commencement par sa matière, c’est-à-dire par son genre seulement. Il dit à leur sujet : « Les musulmans s’accordent à les juger égarés et mécréants ». Il en est de même pour les mourjiites –mourji’ah– qui disent qu’aucun péché n’est nuisible en ayant la foi tout comme aucune bonne action n’est profitable en étant mécréant. Ils dirent cela à partir de leur ijtihad et par leur interprétation de certains textes. Ils ne furent pas été excusés. De même, d’autres groupes s’égarèrent, bien qu’ils se réclamassent de l’Islam. Leur égarement eut lieu par un ijtihad par interprétation. Nous demandons à Allah qu’Il nous maintienne dans la vérité.

    Règle : La parole qui a deux sens, l’un rentrant dans une catégorie de mécréance et l’autre n’y rentrant pas, et dont le sens de mécréance est apparent mais non explicite, celui qui la prononce n’est pas jugé mécréant tant qu’on ne sait pas lequel des deux sens il a visé. S’il dit : (j’ai visé le sens qui est de la mécréance), il est jugé mécréant et on lui applique les jugements relatifs à l’apostasie ; sinon, il n’est pas jugé mécréant.

    De même, si la parole a plusieurs significations qui relèvent toutes de la mécréance mais possède une seule signification ne présentant pas de mécréance, son auteur n’est pas jugé mécréant sauf si on sait de sa part qu’il a visé le sens relevant de la mécréance. C’est en effet ce qu’ont cité plusieurs savants hanéfites dans leurs livres. Cependant, tant qu’il pense catégoriquement qu’aucune mécréance n’est venue de lui, mais le contraire lui vient à l’esprit, ce n’est pas un devoir pour lui de dire les deux témoignages. Ce n’est pas devoir de renouveler le contrat de mariage à cause d’un simple doute, néanmoins c’est recommandé.

    Quant à ce que disent certains individus (que s’il y avait au sujet du mot quatre-vingt dix-neuf avis en faveur du jugement de mécréance et un seul avis contre le jugement de mécréance, on choisirait de juger non mécréant), ceci n’a pas de sens. De plus, il n’est pas valable d’attribuer cela à Malik ni à Abou Hanifah, à l’instar de Sayyid Sabiq qui a attribué une citation semblable à Malik. Ceci s’est répandu chez certains contempo­rains, qu’ils craignent donc Allah.

    Les savants ont dit : Quant à ce qui est explicitement de la mécréance (sarih) c’est-à-dire ce qui n’a qu’un seul sens impliquant un jugement de mécréance,  celui qui le prononce est jugé mécréant, par exemple si quelqu’un dit (c’est moi Allah) ; même si cette parole provient d’un saint (waliyy) dans l’état où il n’a pas sa raison et s’il n’était pas responsable à ce moment-là, on le réprimande. Ceci a été cité par ^Izzou d-Din Ibn ^Abdi s-Salam. La mesure discipli­naire a un effet sur celui qui n’a pas sa raison tout comme elle a un effet sur celui qui est éveillé et dont la raison fonctionne, tout comme elle a un effet sur les animaux. Ainsi, si les animaux sont frappés quand ils sont récalcitrants, ils cessent de l’être même s’ils ne sont pas dotés de raison. De même, le saint qui prononce une parole de mécréance lorsqu’il perd sa lucidité, il cesse, du fait de l’instinct de conservation quand il est frappé ou qu’on élève la voix sur lui. Ceci dit, le saint ne commet aucune mécréance lorsqu’il a sa raison, sauf s’il fait un lapsus ou perd sa lucidité puisqu’il en est protégé. Toutefois, il est possible qu’un saint commette un grand ou petit péché. Néanmoins,  il ne persiste pas dans les péchés et il se repent peu de temps après. Il se peut même qu’un grand péché soit commis par un saint peu avant de rendre l’âme mais il ne meurt qu’après s’en être repenti. Ainsi, Talhah Ibn ^Oubaydi l-Lah et AzZoubayr Ibn al-^Awwam, que Allah les agrée tous deux, se repentirent. En effet, ils se rebellèrent contre l’Émir des croyants ^Aliyy, que Allah l’agrée, en s’engageant dans les rangs de ceux qui le combattirent à Bassora (Al-Basrah). Notre maître ^Aliyy rappela alors à chacun d’eux un hadith. À AzZoubayr il dit : Le Messager de Allah ne t’a-t-il pas dit :

    (( إِنّك لتقاتلنّ عليّا وأنت ظالم له ))

    (‘Innaka latouqatilanna ^Aliyyan wa ‘anta dhalimoun lah) ce qui signifie : « Certes tu combattras ^Aliyy et tu seras injuste envers lui ! ». Il dit alors : « j’avais oublié ». Il repartit donc en abandonnant le combat contre lui. C’est alors qu’un homme de l’armée de ^Aliyy le rattrapa sur le chemin et le tua. Ainsi, il se repentit grâce au rappel de ^Aliyy. Il ne mourut donc qu’après son repentir. Quant à Talhah, ^Aliyy lui avait dit : « Le Messager de Allah ne t’a-t-il pas dit :

    (( مَن كُنْتُ مولاه فَعَلِيٌّ مولاه ))

    (man kountou mawlahou fa^Aliyyoun mawlah) ce qui signifie : « Celui qui prend mon parti, qu’il prenne le parti de ^Aliyy ». Il repartit  alors mais Marwan Ibn Al-Hakam l’atteignit d’une flèche et il en mourut. Talhah aussi s’était repenti et avait regretté lorsque ^Aliyy lui avait rappelé ce hadith. Ainsi, aucun des deux ne mourut avant de s’être repenti. Les deux hadith sont sahih et le deuxième est même moutawatir – information transmise par un grand groupe de gens à un autre depuis les compagnons du Prophète. Il constitue une preuve irréfutable –. De plus, l’Imam Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy a mentionné que Talhah et AzZoubayr sont absous, du fait de la bonne nouvelle que leur avait annoncée le Messager de Allah à eux ainsi que huit autres lors d’une même occasion. Ceci est donc, de la part de Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy, une confirmation qu’ils commirent tous deux un péché. Il dit la même chose au sujet de ^A’ichah du fait de la bonne nouvelle qui lui avait été apportée aussi. Elle avait d’ailleurs immensément regretté de s’être engagée dans les rangs de ceux qui combattaient ^Aliyy. Lorsqu’elle se rappelait de son voyage vers Bassora et d’avoir rejoint les rangs de ceux qui combattaient ^Aliyy, elle pleurait jusqu’à en tremper son khimar –voile– de larmes. Ceci est aussi moutawatir. Il dit aussi au sujet de ceux avaient combattu ^Aliyy dans la bataille du Chameau (Al-Jamal) à part Talhah, AzZoubayr, et ceux qui avaient combattu avec Mou^awiyah contre ^Aliyy dans la bataille de Siffin : « Il est possible que leur acte soit pardonné », tout comme cela a été rapporté par l’Imam Abou Bakr Ibn Fourak d’après Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy dans son livre Moujarradou Maqalati l-‘Ach^ariyy. Ibn Fourak est l’élève de l’élève de Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy à savoir Abou l-Haçan Al-Bahiliyy que Allah les agrée. Quant à ce que pensent certains ignorants, à savoir que le saint ne tombe pas dans le péché, ceci dénote une terrible ignorance. Talhah, AzZoubayr et ^A’ichah tous trois font partie des grands saints.

    L’Imam des deux Haram Al-Jouwayniyy a dit : « Les savants des fondements de la religion sont unanimes à dire que celui qui prononce une parole d’apostasie –c’est-à-dire de mécréance– et prétend qu’il a fait une tawriyah [5], celui-là est jugé mécréant sur les apparences et sur le fond », et il était en accord avec eux sur ce point. Ceci signifie qu’une interprétation trop éloignée de sa parole ne lui sera pas utile, comme celui qui dit : (yal^an raçoula l-Lah) ce qui signifie : (que soit maudit l’envoyé de Allah) en ajoutant : (par envoyé de Allah, je voulais dire la foudre).

    De plus, beaucoup de savants, tels le Faqih hanéfite Badr Ar-Rachid qui vécut à l’approche du huitième siècle de l’Hégire, ont énuméré de nombreux exemples. Il convient d’en prendre connaissance car celui qui ne connaît pas le mal risque d’autant plus d’y tomber. Alors, qu’on prenne garde. Il a été confirmé à propos d’un compagnon qu’il saisit sa langue et s’adressa ensuite à elle en disant : « Ô langue, dis du bien tu y gagneras et garde-toi de dire du mal, tu seras sauvée, avant de le regretter. Certes, j’ai entendu le Messager de Allah r dire :

    (( أَكْثَرُ خَطَايَا ابْنِ آدَمَ مِنْ لِسَانِهِ ))

    [rapporté par AtTabaraniyy avec une chaîne de transmission sûre du hadith de ^Abdou l-Lah Ibn Mas^oud] (‘aktharou khataya bni ‘Adama min liçanih) ce qui signifie : « La plupart des péchés du fils de Adam provient de sa langue ». Parmi ces péchés, il y a la mécréance et les grands péchés.

    Dans un autre hadith du Messager r il y a :

    )) إِنَّ الْعَبْدَ لَيَتَكَلَّمُ بِالْكَلِمَةِ مَا يَتَبَيَّنُ فِيهَا يَهْوِي بِهَا في النَّارِ أَبْعَدَ ِممَّا بَيْنَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ (( 

    [rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim du hadith de Abou Hourayrah] (‘inna l-^abda layatakallamou bi l-kalimati ma yatabayyanou fiha yahwi biha fi n-nari ‘ab^ada mimma bayna l-machriqi wa l-maghrib) ce qui signifie : « Certes, il arrive que l’esclave prononce une parole dont il n’a pas réalisé la portée, mais à cause de laquelle il chutera en enfer plus loin encore que ce qui sépare le levant du couchant ».

    [1] [souratou n-Nahl / 106]

    [2] [souratou l-Hajj / 40]

    [3] [souratou l-Ma‘idah / 91]

    [4] à renier l’interdiction.

    [5] C’est–à-dire qu’il a visé un sens très éloigné du sens de sa parole qui vient communément à l’esprit.