jeudi décembre 26, 2024

L’innovation (al-bid^ah)

(Al-bid^ah) dans la langue arabe, c’est ce qui a été innové sans équivalent antérieur. Selon la Loi de l’Islam, c’est ce qui a été innové sans avoir été mentionné ni dans le Qour’an ni dans le hadith.

Elle se classe en deux catégories, comme on le comprend du hadith de ^A‘ichah, que Allah l’agrée, qui a dit : « Le Messager de Allah r a dit :

(( مَنْ أَحْدَثَ فِي أَمْرِنَا هَذَا مَا لَيْسَ مِنْهُ فَهُوَ رَدٌّ ))

(man ‘ahdatha fi ‘amrina hadha ma layça minhou fahouwa radd) ce qui signifie : « Si quelqu’un innove dans notre religion quelque chose qui n’est pas conforme à notre religion, ce qu’il a innové est rejeté » [rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim[1].

La première sorte : la bonne innovation (sounnah haçanah), c’est la nouveauté qui est en accord avec le Qour’an et la Sounnah.

La deuxième sorte : la mauvaise innovation (sounnah sayyi’ah), c’est la nouveauté qui est en contradiction avec le Qour’an et la Sounnah.

Cette classification est comprise également du hadith de Jarir Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Bajaliyy, que Allah l’agrée, qui a dit : « Le Messager de Allah r a dit :

)) مَنْ سَنَّ فِى الإِسْلامِ سُنَّةً حَسَنَةً فَلَهُ أَجْرُهَا وَأَجْرُ مَنْ عَمِلَ بِهَا مِنْ غَيْرِ أَنْ ينْقُصَ مِنْ أُجُورِهِمْ شَىْءٌ، وَمَنْ سَنَّ فِى الإِسْلام سُنَّةً سَيِّئَةً كَانَ عَلَيْهِ وِزْرُهَا وَوِزْرُ مَنْ عَمِلَ بِهَا مِنْ بَعْدِهِ مِنْ غَيْرِ أَنْ ينْقصَ مِنْ أَوْزَارِهِمْ شَىْءٌ ((

[rapporté par Mouslim] (man sanna fi l-‘Islami sounnatan haçanatan falahou ‘ajrouha wa ‘ajrou man ^amila biha min ba^dihi min ghayri ‘an yanqousa min ‘oujourihim chay’oun wa man sanna fi l-‘Islami sounnatan sayyi’atan kana ^alayhi wizrouha wa wizrou man ^amila biha min ba^dihi min ghayri ‘an ‘yanqousa min ‘awzarihim chay’) ce qui signifie : « Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition (sounnah haçanah), il aura sa récompense et une récompense chaque fois que quelqu’un la pratiquera après lui sans qu’il soit diminué quoi que ce soit de leurs récompenses ; et celui qui instaure dans l’Islam une mauvaise tradition (sounnah sayyi’ah), il se chargera de son péché et d’un péché chaque fois que quelqu’un la pratiquera après lui sans qu’il ne soit diminué quoi que ce soit de leurs péchés ».

* Exemple de la première sorte d’innovation, la bonne innova­tion : la célébration de la naissance du Prophète r (al-mawlid). Le premier à l’avoir instaurée est le roi Al-Moudhaffar qui était roi de ‘Irbil au septième siècle de l’Hégire. Il y a aussi ponctuation des lettres du Qour’an, instaurée par le successeur glorieux des compagnons Yahya Ibnou Ya^mar qui faisait partie des gens de science et de piété. Les savants, mouhaddith ou autres, ont accepté la notation des points des lettres et l’ont approuvée. En effet, les écrits coraniques ne comportaient aucun point lorsque le Messager a dicté le Qour’an à ceux qui transcrivaient la révélation. De même, lorsque ^Outhman Ibnou ^Affan a écrit les cinq ou six exemplaires du Qour’an, ils ne comportaient aucun point. Depuis que les points des lettres ont été ajoutés, les musulmans sont sur cette innovation jusqu’à nos jours. Ira-t-on dire (que c’est une innovation d’égarement puisque le Messager ne l’a jamais fait) ? S’il en est ainsi, qu’ils renoncent eux-mêmes aux recueils du Qour’an (Moushaf) qui comportent cette ponctuation ou bien qu’ils effacent la ponctuation des Moushaf pour qu’ils en soient de nouveau dépourvus, comme ils l’étaient du temps de ^Outhman. Abou Bakr Ibnou Abi Dawoud, l’auteur des Sounan dans son livre Kitabou l-Masahif a dit : « Le premier à avoir mis des points sur les lettres des Moushaf est Yahya Ibnou Ya^mar ». Fin de citation. Yahya Ibnou Ya^mar fait partie des savants des successeurs des compagnons, il a rapporté des hadith de ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar et d’autres encore.

* Exemple de la deuxième sorte, la mauvaise innovation : les innovations dans la croyance telles que la bid^ah des mou^tazilah, des khawarij et d’autres parmi ceux qui ont dévié de l’état des compagnons, que Allah les agrée, concernant la croyance.

Il y a aussi l’écriture de :  (ص) (sad), ou (صلعم) (sal^am) après le nom du Prophète au lieu de : (صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ).

Les spécialistes de la science du hadith (mouhaddith) ont dit dans les livres de la terminologie du hadith (moustalah) que l’écriture de la lettre :

(ص)

(sad) seule est déconseillée [2] tout en sachant qu’ils ne l’ont pas jugée interdite, ils l’ont même pratiquée.

Par conséquent, ces pseudo-rigoristes, coupeurs de cheveux en quatre et sédicieux, sur quelle base osent-ils dire (que célébrer la naissance du Prophète serait une innovation interdite), (que l’invocation en faveur du Prophète (assalatou ^ala n-nabiyy) à haute voix juste après l’appel à la prière serait une innovation interdite), en prétextant que ni le Messager ni les compagnons ne l’ont jamais pratiquée ?!

Parmi ces mauvaises innovations, il y a aussi la déformation du nom الله (Allah) en ﺁە (Ah) ou ce qui est du même genre, comme le font grand nombre de ceux qui se réclament mensongèrement des voies soufies (tariqah). L’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, a dit : « Les nouveautés concernant les pratiques sont de deux sortes : l’une d’elle est l’innovation qui contredit le Livre, la Sounnah, l’Unanimité ou la parole des compagnons. Telle est l’innovation d’égarement. La deuxième est l’innovation d’un bien qui ne contredit pas le Livre, la Sounnah ou l’Unanimité et ceci est une nouveauté qui n’est pas blâmable » [rapporté par Al-Bayhaqiyy avec une forte chaîne de transmission dans son livre Manaqibou ch-Chafi^iyy].

[1] Dans la version de Mouslim : ((من عمِل عملًا ليس عليه أمرُنا فهو رَدّ)) (man ^amila ^amalan laysa ^alayhi ‘amrouna fahouwa radd) ce qui signifie : « Si quelqu’un fait un acte qui n’est pas en accord avec notre religion, cet acte est rejeté ».

[2] L’écriture de (صلعم) après le nom du Prophète r est pire.